mardi 31 août 2010

ESSAI: Trucs utiles pour jeunes historiens (1) : les médias

Un premier vrai message dans la section ESSAI de Histoire et Société. 

Cette semaine au Québec, c'est le début des cours dans plusieurs universités. Bien des étudiants y arrivent pour la première fois, plusieurs continuent leurs programmes, d'autres débutent des études aux cycles supérieurs et tous devraient y apprendre des tonnes d'informations utiles, que ce soit dans leur propre champ d'étude, pour leur carrière ou même pour leur culture générale. Dans les programmes d'histoire, c'est la même chose. Cependant, peu de cours préparent la jeune historienne ou le jeune historien à la «vraie» profession d'historien, hors des salles de classe. Cette semaine, j'ai cru bon  préparer une petite liste, pour que l'historien qui cherche à vulgariser son information dans les médias puissent éviter certains pièges et sache bien dans quoi il s'embarque. Cette liste s'inspire de mes propres expériences.

1- Connaître nos limites
Vous recevez un appel. Des entrevues sur l'histoire du Pont Jacques-Cartier; sur l'histoire du Vieux-Hull; sur l'histoire de la Belgo de Shawinigan. Pouvez-vous vraiment répondre à la demande? N'hésitez pas à refuser des entrevues qui semblent un peu tirées par les cheveux par rapport à vos compétences et à vos recherches. Si vous ne le sentez pas, c'est probablement que cela n'en vaut pas la chandelle.

2- Connaître le média et la demande
À la télévision, les images parlent. Êtes-vous certain que le sujet peut être illustré? À la radio, ce sont les mots. Il faut entendre et comprendre: débit, force, vocabulaire. Les entrevues sont souvent plus longues. Attention: vous ne gagnez rien à lire vos réponses, même si vous devez vous donner le droit d'avoir des notes, des pistes de réponses avec vous. Rappelez-vous: ce n'est pas une conférence scientifique, mais une présentation aux médias et surtout à leurs auditeurs ou lecteurs. Si le public écoute, il est intéressé et vous devez donc alimenter cet intérêt. Le rythme est très rapide, l'intérêt doit être constant et gardé comme tel. Attention: cela ne dénature pas votre propos, c'est seulement la réalité des médias. À l'écrit, il faut être clair et précis; le bon mot au bon endroit. Et une question cruciale: est-ce que l'entrevue sera en direct ou pré-enregistrée. Le direct est sans filet, mais tout y passe. L'enregistrement est plus sécuritaire (on peut reprendre des phrases mal formulées par exemple), mais vous ne contrôlez pas le contenu final et parfois, cela peut créer certaines surprises sur le produit final (citations isolées, propos cruciaux coupés, etc.). Si possible, restez à la disposition du média pour confirmer le ton des propos accordés.

3- S'entendre sur les questions
On espère donner de la profondeur historique à un sujet d'actualité? Vous avez été approché? Vous acceptez l'entrevue? Autant que possible, ne vous jetez pas dans la gueule du lion sans préparation. Certes, vous connaissez le sujet, mais connaissez-vous l'interviewer? La chose la plus importante est certainement de s'entendre à l'avance sur le sujet précis et les questions de l'entrevue. Dans un monde parfait, parlez en détail au recherchiste (s'il y en a un) et idéalement à l'interviewer pour fixer vos balises; cela évite de sortir du sujet et vous permet de rester dans une zone ou vous êtes en plein contrôle de vos moyens et de votre sujet. Cela améliorera la qualité de l'entrevue. Faites comprendre que ça ne sert à rien de faire 23 détours hors du sujet: vous pouvez tomber dans le piège des réponses faciles ou même des erreurs historiques et historiographiques qui ne colleraient pas avec le sujet ou avec le ton des réponses que vous souhaitez donner. Un bon interviewer crée une chimie en quelques secondes; un bon interviewé répond aux questions de façon claire et soutenue.

4- Développer sa couleur!
On veut parler de l'histoire du Vieux-Québec? On peut aller voir Jean Provencher, Denis Vaugeois, Jacques Lacoursière, Réjean Lemoine, Jean-Marie Lebel... et les autres... Alors pourquoi vous? Parce que vous êtes blond, punk, arabe? Il vous faut une couleur spécifique. Des historiens académiques, il en sort des centaines des bancs universitaires du Québec chaque année. Parler aux médias «grand public» ne demande pas le même ton que de parler à vos pairs étudiants, chercheurs ou aux professeurs des facultés. Faire de la vulgarisation n'est pas la même chose. Votre recherche et votre préparation doivent être rigoureuses (après tout, c'est probablement pour cela qu'on vous approche!). Votre rendu doit être vivant, épicé, rythmé. Vous connaissez votre sujet par coeur? À vous de le faire vivre de façon unique. Il faut être différent et rigoureux (développez un ton de voix dynamique, trouvez la bonne petite anecdote, etc.)

5- Un cachet? Pourquoi pas!!
On demande votre avis professionnel? Faites-vous de la promotion pour votre employeur, pour la sortie d'un livre, pour un centre de recherche? Tant mieux pour vous et votre projet et bonne promotion! Une radio communautaire ou étudiante veut une expertise? Laissez parler votre coeur et participez si vous le désirez. D'un autre côté, un média privé vous commande une chronique spéciale ou régulière sur un sujet d'intérêt? Très bien, vous êtes un spécialiste. Mais vous travaillez et cela se rémunère. Des échanges de visibilité au minimum et un cachet en argent au mieux. Votre travail doit être reconnu. C'est un des principaux défis des historiens professionnels aujourd'hui. Vous avez eu une bonne formation universitaire, de l'expérience et votre expertise se paye. Cela peut être gênant et intimidant, mais il faut au moins le demander.

Ce message est évidemment ouvert à la discussion. Donnez vos exemples, posez vos questions et surtout commentez. Je ne crois pas faire ici le tour de la question, mais j'espère au moins avoir donner des idées et des pistes de réflexion pour éviter les pièges. Ce message sera peut-être mise en ligne dans quelques jours sur Histoire Engagée.ca où vous pourrez également le commenter. Bonne lecture!

mardi 24 août 2010

La bière à Québec (2): la brasserie de Joseph Knight Boswell (1843-1887)

Le premier «Festibière» de Québec s'est terminé sur une note positive avec plus de 65 000 visiteurs. Pour une première édition, on peut au moins parler de succès de foule. Ainsi, arrive un deuxième message sur l'histoire de la bière et des brasseurs à Québec en mettant de l'avant la famille brassicole la plus prospère de l'histoire de la Vieille Capitale, les Boswell. Pour le deuxième message de la série sur la bière à Québec, nous découvrirons la naissance et l'évolution de la brasserie Boswell de Québec à travers son fondateur, Joseph Knight Bowsell. 

 
Source: «Le premier conseil d'administration de la National Breweries Limited, élu en 1909», consultation en ligne, 24 août 2010. On peut remarquer Vesey Boswell, première ligne, quatrième à partir de la gauche et C.E.A. Boswell, deuxième ligne, premier à gauche, probablement vers 1909. Ils peuvent donner une idée du visage que leur père pouvait avoir.

Né en 1811 ou 1812 (1811 selon le site du cimetière Mount Hermon, 1812 selon l'épigraphe de la ville de Québec), J.K. Boswell est né à Dublin (Irlande). Apprenti dans une brasserie de Edimburgh (Écosse), il travaille à Québec dans les années 1830 à la Cape Diamond Brewery, alors propriétée de John Racey, qui possède de grandes terres à Beauport et d'au moins une autre brasserie à Québec, la Racey's Brewery (1828-1843). C'est cette brasserie qui sera vendue à J.K. Boswell en 1843. Racey étant un des grands producteurs de bière à Québec au début du 19e siècle, Boswell prend donc le relai de cette «nouvelle» industrie à Québec.

Source: «Quartier Saint-Jean Baptiste - Grande Allée est - Manège militaire - Exposition provinciale», Bibliothèque et archives nationales du Québec, cote P585,D5,P6, consultation en ligne, 24 août 2010. On voit en évidence sur la tonnelle une publicité de Boswell en 1894.

D'abord sur la rue Saint-Paul, Boswell s'installe à Québec pour la même raison que les nombreux autres brasseurs l'avaient fait avant lui au 19e siècle: l'eau. Comme c'est le principal ingrédient de la bière et le plus difficile à faire voyager, Québec est une ville brassicole très intéressante avec ses nombreuses et importantes rivières à proximité. Les brasseurs comme Boswell s'installent largement en basse-ville pour l'accès à l'eau, mais aussi pour avoir accès à un port pour recevoir certains des autres ingrédients et surtout pouvoir exporter leur production vers d'autres régions.


Source: Cliquez sur l'image pour les détails. Musée McCord, Livernois Limité, 1921, consultation en ligne, 24 août 2010.

En 1843, Boswell est donc non seulement brasseur, mais propriétaire. Il se met tout de suite à produire sa bière qui entre dans un marché féroce. En effet, la McCallum's Brewery est à cette époque au sommet du marché de Québec avec la St. Charles' Brewery (anciennement St. Roc's) et Boswell entend bien tirer son épingle du jeu. Il réussira rapidement à obtenir du succès. Tellement qu'il doit agrandir. Le 5 juin1852, il achètera une partie des terrains de l'ancien palais de l'Intendant, donc de l'ancienne brasserie de Jean Talon pour y transférer une partie de ses activités. Ainsi, il continue de brasser sur St-Paul, mais une partie de la fermentation et de l'embouteillage se déroulera sur St-Vallier.

Voûtes du palais de l'intendant
Source: porte de l'édifice toujours debout à l'Îlot des Palais, Québec, juillet 2010. Ce bâtiment fut construit par la famille Boswell dans la seconde moitié du XIXe siècle. auteur, Nicolas Roberge. Consultation en ligne, 24 août 2010.

Bien que Boswell commence d'énormes travaux dans les années 1860, montrant clairement l'expansion de sa production, les affaires vont ralentir, comme pour tous les brasseurs de Québec, dans les années 1870. McCallum fait faillite, Boswell doit donner une partie de ses possessions à des créditeurs de qui il louera ses propres installations. La production de Montréal prend définitivement le dessus sur celle de Québec qui, pour l'ensemble des brasseurs, passe de 750 000 gallons annuellement en 1871 à 112 000 gallons en 1880. La brasserie de Boswell est la seule qui traverse presque intacte cette crise économique avant la reprise de la révolution industrielle des années 1880 à Québec.

http://img72.imageshack.us/img72/6705/boswell2gb2.jpg
Source:  «Bière BOSWELL Ale», consultation en ligne, 24 août 2010. Force est d'admettre que ce logo vient beaucoup plus tard au 20e siècle. Ce n'est pas précisé sur le site Internet en question.

C'est en 1887 que Joseph Knight Boswell cède le contrôle de son entreprise à ses fils, Vesey en tête, qui créeront la Boswell & Brother. J.K. Boswell meurt à Québec en 1890, mais cela ne marque pas la fin de l'entreprise familiale. Les années qui suivent viendront confirmer la place importante que la brasserie a su reprendre sur le marché régional et provincial. Ce sera cependant, le sujet d'un autre message.

lundi 16 août 2010

La bière à Québec (1): la brasserie de Jean Talon

Cette semaine à Québec s'ouvrira la première édition du Festibière de Québec à l'Espace 400e.  Ce festival se tiendra du jeudi 19 au dimanche 22 août 2010. Ce premier festival de la bière dans la Vieille Capitale est une occasion de découvrir quelques brasseurs et brasseries d'ici et d'ailleurs, d'assister à quelques conférences sur la bière et même de découvrir l'histoire de la bière à Québec à travers un circuit historique. Voici un premier message à propos de l'histoire de la bière à Québec et surtout à propos de son origine: la brasserie de Jean Talon. Vous avez bien lu; d'autres messages sur l'histoire de la bière dans la ville de Québec sont à suivre.

Jean Talon
Source: Théophile Hamel, «Talon», Musée de la civilisation, Dépôt du séminaire de Québec, No. 1993-16425, consultation en ligne, 16 août 2010.

Bien peu de bière se brasse à Québec pendant près 200 ans. Jusqu'à la révolution américaine (1776) et à l'arrivée des Loyalists et même jusqu'au début du 19e siècle, Québec n'est pas reconnue pour ses brasseries «industrielles», on entend ici qui seraient capables de desservir une bonne partie de la population. Certes, quelques communautés religieuses ou individus brassent de petites quantités de bière ou font leurs alcools «maison» pendant tout le régime français, mais la production vient essentiellement de l'extérieur; bien que les quantités de bière dépassent probablement la consommation domestique, on ne parle pas de production à grande échelle. C'était sans compter sur le premier Intendant de la colonie, Jean Talon (ci-haut).

http://www.amisdejeantalon.fr/images/01brasserie.jpg
Source: «Plan de la brasserie en 1686», consultation en ligne, 16 août 2010. Cette image est probablement un détail d'une image disponible à Bibliothèque et Archives Canada sous la cote C 50292.

Premier officier de justice, mais également un des principaux responsables des cordons de la bourse de la colonie, Talon arrive à Québec avec des projets. En poste de 1665 à 1668 puis de 1670 à 1672, il essayera de mettre sur pied de petites ou grandes entreprises pour tenter de faire fonctionner l'économie locale pour et par ses habitants. Parmi ces projets, Talon désire implanter une grande brasserie (ci-haut) à Québec. Déjà en chantier en 1667, la brasserie commence à produire vers 1670. Sa production? Environ 4000 barriques de bière par année, soit environ 800 000 litres (donc une barrique équivaut environ à 200 litres de bière) pour une population (à Québec) d'environ 4000 âmes, femmes et enfants inclus. Talon destine la moitié de la production à Québec, l'autre aux Antilles (ce qui s'inscrit parfaitement dans le modèle du commerce triangulaire entre la France et ses colonies existant à l'époque).

A traditional brewery
Source: «A traditional brewery», auteur inconnu, consultation en ligne, 16 août 2010.

Bien que la bière soit d'assez bonne qualité (un maître-brasseur supervise l'opération) et que la colonie dispose de suffisamment de surplus agricoles pour alimenter la production, la bière produite n'est pas vraiment bon marché et ne peut réussir à bien concurrencer les autres produits d'Europe.  On réussit à vendre la barrique à environ 25 livres, ce qui est asses élevé. En plus, l'exportation aux Antilles ne fonctionne pas bien parce que les prix sont trop élevés comparativement à ce que d'autres puissances européennes arrivent à offrir. Talon réussit également, au nom de l'ordre public, à limiter l'importation de vins et spiritueux d'Europe (ce qui stimulerait la consommation de produits «locaux»), mais cette mesure du Conseil souverain ne connaît pas un grand succès. La bière demeure un produit consommer, mais qui ne tient pas le haut du pavé face au vin (chez les classes plus aisées) et aux autres spiritueux.
http://www.frontenac-ameriques.org/IMG/jpg/fresque_quebecois.jpg
Source: N. Prévost, «Louis de Buade sur la Fresque des Québécois, ville de Québec», photographie, consultation en ligne, 16 août 2010.
 
L'aventure de la brasserie de Jean Talon se termine en 1675 avec la nomination, au poste de gouverneur de la colonie du comte de Frontenac (ci-haut). En effet, Louis de Buade, comte de Frontenac est nommé à la tête de la colonie en 1672, année du départ de l'intendant Talon pour la France. Alors seul à gouverner la colonie (Talon est rappelé, l'évêque François de Laval est en France), Frontenac ne voit pas l'intérêt de cette brasserie et les avantages administratifs de la bière seront annulés.  La brasserie servira d'abord d'entrepôt de poudre (vers 1677) puis le magasin du Roy (début de la décennie 1680) avant qu'on décide d'y aménager le palais de l'Intendant (qui sera utilisé comme tel jusqu'à son incendie de 1713).

jeudi 12 août 2010

Une collaboration spéciale

À partir d'aujourd'hui, je vais officiellement collaborer à la partie «blogue» du site Internet Histoire Engagée.ca, un site lancé par quelques jeunes historiens désireux de parler d'histoire à travers l'actualité.

Il existe un site équivalent en anglais, Active History.ca, que je consultais déjà avec intérêt alors je suis très content de participer à Histoire Engagée.

Pour le moment, vous pourrez y lire mes articles publiés sur Histoire et Société, mais je risque d'y publier d'autres articles dans le futur (des entrevues? des conseils? qui sait?)

Alors bonne lecture.

mardi 10 août 2010

Le maire Lamontagne, 1965-1977

Aujourd'hui, le site de cyberpresse présentait un article parlant de deux géants construits par le Festival International de Musique Militaire de Québec (FIMMQ) qui seront présentés dans leur prochain défilé à Québec, le 28 août, lors de l'édition 2010 du festival présentée du 24 au 29 août. Les géants représentent d'une part le lieutenant-colonel Charles Forbes et d'autre part, le capitaine Gilles Lamontagne de l'Aviation Royale du Canada. Lieutenant-gouverneur, ministre de la Défense, des Postes et des Affaires des Anciens combattants, Gilles Lamontagne est mieux connu pour les plus vieux, comme un des maires récents de la Ville de Québec. Survolons donc les années de M. Lamontagne à la mairie. Le présent article ne cherchera pas à présenter les autres «carrières» du maire Lamontagne, mais mettra plutôt l'accent sur ses années passées à la mairie de Québec.


Source: «J.-Gilles Lamontagne, maire de Québec» (1971), Archives de la ville de Québec, consultation en ligne, 10 août 2010.

Né Joseph Gilles Lamontagne à Montréal le 17 avril 1919,  M. Lamontagne s'installe à Québec après la Deuxième Guerre mondiale en 1946. Il s'implique alors largement sur la scène commerciale de Québec (membre de la chambre de commerce, propriétaire de Korker Shop (1945-1966), copropriétaire de F&L Électrique, Président du Club Rotary en 1962-63). Et commence également sa carrière politique dans ces années. En 1962, Gilles Lamontagne aide à fonder le parti Progrès Civique de Québec et sera alors élu échevin du quartier Montcalm, poste qu'il occupe jusqu'en 1965.

File:Wilfrid Hamel.png
Source: «Wilfrid Hamel» (1940), Bibliothèque et archives nationales du Québec, consultation en ligne, 10 août 2010.

Il faut dire que l'administration Lamontagne arrive à la suite de l'administration fatiguée du maire Wilfrid Hamel (ci-haut) et du rapport de la commission Sylvestre sur la corruption et le copinage dans les administrations municipales (trafic d'influences et favoritisme). Lamontagne bénéficie donc des changements apportés par cette commission et profitera donc des nouveaux pouvoirs accordés aux maires et aux conseils exécutifs pour essayer de redonner de l'énergie à la Vieille Capitale qui est essoufflée.


Source: «Avant» (avant ou vers 1996?), Ville de Québec, consultation en ligne, 10 août 2010.

Lamontagne sera au coeur de grands projets pour Québec. Parmi les plus connus l'administration Lamontagne est la première à réellement s'intéresser à l'assainissement des berges de la rivière Saint-Charles (ils le font cependant en bétonnant une grand partie de la rivière, quelque chose qui a aujourd'hui été défait parce que la pollution était devenue encore pire qu'auparavant...), ils commenceront le prolongement et élargissement de la rue St-Cyrille (aujourd'hui boulevard René-Lévesque --- notons la réussite partielle ici parce que St-Cyrille réussissait à amener les banlieusards facilement vers Québec, mais était séparé par le «mur de la honte», un grand mur du béton qui coupait le boulevard en deux). 

 En 1974, on avait fait du centre-ville un gros centre commercial afin de concurrencer les centres commerciaux de la banlieue.
Source: , vue de l'entrée ouest du mail dans ces dernières années, Clément Allard, Le Devoir, consultation en ligne, 10 août 2010.

On peut aussi penser au mail Saint-Roch (l'opération de recouvrement de la rue Saint-Joseph; aujourd'hui démoli, ci-haut), l'autoroute Dufferin-Montmorency (début des travaux en 1972, qui passait d'ailleurs sur le quartier chinois, aujourd'hui largement démoli), Place Québec (d'abord Place St-Cyrille, annoncé en 1965, encore mal occupé). L'arrivée de Lamontagne et de son administration coïncide aussi avec le réaménagement de la colline parlementaire et du Vieux-Québec, deux projets largement provinciaux, mais qui se sont faits avec l'étroite collaboration de l'administration municipale (sans compter dans la région la construction du pont Pierre-Laporte et de plusieurs autoroutes sur la rive-nord). Le paysage de la ville de Québec a donc été radicalement changé pendant les 12 années de règne du maire Lamontagne. 

 http://www.quebecurbain.qc.ca/archives/jc100_0325b.jpg
Source: bretelles de l'autoroute Dufferin-Montmorency, vers 2006?, d'après un billet de Jean Cazes sur le blogue Québec Urbain, consultation en ligne, 10 août 2010.

La tâche de prendre la ville de Québec des années 1950 et ses nombreux problèmes de développement urbain de milieu de siècle pour l'amener à la modernité ne s'est donc pas fait sans heurts et les plus importants progrès ont parfois été réalisés se façon chaotique, à un point tel que ces réalisations sont déjà désuètes ou complètement détruites. On détruit plus de 2000 bâtiments à Québec entre 1960 et 1976 pour faciliter son accès à la modernité, mais on construit des blocs de bétons qui ne plaisent pas à tous les citoyens... La ville devient aussi le joueur central de la Communauté urbaine de Québec (que présidera le maire Lamontagne) et Québec incorporera les villes voisines de Les Saules, Duberger, Neufchâtel et Charlesbourg-Ouest. L'administration Lamontagne laissera une profonde marque dans le paysage urbain que l'on peut encore largement observé aujourd'hui.

Hospitalisé - Jean Pelletier est dans un état critique
Source: «Jean Pelletier s’est vu remettre la Médaille de la Ville de Québec par le maire Régis Labeaume, l’été dernier.», Les Archives du Journal de Québec, consultation en ligne, 10 août 2010.

Pendant ses trois dernières années à la mairie, Gilles Lamontagne occupa également le poste de président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ). En 1977, il se présente sous la bannière libérale lors de l'élection partielle dans Langelier et remporte son siège. Il laisse le Progrès civique et la Ville de Québec entre les mains de Jean Pelletier (ci-haut) qui restera en poste jusqu'en 1989. La ville a donc été dirigée par le Progrès civique pendant près d'un quart de siècle (1965-1989), très marquant dans l'histoire récente de la Vieille capitale.

mercredi 4 août 2010

Les nouvelles historiques de l'été 2010

Début août, il faut admettre que les vacances (pour ceux qui en ont) ont dû être bonnes. Mais pas de vacances à Histoire et Société! Alors quoi de mieux que d'attirer votre attention sur quelques nouvelles historiques de l'été dans la ville de Québec et deux suggestions de lecture.  Bref, une toute petite mise à jour cette semaine

*** Le 9 juillet, sur le site de cyberpresse, on nous parlait de fouilles archéologiques pour retrouver les fosses communes des suites de la bataille de 1759. Si la découverte s'avérait, selon l'état des corps, ce serait très intéressant...

*** Toujours sur cyberpresse, le 4 août 2010, Des fouilles archéologiques ont récemment eu lieu au boisé Saint-Félix près de Saint-Augustin-de-Desmaures et ont permis de retracer les traces de fréquentation du lieu qui remonte entre 5000 et 8000 ans dans le passé.

*** Le 18 août prochain se tiendra la 99e édition d'Expo-Québec. D'ailleurs, mon petit orteil me dit qu'un livre sur l'histoire de cette foire agricole et festival forain est en préparation, probablement pour la centième édition l'année prochaine?

*** Au Québec, le mois de juillet a été le plus chaud au moins des cinquante dernières années. Quand même!

Deux suggestions de lecture de l'été en histoire.

ADRIEN ARCAND, FUHRER CANADIEN | livres: JEAN-FRANCOIS NADEAU | ISBN: 9782895961000
Source: Librairie Pentoute, consultation en ligne, 4 août 2010.
*** Une intrigante biographie de Adrien Arcand qui porte le titre Adrien Arcand, le Führer canadien, est arrivée sur les tablettes à la fin du printemps. L'auteur, le journaliste Jean-François Nadeau, a fait un bon travail pour faire connaître ce personnage particulier. (paur aux éditions LUX)

Bacchus en Canada - CATHERINE FERLAND
Source: Renaud-Bray, consultation en ligne, 4 août 2010.
*** Mon livre préféré de l'année est certainement Bacchus en Canada de Catherine Ferland. Certes, je dois admettre que j'offre des visites sur la bière, la consommation de bière et même des dégustations de bière animée à travers mon travail depuis presque 10 ans maintenant et que j'en connais mon bout sur ce sujet, mais Bacchus en Canada est ce qui me manquait: mettre la viande autour de l'os de la consommation en Nouvelle-France. Les sources sont nombreuses, les informations aussi, mais le livre se lit très bien (éditions SEPTENTRION) --- En passant, lire ce livre donne le goût d'aller au 1er Festibière de Québec, du 19 au 22 août prochain!! Je suis certain qu'on pourra aussi en apprendre sur l'histoire là-bas...

Et n'oubliez pas, c'est le début des Fêtes de la Nouvelle-France aujourd'hui (4 août) et ça se continue jusqu'au dimanche 8 août. Difficile de passer à côté... Mais le mois d'août au complet est aussi le Mois de l'archéologie! Cette année, ce sont près de 50 lieux qui participent. Bonnes fouilles! L'été en histoire est loin d'être terminé!