lundi 19 avril 2010

L'organisation du service des incendies de Québec

Exception cette semaine: mise à jour le lundi. 

Aujourd'hui, lundi le 19 avril 2010, les pompiers de Québec se réunissaient pour parler réorganisation. En effet, comme le mentionne ici un article de Radio-Canada, les pompiers réagissent à la restructuration envisagée du service des incendies désiré par le maire de Québec, Régis Labeaume. Ce chapitre n'est que le plus récent d'une série d'accrochages dans les dernières années. Remontant plus loin que le conflit lui-même, nous avons essayé de comprendre la source de celui-ci, soit l'organisation de même du service des incendies de la ville de Québec, depuis ses origines.

Maison Joseph-Canac-Dit-Marquis : Ministère de la Culture, des 
Communications et de la Condition féminine, Pascale Llobat, 2006
Exemple d'un mur coupe-feu de maçonnerie dans la Basse-Ville de Québec. Source: Pascale Llobat, Maison Joseph-Canac-dit-Marquis (vers 2006), photographie, Ministère de la Cultures, des Communications et de la Condition féminine, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Nous avons bien parlé des incendies majeurs du XIXe siècle à Québec, mais tout ceci se déroule alors même que la ville essaye de mettre sur pied un véritable système de lutte aux incendies. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la ville commence à émettre des règles pour la prévention des feux. Par exemple, en Nouvelle-France (à partir du milieu des années 1660), ne pas nettoyer sa cheminée ou ne pas avoir d'échelle pour y avoir accès est passible d'amendes. On impose aussi des murs de maçonnerie plus haut que le toit des habitations aux constructions (murs coupe-feu) et on insiste pour que chaque habitant ait une chaudière prête à servir et intervienne rapidement (au son d'une cloche) dès qu'un incendie se déclare en ville. 

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Source: Pierre-Louis Morin (1811-1886), Quebec 1700, tiré de l'Histoire des Canadiens-Français de Benjamin Sulte, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Ces règles resteront les règles de base jusqu'au début du XIXe siècle qui voit un des premiers changements majeurs de la lutte aux incendies à Québec, c'est-à-dire l'achat d'une dizaine de pompes à eau par la ville, en 1808, qui sont installées à travers Québec et qui sont utilisées par des sapeurs volontaires (bref, tous les hommes en état qui répondent à l'appel des cloches et des pompiers en chemin). Cette façon de faire continue jusque dans les années 1830. Il y avait bien eu quelques pompes manuelles sous le régime britannique, mais ces pompes sont généralement la propriété de groupes privés qui cherchent à investir ensemble pour conserver leurs propres biens. Ces groupes sont importants puisque ce sont ceux-ci qui seront à l'origine des premiers corps "publics" de protection contre le feu à Québec.

Bédard, Elzéar
Source: Elzéar Bédard, Archives de la ville de Québec, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Au moment où la ville est officiellement organisée, en 1833, elle tient ses premières élections (cliquez ici pour un petit article à cet effet). Lors de la première réunion du conseil (dont on voit ci-haut une photo du maire, Elzéar Bédard),  le 7 juin 1833, on crée justement un Comité du feu. Étudiant les questions liées à ce problème, on est encore loin d'un service  organisé et professionnel d'incendie. On parle à cette époque de pompiers volontaires, organisés en petites compagnies semi-indépendantes. Le Comité fera notamment appel à la Société du feu, (issu des sociétés privées de protection des incendies des marchands de la fin du XVIIIe siècle) premier organisme public reconnu par la ville et reconnu comme tel en février 1832.

Aftermath of a
 fire, probably at Saint-Roch. (item 1)
Source: Aftermath of a fire, probably at Saint-Roch (1866), Bibliothèque et Archives Canada, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Comme le premier aqueduc municipal n'est mis en service qu'en 1854, on doit utiliser les moyens du bord pendant toute la première moitié du XIXe siècle pour combattre les feux. On utilise des sources à proximité des feux et la chaîne de chaudière est certainement un des moyens les plus efficaces pour combattre les incendies, en plus de charretiers qui peuvent être payés pour amener de l'eau près des feux qui sont éloignés des sources. Les hommes travaillent fort: on change de "combattants" toutes les 10 à 15 minutes, les volontaires sur place reçoivent entre 2 schillings (pompier) et 5 schillings (capitaine) pour chaque incendie.

Québec expose ses archives sur le Web 
Source: Archives de la ville de Québec, Pompiers sur un véhicule à incendie, vers 1925 (photographie), consultation en ligne via cyberpresse.ca, 19 avril 2010.

C'est en 1866 que la ville se dote finalement d'un service des incendies "professionnel", le Département de feu de la Cité, où des pompiers sont organisés en six casernes. Ce département verra à la mise sur pied d'un système de télégraphe d'alarme, inauguré en 1867. Ce service de pompier de plus en plus efficace doit tout de même composer avec un système d'aqueduc encore en développement (on peut dire que le service deviendra plus efficace en 1882 grâce à l'ouverture d'une seconde prise d'eau) des problèmes de pression d'eau (même si la ville a fait l'achat d'une pompe à vapeur très puissante dès  1873) et va encore quelques fois solliciter l'aide de l'armée et de la milice pour combattre les grands incendies de quartiers ou de village comme dans Saint-Sauveur en 1889. À la toute fin du XIXe siècle, on peut parler d'un service d'incendie permanent qui pourra se déployer et se développer avec la ville.

Petit rappel: la semaine prochaine, nous allons offrir un article pour le 250e anniversaire de la bataille de Sainte-Foy qui se déroulait le 28 avril 1760. En ligne le 27 avril 2010.

À lire pour plus de détails
GRENIER, Alain. Incendies et pompiers à Québec, 1640-2001. Québec, les éditions GID, 2005. 695 pages.

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