Tout d'abord, une très bonne et heureuse année 2010 à tous les visiteurs de ce carnet. La santé avant tout. Plusieurs annonces viendront dans les semaines à venir sur les développements entourant HISTOIRE ET SOCIÉTÉ et nous avons de beaux projets! Mais comme nous sommes en étape de préparation, vous devrez vous contenter de quelques capsules historiques entre temps.
En ouvrant le journal LE SOLEIL ce matin, nous avons été interpellés par un article sur la crise qui anime présentement l'une des institutions de santé les plus connues de Québec, l'Institut universitaire en santé mentale de Québec (anciennement l'hôpital Robert-Giffard). Nous avons donc voulu vous présenter brièvement l'histoire de cette institution.
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, à Québec, les gens atteints de maladie mentale, qui étaient parfois surnommés les "Originaux", ne bénéficiaient pas de soins ou de traitements pour leurs maladies. Enfermés dans les prisons, mais aussi à l'Hôpital général de Québec, ces malades ne recevaient pas de traitements spécifiques. Sans parler du fait que le seul traitement que l'Église considérait pour les pires cas (principalement des cas de schizophrénie), pendant de très nombreuses années, est l'exorcisme...
C'est le 15 septembre 1845, après un bon nombre d'études, d'enquêtes et surtout des dons en argent, que James Douglas, Charles-Jacques Frémont et Joseph Morrin, trois médecins de Québec, fondent le premier asile de Québec. Celui-ci prend racine sur les anciennes terres du seigneur Robert Giffard, à Beauport. De 23 lits en 1845, le centre passe à 275 lits, subventionnés par le gouvernement, en 1850. Le besoin est grand puisque cette nouvelle institution doit accueillir les patients de tout le nord et de tout l'est du Québec.
Source: Asile provisoire de Beauport - 1845, "Histoire de l'Institut", Site Internet de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec, consulté le 12 janvier 2010.
Renommé Quebec Lunatic Asylum en 1850, puis Asile des aliénés de Québec en 1865, l'asile jouit d'un statut particulier parmi les autres institutions de santé. La situation géographique aide beaucoup au traitement des patients alors que l'espace et le calme de la nature permet de voir de véritables progrès. Géré par des médecins propriétaires, le centre profite toutefois des subventions pour son fonctionnement, subventions établies en fonction du nombre de patients, donc du nombre de malades, qui fréquentent l'établissement. Le développement se fera de façon assez stable et continue jusqu'en 1883. À cette époque, le gouvernement tente de faire une gestion plus serrée et donc d'éviter les explosions de coûts ce qui provoque de vives protestations autant de la part des gestionnaires de Québec que des soeurs de Saint-Jean de Dieu à Montréal.
Source: Photo-montage sur l'asile d'aliénés de Québec, "À la découverte des archives de la famille Landry", Bibliothèque et archives nationales du Québec, consulté le 12 janvier 2010.
Ces négociations vont mener à différentes lois (1885), à une commission d'enquête (1887) mais surtout à l'octroi de la gestion de l'asile aux Soeurs de la charité (1893). C'est une nouvelle ère qui s'ouvre pour l'asile qui obtiendra ensuite son statut de paroisse (1896) puis de municipalité (1897) complètement autonome. Ce centre deviendra au tournant du XXe siècle la plus importante institution hospitalière de la région de Québec. On parle de presque 1400 patients dans les années 1910 et plus de 3000 dans les années 1930 (1) sans parler du personnel sur place qui compte une centaine de religieuses de la congrégation des Soeurs de la charité et des médecins et autres praticiens laïques qui s'ajoutent avec les années. En plus de tous les services "municipaux" autonomes (égouts, ferme, ateliers, police, mais aussi un sanatorium (1900), une clinique médicale (1926), et l'équivalent des écoles primaire (1928), et secondaire (1931)), l'hôpital civique de Québec y sera déménagé en 1915 pour le traitement des maladies épidémiques courantes.(2)
En 1912, le nom de l'asile est changé pour Asile Saint-Michel Archange puis sera encore changé en 1914 alors qu'on ne parlera plus d'asile, mais bien d'Hôpital Saint-Michel Archange. C'est un village autonome qui deviendra également un des principaux centres de formation médicale de tout le Québec avec un partenariat très serré avec la faculté de médecine de l'Université Laval (confirmé par contrat dès 1923) et une école d'infirmières (1924) présente sur le site même de l'hôpital-municipalité. Le bâtiment principal sera incendié en février 1939, mais tout le complexe permet un transfert des opérations et le maintient des services.
La fin du XXe siècle marque une autre forme d'évolution pour le centre. C'est dans les années 1960 que l'Hôpital voit sa clientèle "réduite" à la grande région de Québec avec l'apparition des ailes de médecine psychiatrique dans les hôpitaux régionaux. C'est en 1976 que l'hôpital devient le Centre hospitalier Robert-Giffard, puis en 2009, l'Institut universitaire en santé mentale de Québec. Ces dernières années, largement marquées par la désintitutionnalisation, ont certes changé le visage de cette institution, mais une tradition plus que centenaire est encore bien présente entre les murs de l'Institut.
Source: Site Internet agirensantementale.ca, consulté le 12 janvier 2010.
Sources
1- Marc VALLIÈRES, "Développement urbain et société à Québec", dans Histoire de Québec et de sa région, Québec, Presses de l'Université Laval, 2008, Tome 2, p. 1339.
2- Ibid., pp. 1338-1340.
Pour tout le texte, nous avons également consulté la section "Histoire" du site de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec, consulté le 12 janvier 2010.
C'est le 15 septembre 1845, après un bon nombre d'études, d'enquêtes et surtout des dons en argent, que James Douglas, Charles-Jacques Frémont et Joseph Morrin, trois médecins de Québec, fondent le premier asile de Québec. Celui-ci prend racine sur les anciennes terres du seigneur Robert Giffard, à Beauport. De 23 lits en 1845, le centre passe à 275 lits, subventionnés par le gouvernement, en 1850. Le besoin est grand puisque cette nouvelle institution doit accueillir les patients de tout le nord et de tout l'est du Québec.
Source: Asile provisoire de Beauport - 1845, "Histoire de l'Institut", Site Internet de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec, consulté le 12 janvier 2010.
Renommé Quebec Lunatic Asylum en 1850, puis Asile des aliénés de Québec en 1865, l'asile jouit d'un statut particulier parmi les autres institutions de santé. La situation géographique aide beaucoup au traitement des patients alors que l'espace et le calme de la nature permet de voir de véritables progrès. Géré par des médecins propriétaires, le centre profite toutefois des subventions pour son fonctionnement, subventions établies en fonction du nombre de patients, donc du nombre de malades, qui fréquentent l'établissement. Le développement se fera de façon assez stable et continue jusqu'en 1883. À cette époque, le gouvernement tente de faire une gestion plus serrée et donc d'éviter les explosions de coûts ce qui provoque de vives protestations autant de la part des gestionnaires de Québec que des soeurs de Saint-Jean de Dieu à Montréal.
Source: Photo-montage sur l'asile d'aliénés de Québec, "À la découverte des archives de la famille Landry", Bibliothèque et archives nationales du Québec, consulté le 12 janvier 2010.
Ces négociations vont mener à différentes lois (1885), à une commission d'enquête (1887) mais surtout à l'octroi de la gestion de l'asile aux Soeurs de la charité (1893). C'est une nouvelle ère qui s'ouvre pour l'asile qui obtiendra ensuite son statut de paroisse (1896) puis de municipalité (1897) complètement autonome. Ce centre deviendra au tournant du XXe siècle la plus importante institution hospitalière de la région de Québec. On parle de presque 1400 patients dans les années 1910 et plus de 3000 dans les années 1930 (1) sans parler du personnel sur place qui compte une centaine de religieuses de la congrégation des Soeurs de la charité et des médecins et autres praticiens laïques qui s'ajoutent avec les années. En plus de tous les services "municipaux" autonomes (égouts, ferme, ateliers, police, mais aussi un sanatorium (1900), une clinique médicale (1926), et l'équivalent des écoles primaire (1928), et secondaire (1931)), l'hôpital civique de Québec y sera déménagé en 1915 pour le traitement des maladies épidémiques courantes.(2)
En 1912, le nom de l'asile est changé pour Asile Saint-Michel Archange puis sera encore changé en 1914 alors qu'on ne parlera plus d'asile, mais bien d'Hôpital Saint-Michel Archange. C'est un village autonome qui deviendra également un des principaux centres de formation médicale de tout le Québec avec un partenariat très serré avec la faculté de médecine de l'Université Laval (confirmé par contrat dès 1923) et une école d'infirmières (1924) présente sur le site même de l'hôpital-municipalité. Le bâtiment principal sera incendié en février 1939, mais tout le complexe permet un transfert des opérations et le maintient des services.
La fin du XXe siècle marque une autre forme d'évolution pour le centre. C'est dans les années 1960 que l'Hôpital voit sa clientèle "réduite" à la grande région de Québec avec l'apparition des ailes de médecine psychiatrique dans les hôpitaux régionaux. C'est en 1976 que l'hôpital devient le Centre hospitalier Robert-Giffard, puis en 2009, l'Institut universitaire en santé mentale de Québec. Ces dernières années, largement marquées par la désintitutionnalisation, ont certes changé le visage de cette institution, mais une tradition plus que centenaire est encore bien présente entre les murs de l'Institut.
Source: Site Internet agirensantementale.ca, consulté le 12 janvier 2010.
Sources
1- Marc VALLIÈRES, "Développement urbain et société à Québec", dans Histoire de Québec et de sa région, Québec, Presses de l'Université Laval, 2008, Tome 2, p. 1339.
2- Ibid., pp. 1338-1340.
Pour tout le texte, nous avons également consulté la section "Histoire" du site de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec, consulté le 12 janvier 2010.
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