Cette semaine, le site du quotidien Le Soleil annonçait un «renouveau» des courses de chevaux à Québec. C'était en effet le retour des courses de chevaux à Québec après pratiquement une année complète sans course. Bien entendu, les courses de chevaux sont des événements qui étaient déjà présentés à l'époque coloniale. Tentons de trouver les quelques origines de ce sport (puisque entendons-nous, il y en a bien quelques unes).
En Nouvelle-France, on ne peut pas parler de course de cheval au sens sportif du terme. Il faut certainement attendre l'arrivée de chevaux dans la colonie, vers la fin des années 1660. Cependant, il existait bel et bien des courses, plus souvent informelles, qui mettaient en scène des cavaliers pour trouver quel cheval était le plus rapide. On raconte que ce sont ces courses informelles qui ont forcé les autorités de la ville de Québec à imposer des amendes pour les chevaux ou attelages qui ne respecteraient pas un certain code de la route, une certaine limite de vitesse. Voici d'ailleurs l'extrait d'un ordonnance de l'intendant François Bigot (aucun portrait n'existe) à ce sujet:
[...]Sur le compte qui nous a été rendu qu'au préjudice des différents règlements de police, les charretiers et autres personnes de cette ville, et même les habitants de la campagne qui y viennent, mènent leurs carioles (sic) avec une si grande vitesse qu'il arrive souvent que n'étant plus maîtres de leurs chevaux, ils renversent les carioles (sic) qui se trouvent dans leur chemin, ainsi que les gens de pied à qui ils ne donnent pas le temps de se ranger ; et étant nécessaire de remédier à de pareils accidents qui peuvent être fâcheux, comme on l'a déjà vu.
Nous faisons défenses à toutes personnes qui conduiront des carioles (sic), ou qui seront sur leurs chevaux, de les faire galoper ou trotter au grand trot dans les rues de cette ville ; leur ordonnons, lorsqu'ils trouveront des gens de pied dans leur chemin, de s'arrêter et même de se détourner, afin de leur donner le temps de se retirer ; le tout à peine contre les contrevenants de vingt livres d'amende, payable sans déport, applicable aux hôpitaux et de plus grande peine en cas de récidive.
Mandons aux officiers de police de tenir la main à l'exécution de la présente ordonnance, laquelle sera lue, publiée et affichée en la manière accoutumée, à ce que personne n'en prétende cause d'ignorance. [Transcription trouvée en ligne, 21 septembre 2010, Musée de la civilisation, Québec]
La première course de chevaux « sportive » se tient à Québec en 1767. Cette course est organisée par un dénommé Wilcox et se tient sur les plaines d'Abraham. Ce serait le capitaine Prescott, un officier de la garnison de Québec qui aurait remporté la bourse de 40 piastres en chevauchant la jument Modesty. Mais cela reste somme toute un événement isolé et on ne peut pas encore parler de courses organisées et régulières à Québec.
Source: «Quebec Turf Club», boîte de métal conservée au Morrin Centre, Québec. La boîte est identifiée du XXe siècle, mais comme le club se sépare en 1887, on peut croire que la boîte est du 19e. Elle était en la possession d'un des membres de la famille de brasseurs Boswell, de Québec. Consultation en ligne, 21 septembre 2010.
Les courses de chevaux, comme la plupart des sports sous le régime britannique, sont un important facteur de cohésion entre gens d'une même classe sociale. Ainsi, il n'est pas surprenant que la première association sportive de Québec, fondée en 1789, touche le sport hippique. En effet, le Quebec Turf Club représente bien l'attrait des courses de chevaux et de l'espace de socialisation représenté par les sports en général et le sport équestre en particulier.
Source: « Course de chevaux sur les plaines d'Abraham au 19e siècle », Royal Ontario Museum, consultation en ligne, 21 septembre 2010.
Ce n'est qu'au début du 19e siècle que les courses seront pourtant organisées de façon plus régulière. Les plaines d'Abraham sont toujours un lieu de prédilection. En effet, les Ursulines louent l'espace de l'actuel « terrain des sports » (c'est-à-dire la plaine devant le Musée national des Beaux-Arts) et c'est principalement à cet endroit que l'on trouvera un hippodrome. Jusqu'au début des années 1830, le Quebec Turf Club organise au moins une journée de course par année. La pratique demeure cependant discriminatoire: les Canadiens(-français) qui n'ont pas accès aux chevaux britanniques se contentent de courses moins prestigieuses et de bourses moins alléchantes, sans compter qu'ils semblent favoriser les courses attelées plutôt que montées que les Britanniques préfèrent.
En 1847, le Quebec Turf Club, soucieux de limiter l'accès au sport et désireux que les sports équestres demeurent la chasse-gardée d'une certaine élite, déménage son hippodrome à l'Ancienne-Lorette pour décourager les ouvriers de venir assister aux courses. Pendant la seconde moitié du 19e siècle, discriminations et diversifications vont entraîner la perte d'intérêt dans la pratique des courses de chevaux. Le Quebec Turf Club cesse d'opérer en 1887.
À lire
Donald GUAY. Histoire des courses de Chevaux au Québec. Montréal, VLB, 1985. 249 pages.
Le livre date peut-être un peu (il a 25 ans), mais reste une très bonne source sur ce sport, écrit par un des auteurs les plus éclairés sur l'histoire du sport au Québec.
Source: «Quebec Turf Club», boîte de métal conservée au Morrin Centre, Québec. La boîte est identifiée du XXe siècle, mais comme le club se sépare en 1887, on peut croire que la boîte est du 19e. Elle était en la possession d'un des membres de la famille de brasseurs Boswell, de Québec. Consultation en ligne, 21 septembre 2010.
Les courses de chevaux, comme la plupart des sports sous le régime britannique, sont un important facteur de cohésion entre gens d'une même classe sociale. Ainsi, il n'est pas surprenant que la première association sportive de Québec, fondée en 1789, touche le sport hippique. En effet, le Quebec Turf Club représente bien l'attrait des courses de chevaux et de l'espace de socialisation représenté par les sports en général et le sport équestre en particulier.
Source: « Course de chevaux sur les plaines d'Abraham au 19e siècle », Royal Ontario Museum, consultation en ligne, 21 septembre 2010.
Ce n'est qu'au début du 19e siècle que les courses seront pourtant organisées de façon plus régulière. Les plaines d'Abraham sont toujours un lieu de prédilection. En effet, les Ursulines louent l'espace de l'actuel « terrain des sports » (c'est-à-dire la plaine devant le Musée national des Beaux-Arts) et c'est principalement à cet endroit que l'on trouvera un hippodrome. Jusqu'au début des années 1830, le Quebec Turf Club organise au moins une journée de course par année. La pratique demeure cependant discriminatoire: les Canadiens(-français) qui n'ont pas accès aux chevaux britanniques se contentent de courses moins prestigieuses et de bourses moins alléchantes, sans compter qu'ils semblent favoriser les courses attelées plutôt que montées que les Britanniques préfèrent.
En 1847, le Quebec Turf Club, soucieux de limiter l'accès au sport et désireux que les sports équestres demeurent la chasse-gardée d'une certaine élite, déménage son hippodrome à l'Ancienne-Lorette pour décourager les ouvriers de venir assister aux courses. Pendant la seconde moitié du 19e siècle, discriminations et diversifications vont entraîner la perte d'intérêt dans la pratique des courses de chevaux. Le Quebec Turf Club cesse d'opérer en 1887.
À lire
Donald GUAY. Histoire des courses de Chevaux au Québec. Montréal, VLB, 1985. 249 pages.
Le livre date peut-être un peu (il a 25 ans), mais reste une très bonne source sur ce sport, écrit par un des auteurs les plus éclairés sur l'histoire du sport au Québec.
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