Hier s'ouvrait officiellement la conférence de Copenhague sur les changements climatiques. Ces grandes conférences internationales sont souvent des lieux pour négocier des traités, mais encore plus pour effectuer des discussions et rapprochements avec d'autres pays. Certaines villes dans le monde, sièges d'organisations internationales, ont toutes leurs petits Copenhague à chaque jour. On peut entre autres penser aux principaux sièges de l'ONU (Organisation des Nations-Unies), au Parlement européen et aux grandes organisations internationales. Québec aurait pu accueillir le siège d'une de ces organisations: la FAO, c'est-à-dire la Food and Agriculture Organization des Nations-Unies.
En fait, l'histoire de Québec est intimement liée à celle de la naissance de la FAO. Il faut revenir en 1945. Non seulement la ville accueille-t-elle une première grande conférence en juin (Organisation internationale du travail), mais Québec est la ville hôte de la première grande conférence organisée sous l'égide de l'ONU en octobre 1945. Cette conférence, officiellement de l'Organisation des vivres et de l'agriculture, donnera naissance à la FAO, mais également à un projet ambitieux du maire de Québec, Lucien Borne.
Lucien Borne, un homme d'affaires, voyait grand pour Québec. Sans parler en détails de toutes ses réalisations (aqueducs, autobus, armoiries de la ville, etc.), il a essayé d'imaginer Québec comme une grande ville internationale au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Dans le cadre de ces conférences, il a donc retenu les services des architectes Adrien Dufresne et Édouard Fiset pour créer les plans d'un vaste "Palais des Nations-Unies" qui aurait été érigé sur les Plaines d'Abraham, entre l'Anse-aux-Foulons (près de l'actuelle Côte Gilmour) et le chemin Sainte-Foy (voir image).
Source: Montcalm, Saint-Sacrement, nature et architecture: complices dans la ville. Ville de Québec, 1988. Collection Les quartiers de Québec. Image trouvée grâce au blogue Ludovica que je vous invite à aller consulter qui offre plusieurs bons articles sur la région de Québec.
Borne espère donc que la visibilité des conférences permettra d'abord à Québec de devenir le siège même de l'ONU. Il est prêt à ce que la ville puisse offrir une place de choix au "palais", sur les Plaines. Mais après quelques mois, il semble clair que Québec n'aura aucune chance de rivaliser avec des candidatures de renoms et ce sera finalement New York qui accueillera le principal siège de l'ONU, une décision finale étant prise en ce sens par l'Organisation en décembre 1946. Bien entendu, les implications politiques de ce choix sont beaucoup plus complexes que la seule réputation de la ville, mais le résultat est le même.
Borne ne désespère pas et dès octobre 1945 propose donc que Québec accueille les bureaux de ce qui deviendra la FAO plutôt que le siège de l'ONU. Cette ébauche certes plus "réaliste" compte tenu de la situation géopolitique de Québec permet des espoirs encore plus tenaces au maire Borne et aux autres défenseurs du projet. Les espoirs de Québec, qui a vu naître la FAO, seront définitivement anéanties en 1949, après quatre ans de tractations, alors que Rome est choisie pour abriter l'organisation et son quartier-général (voir image).
Source: "À propos de la FAO", site Internet de la FAO, consulté le 8 décembre 2009.
COMPLÉMENT
Comme me le faisait remarquer une estimée collègue, la ville de Québec a également une place publique et une fontaine qui rendent hommage au 50e anniversaire de la fondation de cet organisme dans la Vieille capitale. Cette place est située à l'intersection des rues Saint-Pierre, Saint-Paul et Sault-au-Matelot dans le Vieux-Québec. En voici une photographie:
Sources
BLAIS, Christian, Gilles GALICHAN, Frédéric LEMIEUX et Jocelyn SAINT-PIERRE. Québec, quatre siècles d'une capitale. Québec, Les Publications du Québec, 2008. xi-692 pages.
LEBEL, Jean-Marie et Alain ROY. Québec, 1900-2000: le siècle d'une capitale. Québec, Éditions MultiMondes, 2000. 157 pages. Édition également disponible en ligne (aperçu partiel).
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