La population du Québec a appris le décès du ministre libéral Claude Béchard à l'âge de 41 ans. Loin de moi l'idée de tenter de faire une biographie de l'homme ou encore de résumé sa carrière. Vous n'avez qu'à ouvrir le téléviseur ou la radio pour cela. Depuis l'organisation plus «moderne» de notre système politique (l'assemblée législative au début des années 1790 ou la création du poste de maire de Québec au début des années 1830), assez peu d'hommes ou de femmes sont pourtant décédés en occupant de grandes fonctions. Certes, on pense à Maurice Duplessis, Paul Sauvé ou Daniel Johnson et plus récemment à André P. Boucher, mairesse de Québec. Mais un des premiers maires élus de la ville est également décédé en fonction, Thomas Pope.
Source: Livernois, «Thomas Pope» (vers 1860), photographie, Bibliothèque et archives nationales du Québec, P560,S2,D1,P1038. Consultation en ligne, 8 septembre 2010.
Né le 16 octobre 1825 à Prescott en Ontario d'une famille écossaise, Thomas Pope étudie pour devenir avocat. Il est admis aux études de droit dès 1849. Il va faire ses études en Écosse, mais revient à Québec où il agira notamment à titre de clerc chez le juge Duval. Il est élu pour la première fois comme conseiller du quartier Saint-Jean en 1858 et le restera jusqu'à son élection à la mairie. Véritable étoile filante, le jeune Pope, âgé de 35 ans, devient le 10e maire de Québec le 22 janvier 1861 (à ce sujet, le site Internet des archives de la ville de Québec le fait naître en 1835, ce qui lui 25 ans, probablement un peu jeune pour une carrière à la mairie).
Source: Ellison & Company, «Thomas Pope, maire de Québec», 1863, photographie, Bibliothèque et archives nationales du Québec, P137,S4,D10,P45. Consultation en ligne, 8 septembre 2010.
Il est élu à la mairie devant Abraham Joseph en proposant surtout un assainissement des finances publiques municipales. Cependant, il ne pourra pas vraiment mener ses réformes à terme. Ainsi, sa réalisation la plus visible encore aujourd'hui à Québec est certainement la série d'arbres qu'il a demandé de faire planter au coeur de la place d'armes, dans le Vieux-Québec. Il a aussi essayer d'améliorer le lien Québec-Lévis par des bateaux plus modernes en été et un pont de glace plus solide en hiver. Sa principale erreur aura été un contrecoup de ses volontés: en voulant ralentir les emprunts et garantir les remboursements de certaines dettes de la ville, il empêcha les travaux de modernisation de l'aqueduc de se poursuivre ce qui contribua aux ravages des incendies de 1861 et 1862 dans le faubourg Saint-Jean Baptiste.
Source: L.P. Vallée, «Quartier Vieux-Québec - Place d'Armes», vers 1880, photographie, Bibliothèque et archives nationales du Québec, P1000,S4,D60,P3. Consultation en ligne, 8 septembre 2010.
«Nous avons la douleur d'enrégistrer dans nos colonnes de ce jour la mort de notre regretté Maire, feu Thomas Pope, écuyer, avocat, arrivée, hier avant-hier après midi, à sa résidence sur le Cap, dans sa 37e année. [Petite note: Pope avait 37 ans lors de son décès, il devrait donc être dans sa 38e année de vie puisqu'on fête notre anniversaire à la fin de notre année de vie.]
M. Pope était un de ses jeunes hommes qui doivent à l'emploi persévérant et énergique de leurs facultés la position qu'ils se sont faites dans la société et leurs succès dans l'exercice de leurs professions. Comme avocat, il s'était fait un beau rang au barreau, et comme homme public, il était dans la voie de devenir une de nos célébrités. Loin de rien perdre de sa popularité durant le temps de sa mairie, la manière dont il s'acquitta de tous ses devoirs ne fit que le retremper, et sa réélection à l'unanimité des suffrages le prouve assez. Malheureusement sa carrière a été trop courte et sa mort laisse des regrets universels après lui; mais si la première est déplorable, la seconde reste un exemple sous les yeux de nos jeunes hommes pour leur montrer dans elle le prix de la persévérance dans les voies du travail et de la possession de ces heureuses qualités qui font apprécier un homme et le rendent chers aux yeux de ses concitoyens.
Ses obsèques ont eu lieu ce matin, et le concours qui entourait son tombeau atteste assez de l'estime qu'on lui portait.»
On dit que «[...]La foule des citoyens qui ont accompagné les restes mortels du regretté défunt était très considérable» (Le Canadien, 3 juillet 1863, p.2). La sépulture de Thomas Pope est toujours au cimetière Belmont de Québec (Sainte-Foy), où il a été enterré après le service qui fut lui célébré à la Cathédrale de Québec. Pope sera remplacé par Adolphe Guillet dit Tourangeau, élu par le conseil à l'été 1863 puis réélu lors des élections du 3 décembre 1863.
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