samedi 29 octobre 2011

Dernière mise à jour avant...

Bonjour à toutes et à tous,

Force est de constater que notre rendez-vous annoncé du début du mois d'octobre a été manqué. Après mûre réflexion, il fallait nous rendre à l'évidence: depuis deux ans, les conditions de production de ce carnet ont bien changé. Après 2008 et ses nombreuses opportunités médiatiques, 2009 avait apporté son lot de réflexion et de remise en question sur la place de l'histoire sur la place publique et ce sont ces réflexions qui avaient mené à la création de Histoire et Société. Le carnet devenait pour moi un exutoire, une sorte de thérapie personnelle et de terrain de jeux professionnel. Mais en deux ans, les choses ont bien changé.

En plus de conserver un emploi à temps plein en interprétation du patrimoine, ma réflexion migre présentement vers une « nouvelle » plateforme. La radio est ce média qui me permet de poursuivre le travail débuté en 2009 sur Internet, mais aussi une sorte de « retour » aux sources, ayant été pendant 10 ans « presque » sans interruption sur les ondes de la radio universitaire de l'Université Laval à Québec. C'est un peu de cette façon que Histoire et Société évolue actuellement, soit à travers mes chroniques à l'émission hebdomadaire Ça me dit de prendre le temps sur les ondes de la Première chaîne radio de Radio-Canada, à Québec. Après deux chroniques, je peux dire que le contexte de production et l'exercice de valorisation du passé de Québec passe par les mêmes canaux pour moi. Et j'ai très hâte aux prochaines semaines...

En ajoutant à ces rôles celui d'étudiant à la maîtrise, le temps vient à manquer. C'est un autre moyen de pousser ma réflexion sur les possibles façons de parler d'histoire. Très stimulante, cette démarche me permet de prendre un temps précieux que les individus et les organisations ne prennent pas ou très peu, soit d'étudier et de comprendre les mécanismes qui guident leurs choix esthétiques et pratiques dans la communication du patrimoine. Mais c'est une avenue supplémentaire qui me force à faire des choix.

C'est pourquoi je mets temporairement sur la glace le projet Histoire et Société. Ce n'est pas la fin de ce carnet, loin de là. Mais je préfère être honnête: impossible d'assurer une mise à jour constante. Je préfère donc être clair et annoncer la fin, pour un temps, des mises à jour sur ce carnet. Je sais que je vais y revenir. Je sais que cela risque d'être plus tôt que tard. Quand? Excellente question. Entre temps, nombreux sont les carnets, plus touffus et mieux gérés, qui peuvent apporter leur contribution à une façon dynamique et accessible d'écrire l'histoire. J'espère, pendant ces deux dernières années, y avoir contribué un peu moi aussi.

J'ai déjà hâte de reprendre du temps pour revenir à ce projet, mais d'ici là, je lui souhaite un beau sommeil et j'espère que mes capsules passées pourront être maintes fois revisitées et servir à remplir la curiosité des internautes. N'hésitez pas à citer ce carnet (en citant la source précise, bien entendu!)...

À la prochaine,

Luc Nicole-Labrie

samedi 24 septembre 2011

De bonnes nouvelles!

Bonjour à toutes et à tous,

La prochaine mise à jour « historique » est toujours prévue pour le 8 octobre! Ça ne change pas.

Mais je peux aussi (enfin) confirmer une nouvelle:

À partir du 8 octobre 2011, je serai chroniqueur régulier sur les ondes de la Première chaîne radio de Radio-Canada à Québec dans le cadre de l'émission ÇA ME DIT DE PRENDRE LE TEMPS, tous les samedis de 7h à 10h AM. Quels jours j'y serai exactement? À quelle heure? Je ne le sais pas encore précisément, mais ma première présence à l'émission en tant que chroniqueur aura belle et bien lieue le samedi 8 octobre prochain! Je vous souhaite donc bonne écoute!

D'ici là, je vous invite à aller faire un tour, le vendredi 30 septembre prochain, au colloque « Autour de la pratique historienne : quels rôles pour l’historien dans la Cité? » organisé par la revue web Histoireengagee.ca. Le colloque se déroulera toute la journée au local 5172 du pavillon Charles-de-Koninck de l'Université Laval, à Québec! Vous trouverez l'affiche plus bas!

mardi 23 août 2011

Pause jusqu'au mois d'octobre 2011...

Force est d'admettre que l'année 2011 a été difficile pour garder les mises à jour constantes sur Histoire et Société. Et nous devons aussi admettre que les prochaines semaines ne seront pas plus aisées.

Je me trouve donc forcer à prendre une pause prolongée de mise à jour au moins jusqu'au début du mois d'octobre. Je peux aussi d'ores et déjà affirmer qu'il y aura une mise à jour pour le fin de semaine du 8 et 9 octobre 2011, ce qui coïncidera avec le deuxième anniversaire de mise en ligne de ce carnet!

C'est toutefois loin de signifier que je ne continuerai pas mes activités de diffusion. Dans les prochaines semaines, je commencerai en effet une collaboration régulière à la radio qui sera confirmée sur ce carnet et la participation à un colloque à la fin du mois de septembre.

Pour mener tous ces projets à terme, c'est donc à regret que je dois mettre Histoire et Société sur la glace pour encore un peu plus d'un mois. Mais tout ceci NE SIGNIFIE PAS LA FIN DU CARNET. Bien au contraire.

Bonne rentrée aux étudiants et bon automne à tous!

samedi 30 juillet 2011

La famille Caldwell à Lévis dans les premières années du XIXe siècle

Du 28 au 30 juillet 2011, la ville de Lévis a décidé d'organiser quelques spectacles à grand déploiement pour célébrer plusieurs dates importantes de son histoire. Le 375e anniversaire de la création de la seigneurie de Lauzon (voir à ce sujet la petite note en fin de texte que je vous invite à commenter), le 150e anniversaire de la fondation de la ville actuelle de Lévis et le 10e anniversaire de la fusion des villes de la rive-sud pour donner naissance à la nouvelle ville de Lévis. Dans ce contexte, nous publions ici une petite série de textes sur l'histoire de la ville de Lévis. Nous commençons cette semaine avec l'occupation industrielle des bords du fleuve Saint-Laurent.

Peinture : James Murray - NAC/ANC C-002834
Source: Auteur inconnu, « James Murray », vers 1770. Archives nationales du Canada, Numéro C-002834, consultation en ligne, 30 juillet 2011.

La période à laquelle nous nous intéressons ici débute immédiatement après la Conquête. En effet, le gouverneur James Murray (ci-haut) se porte acquéreur de la seigneurie de Lauzon en 1765 et en devient le neuvième seigneur. Ce n'est pourtant pas Murray lui-même qui occupera de façon marquée la seigneurie, mais son locataire et sa famille. En effet, en 1774, Murray loue la seigneurie (comme toutes ses anciennes possessions dans la Province of Quebec), par un bail de 99 ans, à Henry Caldwell. Officier de carrière attaché à l'état-major britannique lors du siège de Québec, Caldwell voit rapidement les opportunités en s'établissant près de Québec. Il deviendra un important propriétaire foncier autour de 1804 alors qu'il achète les terres qu'il louait depuis environ 30 ans. En 1810, Caldwell légua l'essentiel de ses propriétés à son fils John et une partie à on petit-fils Henry-John, alors âgé de 9 ans.

Déjà dans les premières années du XIXe siècle, la famille Caldwell avait senti la bonne affaire. Le blocus napoléonien aidant en empêchant l'approvisionnement en bois scandinave des îles britanniques, les Caldwell se mirent à développer leurs terres. Les mieux placées étaient certainement celles de la seigneurie de Lauzon où on trouvait déjà des moulins à grain et de nombreuses rivières, juste en face du plus important port sur le Saint-Laurent, le port de Québec. Nommé receveur général intérimaire en 1808, puis confirmé à ce poste en 1810, John Caldwell combinait des fonctions qui lui permettaient de bien juger des besoins et des opportunités de la colonie.



Jeton de passage sur le Lauzon, 1821
Source: « Jeton de passage sur le Lauzon ». Cette pièce se trouve dans la collection de Bibliothèque et Archives du Canada. Consultation en ligne, 30 juillet 2011. C'était avec ce genre de pièce qu'on embarquait sur le vapeur qui reliait Québec et la rive-sud.

Déviation de rivières, construction de moulins, mise en place du bateau à vapeur Lauzon en 1818, Caldwell profita largement de sa position et de ses terres. Mais il n'arriva jamais à vraiment bien gérer tous ces projets pour ne pas se mettre dans les frais. Caldwell profitait certes avantageusement de sa position, mais il en venait aussi à investir de l'argent colonial dans des projets sans fonds. Bien entendu, malgré ses compagnies très diversifiées et ses partenaires d'affaire nombreux, Caldwell ne put indéfiniment résister à la tempête qui sommeillait à la chambre d'assemblée quant aux larges dépenses du receveur général. Il a ainsi du quitter son poste en 1823 et les procédures pour lui faire rembourser de grandes sommes dues au gouvernement le forcèrent à faire faillite en 1836. Caldwell termina sa vie à Boston. Mort en 1842, le sort de sa seigneurie de Lauzon était toujours en suspens. En 1845, le gouvernement colonial se porta finalement acquéreur de la seigneurie.


Source: « Usines Carrier Laine & Station de Feu ». Consultation en ligne, la source précise n'est pas indiquée, 30 juillet 2011.

Caldwell est toutefois le témoins d'une importante époque de développement. Malgré certains succès de courte durée (le vapeur Lauzon et certains moulins à scie) et quelques échecs retentissants (création de la municipalité de d'Aubigny) il a permis de mettre les premiers jalons d'un foisonnement industriel intense. On n'a qu'à penser à la fonderie Carrier & Lainé près du débarcadère du traversier (1864-1908), des chantiers maritimes A.C. Davie (1825) et le terminus du Grand Tronc (1854) en sont probablement les témoins les plus connus.

Note au sujet du 375e anniversaire de Lévis: je vous suggère fortement d'aller lire l'article de Stéphanie Martin, « Lévis: petite controverse autour des dates », paru dans l'édition du 28 juillet du quotidien de Québec Le Soleil. Les points soulevés par David Gagné, conseiller en histoire à la ville de Lévis sont tout à fait pertinents. Comprenons ici deux objectifs diamétralement opposés: la volonté d'une ville de justifier sa pertinence temporelle à côté d'une autre ville qui tient un rôle historique, politique et économique plus important (Québec). Une date lointaine contribue à souligner son « historicité » et les dates « marquantes » sont plus simples pour générer un sentiment d'appartenance. La ville de Lévis tente de se réapproprier son passé et de faire en sorte de créer un sentiment d'appartenance alors que ses propres citoyens sont parfois plus attachés au passé de sa voisine. De l'autre côté, nous avons les considérations professionnelles des historiens. Même si un acte est une preuve écrite, il ne prouve pas la réalité historique pour autant. Le travail de d'interprétation de l'histoire, le rôle du médiateur entre la réalité du passé et sa communication contemporaine est ici crucial et aurait pu être effectué par l'organisation de l'événement tout en soutenant sa thèse de départ du 375e anniversaire. Hors, la journaliste cite Sylvie Girard, la commissaire des fêtes de Lévis, qui balaye les préoccupations de M. Gagné du revers de la main : « Vous savez ce que c'est, l'interprétation historique, il pourrait y en avoir autant que d'historiens ». Le paradoxe ainsi soulevé est tout à fait représentatif du conflit important auquel peut être soumis l'historien dans la cité.

samedi 23 juillet 2011

De bien bonnes intentions...

Une mise à jour du carnet était prévue aujourd'hui, mais ma fin de semaine s'est tout à fait remplie. Sans entrer dans les détails, disons qu'un de mes amis m'en doit désormais une... de même que sa petite fille de trois mois. Sans parler de rénovations ou encore d'aventures qui implique un nombre beaucoup trop important de pirates. Oui, les mêmes qui naviguaient sur la mer des Caraïbes il y a 300 ans... Vraiment...

Bref, pour des raisons bien hors de mon contrôle, je dois repousser la mise à jour de cette semaine. Ayant cependant commencer une recherche, il y aura probablement une mise à jour au cours de la semaine prochaine et une autre, comme prévu, la fin de semaine prochaine (soit le 31 juillet ou le 1er août prochain).

D'ici là, profitez de l'été et amusez-vous bien.

Bonne semaine!

lundi 18 juillet 2011

Pas de vraie mise à jour cette semaine...

Comme le chantait si bien un des personnages clés d'une émissions très populaire au Québec dans les années 1980: « L'été, l'été, l'été c'est fait pour jouer... »

Bien que ça ne soit pas entièrement vrai (si seulement j'avais pu jouer!!) je suis quand même forcer de prendre une pause de blogue cette semaine.

En attendant, je vous invite toujours à aller voir les différents blogues de qualité que je vous propose dans la colonne à la droite de votre écran.

On se revoit le 23 juillet! Juste à temps pour les vacances de la construction...

Bonne semaine

dimanche 10 juillet 2011

David Dubé et le meutre de Saint-Dunstan, 1899-1900

La dernière semaine a permis à une grande partie de la population du Québec (et d'ailleurs) de s'exprimer sur la qualité de notre système de justice, sur l'efficacité des jurys, sur la sévérité des peines dans le cadre du procès du cardiologue Guy Turcotte pour le meurtre de ses deux enfants. Les réseaux sociaux se sont déchaînés, les journalistes et les éditorialistes aussi. Loin de nous l'idée de nous prononcer sur cette cause ni même de tenter de dresser des parallèles entre la cause historique que nous allons aborder et la cause actuelle. Mais elle nous a tout de même rappelé un autre procès célèbre qui a fait couler beaucoup d'encre à Québec, le procès de David Dubé.

Source: Portrait de David Dubé publié dans le quotidien Le Soleil de Québec, 7 juillet 1900, page 1.

Dans les années 1890, Thomas Adam Mooney s'installe avec son épouse, Margaret Charters, à Saint-Dunstan (aujourd'hui, Lac-Beauport), en banlieue de Québec. Mooney est un travailleur qui doit souvent s'absenter de la maison. Il a notamment à se rendre près de Montréal, à partir de 1895, pour travailler à la construction de nouveaux chemins de fer. Il lui est impensable de laisser alors sa demeure aux seuls soins de son épouse et engage un jeune homme à tout faire qui effectuera de menus travaux sur la propriété. Cet homme s'appelle David Dubé, un adolescent habitant Saint-Dunstan qui n'est habile qu'à faire de menus travaux d'entretien.

Dubé vient donc aider le couple Mooney autour de leur habitation. Mooney quitte donc pour ne revenir que très rarement et Dubé s'occupe donc à entretenir la maisonnée au complet... ce qui inclut finalement la femme de Mooney lui-même. Dubé et Margaret Charters entretiennent donc une relation en l'absence de Mooney qui finit par revenir chez lui, au grand déplaisir du « nouveau » couple. Qui exactement planifie le coup? Dubé, réputé assez simple, aurait probablement été incapable de planifier seul la mise en scène du meurtre. Mais le procès démontre qu'il est toutefois au  cœur de l'action...

Le 26 octobre 1899, Mooney est victime d'une attaque brutale. Voici la description qu'en fait le journal Le Soleil dans son édition du 6 juillet 1900:
[...] Le cadavre gisait près d’un arbre, la figure partiellement couverte de sang coagulé. Les jambes étaient écartées, le bras droit couvrait la face tournée vers le firmament comme si la victime avait voulu s’en garer des coups que lui portait son meurtrier. Un examen des lieux démontra que l'infortuné Mooney avait été assassiné à environ 35 pieds de l'endroit où il avait été trouvé et qu'il avait été traîné là par Dubé, qui n'avait pas même pris la peine d'essuyer le sang sur l'herbe et la mousse. La victime avait dû être traînée par les jambes car son habit était relevé  et sa tête reposait dessus. Le meurtrier avait coupé un arbre et traîné le cadavre au côté pour laisser croire qu’il avait été tué par la chute de l’arbre. Mais les précautions prises en ce sens étaient trop vulgaires pour tromper l’œil de la justice; et elle n’a pas  un seul instant douter qu’elle était en présence d’un crime atroce. La nature même des blessures était telle qu’elle rendait insoutenable la théorie d’un accident. [...]

Dubé se retrouve rapidement seul accusé du meurtre de Mooney. Il aurait plusieurs fois mentionné à qui voulait bien l'entendre qu'il « s'occuperait » de Mooney si celui-ci revenait, ce qui lui donnait un motif clair. Mais Dubé, pendant son procès, reconnaît l'avoir agressé mais refuse catégoriquement (et il le fera jusqu'à son exécution) d'admettre qu'il a porté le coup fatal. David Dubé sera finalement condamné à la pendaison pour le meurtre prémédité de Mooney. Malgré les appels du public et les télégrammes de Simon-Napoléon Parent, maire de Québec, sa sentence n'est pas modifiée et sa pendaison est imminente.


Source: Philippe Gingras (vers 1895), « Quartier Montcalm - Plaines d'Abraham - Prison de Québec », Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote P585, D9, P10, consultation en ligne, 10 juillet 2011.

Dubé sera pendu dans la cour de la prison de Québec (ci-haut) le 6 juillet 1900 à l'âge de 19 ans. Comme les curieux avaient été très nombreux aux pendaisons précédentes, on placarde les côtés de l'échafaud pour empêcher le plus possible que le public hors du mur d'enceinte de la prison puisse apercevoir quoique ce soit. Son bourreau, John Radclive (ou Radcliff), pourtant réputé très professionnel, prépare mal la victime. Dubé agonisera pendant 11 minutes au dire des différents témoins. C'était la troisième pendaison à avoir lieu à la prison des plaines d'Abraham après celles des meurtriers Michael Farrell (1879) et Nathaniel Randolf Dubois (1890). Dubé est inhumé le 9 juillet 1900 à la demande de sa famille qui l'a accompagné durant les dernières heures de sa vie.