mardi 30 mars 2010

Les émeutes de la conscription à Québec, 28 mars au 1er avril 1918

Note: Avant de commencer mon message de cette semaine, je dois vous avouer quelque chose. J'ai eu l'opportunité de mieux me relire pour constater la qualité parfois douteuse de mon français écrit. J'en suis le seul responsable, mais c'est inacceptable. Je vais donc, dans les prochaines semaines, corriger l'entièreté du carnet, mais aussi changer ma façon d'écrire mes carnets pour assurer qu'au moment de chaque mise à jour, toujours les mardis, un message clair, concis et avec le moins de fautes possibles vous sera envoyé. Je sais, c'est un petit mea culpa qui peut venir un peu tard. Mais on continue d'apprendre, non? Alors bonne lecture et attendez un carnet encore mieux ficelé dans les prochaines semaines.

Nous avons vu passer, hier, un bref article sur le site Internet du journal Le Soleil intitulé « Modeste commémoration de l'émeute sanglante de 1918 ». La commémoration est utile pour se rappeler notre passé, encore faut-il que les gens soient au courant de quoi parle-t-on exactement. Nous croyons qu'une brève (en fait c'est un de nos plus long articles, courage!) mise en contexte historique est de mise pour permettre aux citoyens actuels de la ville de bien comprendre cet événement particulier qui se déroulait il y a 92 ans.

Fichier:Robert Borden & Winston Churchill 1912.jpg
Source: Le Premier ministre canadien Robert Borden (1854-1937) et Winston Churchill en 1912, Bibliothèque nationale de France, consultation en ligne, 30 mars 2010.

En 1918, la Canada au complet vit au rythme de la Première Guerre mondiale. Depuis 1914, mais surtout 1915, le gouvernement canadien veut montrer son support indéfectible à son « allié impérial » qu'est la Grande-Bretagne. Le Premier ministre Robert Laird Borden (ci-haut, à gauche), désireux de matérialiser cet appui, essayera de manoeuvrer tout au long de la guerre pour stimuler l'effort de guerre. En effet, bien que l'armée puisse compter sur un corps de 30 000 volontaires supplémentaires en 1914, les chiffres ne seront pas soutenus pour les années suivantes. 

Source: Col. Samuel Hughes, M.P. (Victoria-Haliburton, On.), 1905, photographe William James Topley, consultation en ligne, 30 mars 2010.

Pendant ce temps, on cherche à rendre l'armée canadienne plus organisée et efficace. Le ministre de la  Milice et de la  Défense, Sam Hughes, et les responsables de l'état-major, décident d'agir. D'un côté, on organise un camp près de Valcartier, dans la banlieue éloignée de Québec, mais de l'autre on force les recrues à évoluer dans un milieu entièrement anglophone, ne prenant pas nécessairement compte des différences régionales et linguistiques chez celles-ci. Hughes, un Orangiste (donc anti-catholique et ce sentiment au Canada s'est souvent accompagné, historiquement, d'une opposition à la langue française),  a certainement eu un rôle de premier plan à jouer dans tout cela.

Fichier:Square Victoria 24 mai 1917.jpg
Source: Square Victoria, 24 mai 1917, Bibliothèque et Archives Canada, consultation en ligne, 30 mars 2010.

Ainsi, les chiffres de recrutement au Québec n'ont jamais été à la hauteur des espérances des politiciens d'Ottawa. Avec une guerre qui s'étire, les besoins en hommes augmentent et Borden décide d'aller de l'avant avec un plan pour aller chercher des combattants dans la population à travers la conscription. Déposé en mai 1917, puis adoptée après un vote le 24 juillet de la même année, la conscription est une mesure qui reste largement impopulaire au Québec. Des manifestations éclateront dans les grandes villes du Québec (Montréal, ci-haut, et Québec, mais aussi Sherbrooke). Vu son impopularité apparente au Québec et pour se donner la justification politique nécessaire, Borden décide d'aller en élections en décembre 1917 pour consolider sa vision. Borden remporte l'élection (à laquelle participait les soldats sur le front et les femmes, incluant donc les infirmières de campagne), en ne remportant toutefois que trois sièges au Québec.

http://www.warmuseum.ca/cwm/exhibitions/guerre/photos/2800/em-0378d.jpg
Source: Soldat canadien à Londres qui vote aux élections de décembre 1917, Musée canadien de la guerre, consultation en ligne, 30 mars 2010.

Le 1er janvier 1918, l'appel à environ 400 000 hommes est lancé. Plusieurs éviteront la conscription à cause de nombreuses exemptions, mais Ottawa pousse quand même le recrutement, surtout au Québec qui avait largement voté contre le gouvernement de Borden. Une des façons utilisées pour repérer ceux qui désiraient éviter le service était de se fier au travail de spotters, des policiers du gouvernement fédéral, qui avaient pour tâche de chercher les hommes qui se cachaient pour éviter le service et de les forcer à se rendre aux bureaux de recrutement. 

Fichier:Henri-Edgar Lavigueur.png
Source: Henri-Edgard Lavigueur, vers 1910, consultation en ligne, 30 mars 2010.

À Québec, une ville d'embarquement, on perd le contrôle à la fin du mois de mars. Le jeune Joseph Mercier, 23 ans, est arrêté le 28 mars. Bien qu'ayant des papiers d'exemption (il ne les a pas sur lui), il est arrêté et est emmené au poste de police de la rue Saint-François (dans Saint-Roch). Finalement libéré grâce à son père qui vient porter les papiers, son histoire ameute rapidement une foule de quelques milliers de personnes qui veulent prendre les spotters à partie. Les deux hommes se sauvent, mais la police ne contient pas la foule. Le 29 mars, c'est probablement la manifestation la plus importante: plus de 15 000 personnes se réunissent à la Place d'Youville et sur la rue Saint-Jean, près de l'Auditorium, l'endroit où sont les dossiers de conscrits (cliquez ici pour une image de l'Auditorium, sur le site des Archives nationales du Québec). On met le feu au bâtiment et on empêche les pompiers de faire leur travail. Pendant ce temps et pratiquement à toutes les manifestations, le maire Henri-Edgar Lavigueur (ci-haut) tente de calmer les foules.

Le 30 mars 1918, on manifeste encore. Borden avait demandé à l'armée d'intervenir de façon plus musclée à ce moment. La manifestation s'installe surtout devant le Manège militaire, sur Grande-Allée. Mais c'est la cavalerie militaire qui charge les manifestants et les forcent à se replier, sans empêcher les manifestants de répliquer à coups de morceaux de glace et de pierres. Le 31 mars, à Pâques, on compte bien un rassemblement Place Jacques-Cartier, mais les choses se déroulent plus calmement. Le 1er avril 1918, l'armée patrouille les rues de la ville. Pourtant assurés du contraire la veille, les opposants à la conscription fulminent. En début de soirée, l'armée, essentiellement des soldats provenant de l'Ontario et de la Nouvelle-Écosse, confronte une foule de manifestants dans le quartier St-Roch. Premiers affrontements. L'armée disperse une partie des manifestants et repousse un autre groupe vers le quartier St-Sauveur. Ils y installent une mitrailleuse et demandent à la foule de se disperser. La foule n'obéit pas et l'armée ouvre le feu. Bilan: quatre morts (Honoré Bergeron (49 ans), Alexandre Bussières (25 ans), Édouard Tremblay (23 ans) et Georges Demeule (15 ans)) et plusieurs dizaines de blessés chez les civils, quelques blessés chez les militaires. On parle de cinq morts au total dans un article publié par La Presse (ci-bas).

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Source: consultation en ligne, 30 mars 2010.

La ville demande une enquête du coroner le 3 avril. Le 13 avril 1918, Georges-William Jolicoeur, responsable de l'enquête, rend les résultats publics. Les troubles sont dus aux spotters fédéraux qui ont agi sans jugement et ont provoqué la foule. Les quatre morts n'étaient pas des manifestants et ont donc été mêlés à une situation dans laquelle ils n'avaient pas partie prenante. Les soldats qui ont tiré n'auraient que suivi les ordres et sont donc exonérés. Les familles immédiates des victimes demanderont bien une réparation et une indemnisation, mais celle-ci ne viendra jamais... Aujourd'hui, il existe bien un monument dans la ville de Québec, dans le quartier Saint-Sauveur, aux angles des rues St-Joseph, St-Vallier et Bagot, un des endroits où la confrontation directe a été la plus violente (1er avril 1918). C'est un monument encore assez méconnu de la population du quartier et de la ville, symbole de ces tristes événements.

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Source: Monument Québec, printemps 1918, consultation en ligne, 30 mars 2010.

lundi 22 mars 2010

En route vers la bataille de Sainte-Foy (4): l'hiver des Amérindiens...

Voici le dernier message de la série En route vers la bataille de Sainte-Foy. Cette semaine, c'est l'hiver de différentes nations amérindiennes que nous voulions aborder. En tant qu'alliés des Français et/ou des Britanniques ou encore en tant que nations neutres, des dizaines de nations amérindiennes ont joué un rôle plus ou moins important dans le déroulement de la guerre de la Conquête. Nous cherchons donc à mettre en lumière l'hiver 1759-1760 pour certaines de ces nations., principalement celles alliées aux Français. Ceci ne constitue pas nécessairement une histoire valide pour l'ensemble des nations alliées. Nous utilisons également un ensemble de source écrite par des Européens et des descendants d'Européens en majorité. Cela peut donc teinter nos interprétations. Bref, ce petit article est à lire avec les contraintes de son écriture en tête.

Map of Fort 
Ticonderoga 1759
Source: Plan at the Fort of Tienroga at the Head of Lake Champlain, 1759 (extrait), consultation en ligne, 22 mars 2010.

Pour plusieurs Amérindiens vivant encore dans la région de la vallée du Saint-Laurent en 1759, Québec n'est que la troisième des défaites symboliques de la France. Il y avait eu, auparavant, les prises des forts Carillon et Niagara (juillet 1759) qui ont miné le moral de plusieurs nations alliées avant la prise de Québec, ces forts étant les portes d'entrées continentales de la vallée du Saint-Laurent. Si on ajoute à cela les pressions effectuées par Sir William Johnson, (ci-bas) un militaire qui tentait de rallier les Amérindiens à la cause britannique ou au moins à chercher leur neutralité, pour rallier les nations de la région des Grands Lacs, disons que la grande alliance des Français avec quelques dizaines de nations amérindiennes sur tout le continent nord-américain a du plomb dans l'aile.

 File:Sir William Johnson.png
Source: Sir William Johnson (tiré d'un portrait de la State Library, propriété de Sir John Johnson), dans Francis W. Halsey, The Old New York Frontier (copie sur wikipedia.org), consultation en ligne, 22 mars 2010.

Pour les Français, les alliés "naturels" de la région de Québec étaient certainement les Hurons de Lorette, mais on comptait aussi les nations "iroquoises" de la vallée du Saint-Laurent (comme ceux de Sault-Saint-Louis et de Saint-Régis), les Abénaquis de Odanak (Saint-François) et quelques dizaines d'autres nations des grands lacs, du nord de l'Ontario et des Prairies américaines. Présents aux côté des Français lors de la bataille des Plaines (près de 1800 Amérindiens sont présents pendant le siège de Québec), plusieurs vont regagner leurs villages respectifs à la fin du mois de septembre. Les Hurons, à Lorette près de Québec, vont envoyer plusieurs de leurs habitants près de Montréal y passer l'hiver.

Source: Wampum (appartenant au Musée de la civilisation de Québec), consultation en ligne, 22 mars 2010. Notez bien: le wampum était un collier de "perles" (fait en Amérique de coquillages) largement échangé entre les nations amérindiennes et leurs alliés, peu importe leur origine, pour sceller des contrats, forger des alliances et même pour raconter des histoires ou comme monnaie d'échange. Celui-ci n'est pas nécessairement spécifique aux alliances de la vallée du Saint-Laurent de l'époque de la guerre de la Conquête, mais représente bien un aspect très important de la culture de plusieurs nations amérindiennes impliquées dans les guerres coloniales.

Le plus dur coup porté aux Amérindiens dans le Saint-Laurent est certainement l'attaque des Rogers' rangers sur le village de Saint-François (Odanak) au début du mois d'octobre 1759. Cette attaque, les préparatifs et la fuite des rangers ont fait l'objet de nombreux livres, d'un film et d'une série télévisuelle et se mériteront, dans les prochaines semaines ou les prochains mois, un message à eux seuls (voir l'affiche du film ci-bas). Frappée en plein coeur de la vallée du Saint-Laurent, relativement loin des frontières, le massacre de Saint-François a clairement marqué l'imaginaire des Abénaquis de l'époque (et probablement d'aujourd'hui) qui a refroidi leurs ardeurs à combattre dans la guerre de la Conquête.


http://www.moviegoods.com/Assets/product_images/1020/456945.1020.A.jpg
Source: Northwest Passage (affiche du film de 1940), consultation en ligne, 22 mars 2010.

Près de Québec, quelques Amérindiens restent bien près de Lorette harceler tout l'hiver les Britanniques qui tentent d'aller couper du bois de chauffage. Bien que dans le discours, les alliances franco-indiennes sont intactes, les résultats ne sont pas aussi impressionnants qu'en 1759. On peut donc affirmer que par les victoires britanniques décisives de l'été 1759 et les prouesses diplomatiques de Sir William Johnson, les Britanniques ont réussi à marquer suffisamment l'esprit de plusieurs nations amérindiennes ou du moins de leur chef pour mettre des bâtons dans les roues de la grand alliance qui unissait les Amérindiens à leur père français, Ononthio (le nom donné parfois au gouverneur, mais surtout au roi de France).

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Source: Defeat of General Braddock, in the French and Indian War, in Virginia, in 1755, consultation en ligne, 22 mars 2010.

Ce sont environ 270 Amérindiens qui prendront part à l'expédition du chevalier François-Gaston de Lévis pour reprendre la ville de Québec, expédition en partance de Montréal. Ils formeront une avant-garde efficace, mais leur rôle dans la bataille comme telle sera bien secondaire... En fait, les Amérindiens pro-français auront leur propre conflit avec les Britanniques, conflit aussi marquant et qui suit cette guerre, le soulèvement du chef de guerre outaouais, Pontiac.


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Source: The Ottawa leader, Pontiac, consultation en ligne, 22 mars 2010.

Le prochain article de la série sera celui sur la bataille de Sainte-Foy qui sera mis en ligne le 27 avril 2009, veille du 250e anniversaire de la bataille de Sainte-Foy (28 avril 1760).

mardi 16 mars 2010

La Commission Cliche (1974-1975): les syndicats et la construction

Comme le monde de la construction, employés comme employeurs, vit un épisode turbulent, nous voulions en profiter pour rappeler un des épisodes les plus houleux de la construction au Québec, soit le contexte de l'ouverture de certains chantiers à la Baie James et la Commission Cliche.  Plusieurs commentateurs et journalistes font amplement référence à cet événement. Les plus vieux s'en souviennent bien, mais plusieurs ne sont pas au courant ou aimeraient bien avoir un petit rappel historique de ces faits. Comme ces événements se sont produits en 1974-1975, nous estimons qu'il faut aujourd'hui avoir plus de 40 ans pour avoir un souvenir de ces événements et nous croyons important de bien se rappeler ceux-ci.
http://www.ledevoir.com/images_galerie/d_36771_56324/la-commission-cliche.jpg
Source: Robert Cliche et Brian Mulroney, Le Devoir, dans Louis-Gilles Francoeur, "Les trésors de l'enquête", 24 octobre 2009. Consulté en ligne, 16 mars 2010.

Débutée en mai 1973, la phase I du projet de la Baie James s'entame rondement. C'est dans cette période que les représentants de la Fédération des Travailleurs du Québec (FTQ) sur le chantier et en particulier un certain Yvon Duhamel vont parvenir à négocier des conditions un peu plus avantageuses pour leurs membres. Cet homme, de même que d'autres représentants dont Maurice Dupuis, vont alors tenter de recruter la grande majorité des employés sur le chantier au détriment de la Confédération des Syndicats Nationaux (CSN). Ils parviendront à recruter plus de 60% de tous les ouvriers du chantier à travers le local 791, l'Union des opérateurs de machinerie lourde affilié à la FTQ.



Source: "Section locale 791", site Internet de la FTQ-Construction, consultation en ligne, 16 mars 2010.

Le 12 mars 1974, suite à une bagarre entre délégués syndicaux de la FTQ et de la CSN, un délégué de la FTQ, William St-Onge est expulsé du chantier. Comme la Société d'énergie de la Baie James (SEBJ), responsable du site, souhaite que les travaux se poursuivent rondement, ils exigent alors que le maraudage musclé cesse. Duhamel, furieux, profère alors des menaces de grèves générales au gestionnaire.

http://www.radio-canada.ca/regions/greg/imggreg/20080804Cliche-2.jpg
Source: Une petite idée de la destruction, tirée d'un reportage de Radio-Canada, consultation en ligne, 16 mars 2010.

21 Mars 1974. Le camp de la centrale LG-2 est saccagé. Duhamel prend sur lui de montrer aux patrons qui contrôle réellement le chantier. Il saccage un dortoir à l'aide d'un bulldozer, brise des citernes de carburant et des conduites d'eau. Un incendie majeur éclate. C'est le point culminant de la confrontation musclée entre la FTQ et la CSN pour le contrôle et l'adhésion du plus grand nombre de travailleurs sur les grands chantiers du Québec qui bat son plein depuis le début des années 1970 (incluant l'incident médiatisé lors de la construction du Stade olympique de Montréal). Le site sera fermé 55 jours et rouvrira le 8 mai 1974.

http://www.septentrion.qc.ca/icono/2007-10-402.jpg
 Source: Robert Bourassa, premier ministre du Québec, consultation en ligne, 16 mars 2010.

6 jours après le saccage, le gouvernement de Robert Bourassa met sur pied la Commission d'enquête sur l'exercice de la liberté syndicale dans l'industrie de la construction ou Commission Cliche du nom de son principal commissaire (27 mars 1974). Robert Cliche, juge en chef adjoint de la cour provinciale, l'avocat Brian Mulroney et le vice-président de la Centrale de l'enseignement du Québec (CEQ), Guy Chevrette (à partir du 3 mai 1974) seront les commissaires. Après presque 300 témoignages pendant près de 70 jours d'audiences, la Commission produit un rapport qui est déposé en mai 1975, concluant que les actions du 21 mars 1974 ne sont pas des gestes spontanés, mais des actions concertées pour montrer qui dirigeait réellement le chantier.

http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/wp-content/uploads/2009/10/commission.JPG
Source: Brian Mulroney, Robert Cliche et Guy Chevrette, photographe Michel Gravel, La Presse, consultation en ligne, 16 mars 2010.

Résultats de la commission
On recommande une mise sous tutelle des syndicats pour trois ans qui ne sera finalement levée qu'en 1981. On interdit à une personne qui possède un casier judiciaire d'occuper un poste de direction dans un syndicat et on impose une présomption de culpabilité aux syndicats pendant les ralentissements de travail sur les chantiers et les grèves. Finalement, le président de la FTQ, Louis Laberge (ci-bas) est vertement critiqué pour avoir ignoré les actes criminels commis sous son nez. L'industrie de la construction devra alors changer certaines "habitudes", certaines pratiques et tout le monde devra s'y adapter. La SEBJ évalue les dégâts à 31M$. Le 23 août 1974, Duhamel plaidera coupable à diverses accusations dont celle d'avoir démarré l'incendie de la Baie-James. Il sera condamné à 10 ans de prison.


Source: Henri Rémillard, Louis Laberge, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), écoutant un des orateurs lors d'un colloque tenu par la FTQ (1979), Office du film du Québec, Référence: Archives nationales du Québec, à Montréal Fonds E6, S7, cote: p790426. Consultation en ligne, 16 mars 2010.
Voici quelques documents d'archives pour vous rappeler cette époque et ces événements:

André "Dédé" Desjardins, ancien vice-président de la FTQ, répond aux questions de Pierre Nadeau, le 1er avril 1975.
Source: André « Dédé » Desjardins et la commission Cliche. Les Archives de Radio-Canada. Société Radio-Canada. Dernière mise à jour : 23 octobre 2009.[Page consultée le 16 mars 2010.]

Le juge Robert Cliche, le vice-président de la Centrale de l'nseignement du Québec (CEQ), Guy Chevrette, l'avocat Brian Mulroney (représentant de la partie patronale) et l'animateur Pierre Nadeau parlent des différents enjeux et progrès de la commission, le 3 décembre 1974.
Source: Commission Cliche : des syndicats et des crimes. Les Archives de Radio-Canada. Société Radio-Canada. Dernière mise à jour : 22 octobre 2009. [Page consultée le 16 mars 2010.] 

En prime:
Voici  un documentaire de Radio-Canada de l'émission "Tout le monde en parlait" du 5 août 2008 qui traite justement de ce climat.

mardi 9 mars 2010

En route vers la bataille de Sainte-Foy (3): l'hiver des Canadiens

D'abord les Britanniques. Puis les Français. Nous en sommes maintenant à l'avant-dernier volet de nos carnets "En route vers la bataille de Sainte-Foy" avec une description de l'hiver pour les Canadiens, donc la milice et la population. Bien que les miliciens soient des habitants, nous avons choisi de séparer les deux groupes. "La milice" fait référence aux actions militaires et "La population" à ce que les habitants ont dû vivre.

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Source: Image trouvée sur le carnet Historine, sans référence, consultation en ligne, le 8 mars 2010.

La milice
Au lendemain de la bataille des Plaines d'Abraham, la milice fait face à une difficile réalité. Responsable de la retraite efficace de l'armée française sur le champs de bataille en bloquant la charge des Highlanders écossais (78th Foot) notamment, la milice doit absolument suivre la fuite de l'armée vers Jacques-Cartier (Cap-Santé). Mais une partie des miliciens vient de Québec et la bataille étant perdue, les miliciens de ce district (comme plusieurs des districts de Trois-Rivières ou Montréal) vont déserter pour retourner chez eux, aider à la fin des récoltes et à la préparation de l'hiver qui sera sans doute difficile. Sans compter ceux qui, entre le 13 et le 18 septembre (prise de Québec), refuse systématiquement de défendre la ville et d'exécuter les ordres. De la mutinerie due au départ de l'armée et donc à une situation désespérée...


Source: French 1763 musket muzzle loader, consultation en ligne, 9 mars 2010.

Jusqu'à la mi-octobre, on essaie de limiter la désertion des miliciens, ce qui s'avère une tâche difficile compte tenu que des compagnies complètes refusent parfois de prendre les armes. On réussit quand même à renvoyer près de Montréal, le 19 octobre, les milices de Montréal et Trois-Rivières parce que la menace d'une attaque britannique depuis les Grands Lacs semblent possible. Cela aide certainement la motivation des miliciens qui auraient à défendre leurs propres habitations contre l'envahisseur.

A Canadian volunteer militiaman in winter
Source: A canadian volunteer militiaman in winter, consultation en ligne, 9 mars 2010.

Autrement, l'hiver en sera un d'entraînement. Bien que des plans préliminaires soient mis en marche dès novembre pour reprendre Québec, François-Gaston de Lévis, alors major-général des troupes françaises,  se rend rapidement compte qu'une bataille ne sera possible qu'au printemps.  En 1760, la présence de la milice devra être exploitée au maximum. C'est ainsi que Lévis décide, au mois de février et mars 1760,  d'incorporer plusieurs miliciens à même les troupes professionnelle pour combler certaines absences. D'un autre côté, il n'essaie pas de mélanger les compagnies de milice et les compagnies de soldat professionnels. Il s'assure que les compagnies de milice s'organisent en trois formations, chaque formation étant sous les ordres, en quelque sorte la supervision, d'un bataillon régulier et ils se sont livrés à des exercices d'escarmouches tout l'hiver. Contrairement à leur usage un peu improvisé de 1759, le major-général de Lévis compte bien les utiliser au mieux de leurs capacités. Il faut finalement dire que Vaudreuil qui lance les appels à la mobilisation de la milice pour 1760 a l'oreille de la population qui répond. Les conditions sont idéales pour la bataille... Suffit, pour remporter une victoire décisive et reprendre Québec, que l'armée française espérée arriver en renfort fasse son apparition rapidement sur le fleuve au mois d'avril ou de mai (on sait aujourd'hui qu'elle n'est jamais arrivée...)

Scene of daily life at Fort Beauséjour, around 1753
Source: Lewis PARKER, Scene of daily life at Fort Beauséjour, around 1753, consultation en ligne, 9 mars 2010.

La population
Si la situation semble critique pour la milice, c'est encore pire pour les habitants. D'un côté, pour tous les habitants de l'extérieur de la région immédiate de la ville de Québec, la situation ressemblera aux hivers précédents... si ce n'est que plusieurs d'entre eux ont vu leurs habitations et leurs récoltes rasées par les Britanniques en 1759 (pratiquement toute la Côte-de-Beaupré et Charlevoix jusqu'à La Malbaie, presque toute la Côte-du-Sud de Kamouraska à Beaumont de même que plusieurs villages dans Lotbinière et dans Portneuf). Puis, à titre préventif, les Français vont ordonner, le 16 octobre, de brûler tout le bois de chauffage déjà coupé de sur la rive-sud autour de  la Pointe-Lévy.

Mais avant cela, il nous semble que Jérôme Foligné, second à bord du Swinton (un bâtiment français) aborde de façon fort efficace la situation de la population de la région immédiate de Québec après le siège de 1759 avec ce message daté du 21 septembre 1759 (nous avons pris la liberté de corrigé un peu le texte pour faciliter sa lisibilité, grand honte à nous):
"Les bourgeois et habitants de la dépendance de Québec de trois lieues à la ronde prêtèrent serment de fidélité, cérémonie qui dura depuis le matin jusque vers les trois heurs de l'après-midi, que le général anglais fit battre un banc, par lequel il fut permis d'aller et de venir librement pour vaquer à leurs affaires et de rentrer paisibles possesseurs de leurs biens, mais quelles biens veut-il que nos habitants aillent occuper après les ravages qu'il a fait commettre, brûler les maisons, emmener les bestiaux et piller les meubles, c'est à ce jour qu'on vit sortir du fond des bois nos pauvres femmes, trainant après elles leurs petits enfants, mangés des mouches sans hardes, criants la faim, quel coup de poignards pour les pauvres mères, qui ne savent si elles ont des maris et ou ils les prendront et quelle assistance, elle donneront à leurs pauvres enfants à l'entré d'une saison pendant laquelle on a de la peine de se garantir, lorsqu'elles etoaent arrangées dans leurs ménages les sièges de Jérusalem et de Samarie représentent rien de plus affreux." (p.93-94)
Début d'hiver difficile? Surement. Les habitants doivent donc prêter serment d'allégeance. Mais plusieurs exemples, tout l'hiver durant, nous prouvent que le serment était difficile à garder. D'un côté, on essaie d'aider les Français ou de nuire aux Britanniques, mais les conséquences sont graves et sans équivoque. Pour l'occupant, c'est la pendaison qu'on réserve aux habitants traitres qui se rendent coupables de trahison. Pour les Français, on exige encore l'aide de la population pour nourrir l'armée et abriter certains soldats, non seulement de l'armée régulière qui prend ses quartiers d'hiver près de Montréal, mais aussi pour les quelques centaines de soldats français demeurés près de Québec ou sur la rive-sud. Le tout dans un territoire occupé qui n'offre pas beaucoup de liberté et qui alimente les tensions pas ses perquisitions préventives, les abus des soldats (coups et vols) et les contrôles constants pour les déplacement dans la ville de Québec ou aux alentours.

Young Country Girl Dancing by François Boucher
Source: François BOUCHER (1701-1770), Jeune paysanne dansant, consultation en ligne, 8 mars 2010.

Certaines zone subissent en plus les expéditions punitives britanniques au mois de février entre les rivières Chaudière et Etchemin (rive-sud de Québec) où quelques dizaines de bâtiments ont été brûlés pour répliquer aux attaques de l'armée française sur le détachement britannique de la Pointe-Lévy ou celle en périphérie de Pointe-aux-Trembles (Neuville), En plus, les habitants de Québec, les plus pauvres de toute la région, doivent vivre avec une armée d'occupation décimée par les maladies et sans ressources qui n'hésitent pas à piller les maisons abandonnées ou non de la ville pour survivre. Les habitants collaborent donc volontiers avec les Français, malgré les menaces constantes de l'autorité britannique et les quelques exemples brutaux que tentera de faire l'armée avec des Canadiens soupçonnés de collaboration (par pendaison notamment).

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Source: Richard SHORT, Vue générale de Québec, prise de la Pointe-Lévy (1761), consultation en ligne, 9 mars 2010.

Ceux qui vivront le plus longtemps le "dérangement" de la bataille de Sainte-Foy seront certainement les habitants de la ville de Québec. On leur demande, sans condition, de quitter la ville de Québec le 24 avril 1760 (la demande est faite le 21), les Britanniques étant conscients que les Français essayeront de reprendre la ville et ils ne veulent pas subir la collaboration d'une population  en qui ils n'ont pas confiance avec l'assiégeant. Et ils ne pourront revenir chez eux qu'à la fin de l'été 1760...

Fichier:Louis XV France by Louis-Michel van Loo 002.jpg
Source: Louis-Michel VAN LOO, Louis XV, Roi de France et de Navarre (1760), consultation en ligne, 9 mars 2010.

L'hiver se passera donc dans l'attente près de Québec: d'un côté on supporte les troupes, de l'autre on espère un secours français au début de 1760, le tout en essayant de froisser le moins possible une armée d'occupation qui a la mèche courte. Si le secours ne vient pas, on peut supposer qu'une grande partie de la population commence à ressentir les effets d'une guerre presque continuelle depuis 15 ans (avec la guerre de Succession d'Autriche des années 1740). Il serait temps qu'une paix française nous permette de continuer de vivre sur un territoire français, avec notre Roi (Louis XV, ci-haut), nos coutumes, notre langue et surtout notre religion...

Reste à voir comment se déroulera la bataille de Sainte-Foy...


Les sources
Au sujet des exactions britanniques, voir: 
DESCHÊNES, Gaston. L'année des Anglais. Québec, Septentrion, 2009 (2e édition). 160 pages

Pour la milice, voir l'excellent livre:
DECHÊNE, Louise. Le Peuple, l'État et la guerre au Canada sous le régime français. Montréal, Boréal, 2008. 666 pages.

Sources primaires
FOLIGNÉ, Jérôme. Journal des faits arrivés à l'arme de Québec, capitale dans l'Amérique septentrional dans la campagne de 1759. Québec, Presses de la communauté des soeurs franciscaines, édition de 1901. 100 pages. Séries Champs de bataille #5.

LÉVIS, François-Gaston, duc de (H.R. CASGRAIN, éditeur). Journal des campagnes du chevalier de Lévis en Canada de 1756 à 1760. Montréal, C.O. Beauchemin & Fils, 1889. Collection "Les manuscrits du maréchal de Lévis", volume 1. 348 pages.

MALARTIC, Anne-Joseph-Hippolyte de Maurès, comte de. Journal des campagnes au Canada de 1755 à 1760.  Paris, Librairie Plon, 1890. 370 pages.

dimanche 7 mars 2010

En route vers la bataille de Sainte-Foy (2): l'hiver de l'armée française

L'année 2010 marquant le 250e anniversaire de la bataille de Sainte-Foy, nous avons voulu préparer une série d'articles sur les semaine et les mois qui ont mené à cet affrontement près de Québec, sur les Plaines d'Abraham. Comme nous avons, la semaine dernière, offert un premier article sur la situation des Britanniques à l'hiver 1759 et au printemps 1760, nous continuons cette semaine avec les Français., surtout l'armée française. Un article sur les Amérindiens et un autre sur les Canadiens et la milice suivront d'ici le 27 avril 2010, date à laquelle nous offrirons un article sur la bataille de Sainte-Foy du 28 avril 1760.

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Source: Louis-Joseph, marquis de Montcalm, image consultée en ligne, 2 mars 2010.

Tout commence avec la mort de Louis-Joseph, marquis de Montcalm et lieutenant-général des armées françaises (ci-haut), le 14 septembre au matin. Québec perd alors son principal officier militaire et le marquis de Vaudreuil (ci-bas), gouverneur de la Nouvelle-France quitte la région pour se rendre vers l'ouest et propose à Jean-Baptiste-Nicholas-Roch de Ramezay, alors en charge de la ville, de capituler si les provisions venaient à manquer plutôt que d'attendre que la ville soit attaquée. Ramezay convoque donc un conseil de guerre ou une large majorité des officiers et notables présents (13 sur 14) suggère la capitulation (à l'exception d'un dénommé Fiedmont, officier d'artillerie qui a tiré du canon sur les Britanniques jusqu'à l'annonce de la reddition). Ramezay capitule donc le 18 septembre au matin, la ville étant diminuée et sans réelle garde pour assurer sa défense.

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Source: Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial, marquis de Vaudreuil, v.1753-55, Donat Nonotte, Bibliothèques et Archives Canada, consulté en ligne, 2 mars 2010.

Pendant ce temps, l'armée se replie sur Jacques-Cartier avant que François-Gaston de Lévis ne vienne prendre le commandement des troupes pour tenter une nouvelle attaque. C'est en route, le 19 septembre,  que Lévis sera averti de la capitulation par un certain capitaine Daubrespy du régiment de Béarn. La situation semble sombre, mieux vaut alors, pour l'état-major, de retraiter et de préparer une vraie contre-attaque, pendant que le 22 septembre, Ramezay (avec Fiedmont) et le reste de la garnison de Québec est embarqué vers l'Europe, selon les actes de reddition.

Soldat portant le drapeau régimentaire, Régiment de Béarn, vers 1757-1760
Source: artiste inconnu, Soldat portant le drapeau régimentaire, Régiment de Béarn, vers 1757-1760, consultation en ligne, 7 mars 2010.

Vaudreuil et l'intendant François Bigot quitte l'armée le 30 septembre pour se rendre à Montréal alors que Lévis tente de trouver la meilleure façon de passer l'hiver.  Il vérifie la possibilité de construire un fort sur la rive-sud, demande aux habitants de collaborer à apporter aux troupes bois et provisions et tentera de convaincre les Hurons de Lorette d'aider l'armée et la milice à harceler les Britanniques qui vont chercher du bois de chauffage près de leur village. Bien que la collaboration des gens, surtout éloignés de Québec, est assurée parce que l'armée française est encore très présente, les forts et tentatives de harcèlement seront laissées de côté par manque d'effectifs.

Des chefs hurons de Jeune-Lorette portent des costumes ressemblant à ceux des Français vers 1745
Source: Edward CHATFIELD, Des chefs hurons de Jeune-Lorette portent des costumes ressemblant à ceux des Français vers 1745, consultation en ligne, le 7 mars 2010.

Au début novembre, l'armée française s'organise en laissant des hommes près de Saint-Augustin (une avant-garde près du Lac), Pointe-aux-Trembles (200 à 300 hommes) et surtout au fort construit à Jacques-Cartier (jusqu'à 400 hommes) et Lévis retourne vers Montréal où il arrive le 14 novembre 1759. De la fin octobre jusqu'au début de l'hiver, les soldats seront envoyés à leurs quartiers d'hiver; ceux qui ne restent pas près de Québec tel que mentionné plus tôt se rendront près de Montréal. Plus tard dans le mois, vers le 25 novembre 1759, les Français vont réussir à faire passer des bateaux devant Québec et vers l'Europe pour demander les renforts. C'est Louis-Antoine de Bougainville (ci-bas) qui doit accomplir cette délicate mission.

Portrait of Louis Antoine de Bougainville
Source: François SÉRAPHIN, Portrait de Louis-Antoine de Bougainville, tiré de la collection de la National Library of Australia, consultation en ligne, 7 mars 2010.

La fin de l'hiver donnera lieu à différentes préparations pour reprendre Québec avant la fin de l'année, mais la température, les ressources et la fatigue des troupes régulières et de milice vont anéantir ces espoirs. Pourtant, les Français ne souffriront pas autant de l'hiver que les Britanniques: ils connaissent le territoire, la température, et ils ont la collaboration des paysans à tous les endroits où les Britanniques ne s'installent pas (ce qui veut dire partout à l'exception du territoire immédiat de la ville de Québec) qui vont faciliter le commerce et les approvisionnements. Ce n'est pas pour autant un hiver faste: plusieurs des terres près de Québec ont été brûlées etaucun réel renfort ne peut être envoyer de l'ouest. 

De janvier à avril, l'état-major français espérera une possibilité d'attaquer Québec. Pour ce faire, le déplacement le plus concret sera l'envoi sur la rive-sud, en février 1760, du capitaine Saint-Martin et d'un détachement de presque 400 soldats pour reprendre contrôle de la Pointe-Lévy, mais les Britanniques les en empêcheront. Bien que janvier ait été calme, mars a été vécu dans l'appréhension alors que des rumeurs tenaces disent que les Britanniques, qui ont attaqué l'avant poste du Lac Calvaire (Saint-Augustin), viendraient attaquer Pointe-aux-Trembles (Neuville) ou même Jacques-Cartier (Cap-Santé). Sinon, les préparatifs se poursuivront jusqu'à la fonte des glaces et au départ de l'armée de Montréal, à la suite de Lévis, vers les 20-21 avril 1760. L'armée française cheminera ensuite par terre à partir de Jacques-Cartier ou Pointe-aux-Trembles. Elle campera à Pointe-aux-Trembles le 25 avril 1760, à Saint-Augustin le 26 et à Sainte-Foy le 27 avril....

La bataille de Sainte-Foy est pour le lendemain...

Sources
CASGRAIN, abbé H. R. éd. Journal des campagnes du chevalier de Lévis en Canada de 1756-1760. Montréal, C.O. Beauchemin et Fils, 1889. 340 pages. Coll : Manuscrits du Maréchal de Lévis.

LA PAUSE, Plantavit de Margon, chevalier de. Rapport de l’Archiviste de la province de Québec. 1931/32 « Mémoire et observations sur mon voyage en Canada (1755-60) », tome 12, p.1-46; 1932/33 « Les “Mémoires” du Chevalier de La Pause », tome 13, p.305-391; 1933/34 « Les “Papiers” La Pause », tome 14, p.67-231.

MAURÈS DE MALARTIC (édité par comte Gabriel Maurès de Malartic). Journal des campagnes au Canada de 1755 à 1760.  Paris, Plon, 1890. 370 pages.

Voir également
MACLEOD, D. Peter. La vérité sur la bataille des Plaines d'Abraham. Montréal, Éditions de l'homme, 2008. pages 283-361.

mercredi 3 mars 2010

Bon un autre petit retard...

Les circonstances m'empêchent de vous fournir une mise à jour acceptable ce soir, elle ira donc à dimanche prochain. Cela voudra cependant dire une mise à jour dimanche le 7 ET mardi le 9 mars 2010! La faute revient aux nombreuses chroniques laissées par nos officiers français ou leurs biographes et une tonne d'information que je veux vérifier. Donc ce sont les Lévis, La Pause et Malartic  (pour ne pas les nommer) qu'il faut blâmer.

Autrement, petite anecdote intéressante sur le même sujet, donc la guerre de la Conquête et les préparatifs à la bataille de Sainte-Foy: 

Il faut se replacer à l'époque des auteurs quand nous lisons des textes de cette époque. Ainsi, les correspondances font preuve de délicatesses, de formules de politesses à n'en plus finir. Mais elles révèlent parfois des pratiques intéressantes de la façon de faire la guerre à cette époque que certains commentateurs appellent la guerre en dentelle.

Ainsi, le capitaine John Knox (édition de 1769, volume 2, pp.252-254) rapporte une réponse à une rumeur qui court dans l'entourage du Gouverneur militaire Murray en février 1760:
« M. de Levis, in order to display a little French humour, and to raise the drooping spirits of his army, has proposed to lay a wager of five hundred louis-d'ors, with General Murray, that a French fleet will arrive here, before a British one. To this he received the following spirited answer: — 'I have not the least inclination to win your money; for, I am very certain, I shall have the honour to embark your Excellency, and the remains of your half-starved army, for Europe, in British bottoms, before the expiration of the ensuing summer.' »
Le message disait donc que Lévis était prêt à parier 500 louis d'or avec Murray que la première flotte à mouiller près de Québec serait française. Ce à quoi Murray répondit qu'il n'espère pas gagner l'argent de Lévis puisqu'il est convaincu que les Français seront embarqués sur des bateaux britanniques d'ici la fin de l'été. Ce genre de gageure était, sans être la norme, assez fréquent. On peut d'ailleurs retrouver un exemple à peu près semblable entre le général Abercromby et Louis-Antoine de Bougainville au fort William-Henry qui gagent une caisse de champagne contre une caisse de bière si les Britanniques parviennent à prendre Louisbourg à l'été 1758...

Il ne pouvait presque pas mieux prédire la fin de l'été 1760 pour l'armée française...

À dimanche!!

mardi 2 mars 2010

En attendant la mise à jour, une fois de plus...

Celle-ci viendra demain, les amis.

Mais vous aurez un petit quelque chose à vous mettre sous la dent. Un site Internet d'une aide précieuse pour les chercheurs amateurs comme professionnels.


J'ai la chance de pouvoir consulter nombre de sources grâce à ce site. À propos de la bataille de Sainte-Foy, le site contient pratiquement tout ce qui a été fait et écrit d'une certaine importance si ce n'est des papiers du chevalier de la Pause. Le site contient également des vidéos, des enregistrements sonores exclusifs et des enregistrements en concert de plusieurs groupes musicaux. Allez le consulter avant demain!

Et bonne recherche.

Pour vous tenir en haleine: le sujet est l'hiver vu par l'état-major Français dans la série "En route vers la bataille de Sainte-Foy"