jeudi 23 décembre 2010

JOYEUSES FÊTES ET BONNE ANNÉE!

Bonjour à toutes et à tous,

C'est finalement un petit message du temps des Fêtes qui attendait Histoire et Société avant une pause du temps des Fêtes. Une mise à jour maintes fois repoussées puisqu'il est plus demandant que prévu d'entretenir un blogue avec un travail à temps plein et des études universitaires à temps partiel. À oui, et des amis et famille que l'on essaie de ne pas trop négliger.

L'année 2010 est la première année « complète » du blogue et les mises à jour, à mon grand plaisir, ont été relativement nombreuses avec 44 capsules originales sur l'histoire de la ville de Québec (principalement). 2010 aura aussi été un rendez-vous radiophonique hebdomadaire de très courte durée (sur les ondes de SortirFM à Québec) et quelques entrevues et conférence à propos du blogue (le projet des cafés historiques de Québec se continue dès la fin janvier 2011, on en reparle!).

Donc, 2011 s'annonce bien. Le défi? Ne pas en faire moins et surtout en faire plus! Les projets ne manquent pas. Reste à voir comment ils se réaliseront.

Ainsi, le blogue reviendra tous les samedis à partir du 15 janvier 2011!

Un très Joyeux Noël à tous, entourés de vos amis et familles!

Une très belle année 2011 à vous. Je vous souhaite la santé avant tout le reste.

Reposez-vous et à l'année prochaine!

samedi 4 décembre 2010

Petite histoire de la Société Saint-Vincent-de-Paul à Québec

Le temps des fêtes est à nos portes. Et cette semaine, les médias du Québec ont légèrement mis de côté, le temps d'une seule journée, leurs intérêts divergents pour participer à la grande guignolée des médias. Cette tradition a notamment été mise sur pied par la Société Saint-Vincent-da-Paul dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Nous avons donc cru bon faire un bref portrait de cette société à Québec.

Source: J. E. Livernois, « Joseph Painchaud » (vers 1851), Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote: P560, S2, D1, P981, consultation en ligne, 4 décembre 2010.

La Société Saint-Vincent-de-Paul (SSVDP) est mise sur pied à Paris en France en 1833, sous l'impulsion du mécène Emmanuel Bailly, des conseils de Soeur Rosalie Rendu de la congrégation des Dames de la Charité et de l'énergie d'un groupe d'étudiants universitaires en médecine et en droit incluant un lyonnais de 20 ans, Frédéric Ozanam. Réunis par leur désir d'aider les démunis et une fervente foi catholique, l'organisation prend rapidement de l'ampleur. C'est onze ans après la création que l'organisation travers l'Atlantique avec une première conférence (c'est le nom des sections dans la SSVDP) au Mexique en 1844. À Québec, c'est le docteur Joseph Painchaud (ci-haut) qui organise une nouvelle conférence de la Société Saint-Vincent-de-Paul en 1846. 

Source: J.E. Livernois, « Quartier Saint-Jean-Baptiste - Côte d'Abraham - Patronage et église Saint-Vincent-de-Paul » (1937), Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote: P560, S2, D2, P166750-1, consultation en ligne, 4 décembre 2010. Note: Cette église construite à la toute fin du XIXe siècle abrite le « Patro » notamment dans la première moitié du XXe siècle. La façade qui tenait encore debout (la partie avec la flèche dans la photo) a été détruite dans les mois de février et mars 2010.

L'organisation s'installe à Québec alors que ce sont surtout les curés et les paroisses qui s'occupent encore des plus démunis, puisque l'état ne peut encore répondre à la demande. S'occupant principalement d'habillement et de nourriture aux pauvres et aux enfants démunis, la SSVDP offre aussi un service de placement pour des ouvriers sans emplois. Les Anglophones aussi ont leurs sociétés (la Saint. George, la Gallois et la Saint Patrick). Ce sont ces sociétés qui s'occupent essentiellement du soutien social à Québec. La SSVDP sera aussi près de différentes congrégations catholiques et oeuvres de ces dernières: création de l'Hôpital de la Miséricorde (1874) et de l'Asile du Bon-Pasteur pour les prostituées repentantes et femmes enceintes hors mariage, la Patronage St-Vincent-de-Paul (1861 jusqu'à l'arrivée des Frères de Saint-Vincent-de-Paul en 1884 qui prend la relève) pour l'enseignement aux enfants pauvres. La SSVDP organisera aussi des évènements sportifs durant toute la seconde moitié du XIXe siècle (au même titre que d'autres sociétés canadiennes françaises) aidant ainsi la mise en place des premiers loisirs, comme des compétitions amicales d'athlétisme, pour les habitants francophones de Québec. 


Source: Source: J. E. Livernois, « Quartier Montcalm - Angle chemin Sainte-Foy et avenue des Érables - La Caisse d'Économie de Québec  » (1938), Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote: P560, S2, D2, P172905-2, consultation en ligne, 4 décembre 2010.

En plus de l'aide aux pauvres, la SSVDP de Québec organise rapidement des caisses d'épargne. Ces caisses, gérées par les responsables des conférences de la SSVDP sont fondées au printemps 1848 dans les paroisses Saint-Roch et Notre-Dame de Québec (ci-haut, l'édifice des années 1930 dans Montcalm). Bien qu'elles ne sont pas reconnues au même titre que les banques (loi des banques d'épargne de 1841) et que l'argent des déposants est justement placé dans différentes banques de Québec à taux négociés entre les caisses et les banques, ces caisses deviennent des importantes institutions financières pour les petits épargnants francophones. Bien que la caisse fondée dans la paroisse Saint-Roch est démantelée au tournant des années 1860, celle de Notre-Dame (haute-ville) poursuit ses activités et s'adapte en devenant progressivement une banque en bonne et due forme. En 1871, une loi la force à détenir du capital-action; en 1944 la caisse devient la Banque d'économie de Québec; la Banque d'économie est absorbée par le mouvement Desjardins à la fin des années 1960. 

Source: Thérèse Sauvageau, titre inconnu, 1981, tiré de l'ouvrage Souvenirs de nos ancêtres, consultation en ligne, 4 décembre 2010. Cette oeuvre montre des enfants courant la guignolée. 

C'est la Grande Dépression des années 1930 qui donne plus de place à l'état dans la prise en charge des nécessitants et donc qui réduit un peu la charge de travail et d'efforts des sociétés bienfaisantes. En effet, jusque là, la SSVDP a étendu ses activités avec les premières guignolées du temps des fêtes (depuis les années 1870), la distribution de bois, de la médiation familiale et même des soins « palliatifs » pour améliorer les derniers jours de malades mourants. La SSVDP est si bien reconnue que la ville fait passer tout son programme de secours pendant les premières années de la Dépression jusqu'à ce que la SSVDP décide, en 1933, de laisser cette compétence à la ville.

Et pour terminer, petite note à propos de la guignolée. Issue d'une tradition du XIXe siècle (notamment de la Société St-Vincent-de-Paul), elle consistait à passer de maison en maison en chantant des chansons pour récolter quelques denrées pour les plus démunis. Cette année, une initiative de quelques individus et entreprises web ont décidé de faire une petite guignolée des médias sociaux. Vous pouvez cliquer sur la bannière pour en apprendre plus! Joyeux temps des Fêtes!

samedi 27 novembre 2010

Le choléra à Québec en 1832

Une des conséquences les plus importantes à court terme pour la population de Haïti suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010 est l'actuelle épidémie de choléra qui sévit sur l'île. Comme en font foi les nombreux textes des dernières semaines en ligne sur le site du quotidien Le Devoir, sur le site de Cyberpresse ou encore sur le site de Radio-Canada, cette épidémie est devenue un enjeu électoral en plus d'une importante crise humanitaire. Dans les conditions actuelles, c'est un imposant défi que de limiter la propagation d'une telle épidémie. Mais si on regarde dans l'histoire de la ville de Québec, le choléra a été aussi été un fléau majeur. Pour illustrer notre propos, nous allons étudier en particulier l'épidémie de 1832.

Estampe | Vue de Québec depuis la Pointe De Lévy, QC, 1832 | M21613
Source: Site Internet du Musée McCord, consultation en ligne, 27 novembre 2010. Cliquez sur l'image pour plus de détails.

1832. Québec (ci-haut) est une ville en plein développement. Le commerce du bois avec l'Angleterre fleuri et la présence des marins en ville se fait sentir. Le ville se développe de plus en plus vers le nord avec l'agrandissement du quartier Saint-Roch. Les soldats britanniques sont toujours présents en ville. Mais surtout, l'immigration de masse en provenance d'Europe en est à ses premières années. Et c'est le moment où le choléra frappera la première fois la ville. Cette première épidémie est en réalité la poursuite d'une épidémie qui aurait fait surface en Inde à la fin des années 1920. 

Source: « Scanning electron microscope image of Vibrio cholerae bacteria, which infect the digestive system. » consultation en ligne, 27 novembre 2010.

En termes simples, le choléra est une infection des intestins qui se transmet par les liquides et aliments infectés par un bacille. Les principaux symptômes sont des maux de ventres et surtout des diarrhées agressives et très liquides qui causent une déshydratation rapide qui peut provoquer la mort de la personne atteinte en quelques heures ou quelques jours. Bien que ces informations sont aujourd'hui connues, ce n'était pas nécessairement le cas en 1832 alors que la 

Cholera Plague, Quebec
Source: Joseph Légaré, « Le choléra à Québec » (vers 1832), huile sur toile, Musée des Beaux-Arts du Québec (no. 7157), consultation en ligne, 27 novembre 2010.

Le lundi 11 juin 1832, Le Canadien (p. 2): « Nous avons la douleur d'annoncer que la maladie terrible, dite Choléra, qui règne en Europe depuis une couple d'années a commencé d'étendre ses ravages en cette ville. » On annonce aussi que les premiers cas nombreux de « choléra asiatique » (on peut aussi lire « cholera morbus », se sont manifestés le 9 juin, soit le samedi précédent. Compte tenu que la maladie arrive avec les voyageurs en provenance d'Europe, il n'est pas surprenant de voir que l'épidémie éclate au début juin, quelques semaines après le début de la saison de navigation sur le fleuve. Bien que l'épidémie frappe surtout Québec, elle atteindra aussi Montréal dans les jours qui suivent. 

Public notice from Cholera epidemic 1832
Source: « [...] a poster circulated in Oxford in the early summer of 1832 », consultation en ligne, 27 novembre 2010.

Comment lutte-t-on contre la maladie? Des dispensaires, sortes de « succursales » des hôpitaux , sont ouverts près de différents foyers de contamination. Bien que les symptômes sont observés et donc connu, il y a quand même une sorte de fatalisme face à la meilleure façon d'attaquer cette maladie. En effet, la théorie la plus populaire qui explique la propagation du choléra est la théorie des miasmes, du « mauvais air ». Ces miasmes seraient en quelque sorte des nuages « intelligents » qui se déplacent et infectent les habitants. Les différents traitements contre les miasmes (qui inclut des flammes ouvertes alimentées par des produits divers pour les brûler ou des mouvements d'air dans les dispensaires) ne sont pas les plus efficaces à la lumière des connaissances modernes de cette maladie. Cela s'ajoute à la propreté es vitres, à la ceinture de tissus pour garder le ventre au chaud qui sont aussi des moyens de prévention largement prescrits. Au cours de l'été 1832, ce sont plus de 2000 habitants et plus de 3000 personnes au total qui vont succombé à la maladie. C'est au bas mot environ 10% de la population de Québec qui meure dans cette épidémie.

Église Notre-Dame de Québec, 1832
Source: W. Walton, « Église Notre-Dame de Québec, 1832 » (1832), consultation en ligne, 27 novembre 2010.

Pendant qu'à Québec, on ouvre des cimetières pour le « colériques », le gouvernement colonial veut réagir. C'est que le gouvernement met sur pied une île de la quarantaine à Grosse-Île, à environ une cinquantaine de kilomètres de Québec sur le fleuve. Ce « lazaret » verra beaucoup de monde en 1832, une année où on estime à presque 50 000 le nombre d'immigrants transigeant par Québec. Mais son efficacité sera limitée. Préparée en hâte, cette station de quarantaine n'est pas entièrement efficace. 

Source: Daniel Rainville (Parcs Canada, 1997), « Vue de Grosse-Île sur le fleuve vers 1832 », consultation en ligne, 27 novembre 2010.

L'épidémie revient en 1834 (où encore près de 10% de la population de Québec va mourir) et à quelques autres reprises (1849, 1851, 1852 et 1854). Au choléra s'ajoutera aussi le typhus qui fera des ravages en 1847 et quelques autres épidémies de moindre importance. La dernière épidémie majeure de choléra sur le territoire du Québec actuel aura lieu en 1854. Beaucoup plus étendue sur le territoire, on dénombrera moins de 1000 décès à Québec. En nombre absolu, c'est moins de 2% de la population de la ville à cette époque. C'est un fléau qui a marqué la ville et aussi l'imaginaire des habitants de Québec durant tout le XIXe siècle britannique à Québec.

lundi 22 novembre 2010

Une mise à jour ou une conférence?

Cette semaine, la mise à jour vient au coût de la conférence/causerie que je prépare.

En effet, cette semaine, le jeudi 25 novembre 2010, au Café 4M (même édifice que la Barberie dans le quartier St-Roch, Québec), il y aura la première édition des cafés historiques de Québec.

Un café historique, c'est l'occasion de venir entendre une brève conférence, mais surtout de venir échanger et parler d'histoire avec des chercheurs, des étudiants ou des professionnels dans un contexte un peu plus détendu qu'une conférence traditionnelle!

Comme je dois préparer ma partie de la première conférence qui s'intitule S'EXPRIMER OU INFORMER? LE BLOGUE HISTORIQUE, je n'ai pas pu faire de mise à jour dimanche dernier, tel qu'annoncé.

La prochaine mise à jour du blogue sera donc samedi prochain, le 27 novembre 2010. D'ici là, consultez nos archives et les blogues que nous consultons! Bonne lecture et n'hésitez pas à venir discuter avec nous, ce jeudi!


samedi 13 novembre 2010

Quelques maires de Québec: longévité et/ou majorité

La Ville de Québec et particulièrement l'administration Labeaume ont été secouées par la démission du directeur général adjoint de la ville, Guy Renaud. Cette démission arrive certainement à un moment crucial des relations de travail à Québec qui semblent s'envenimer. Mais cette démission s'inscrit dans un contexte: un maire avec une vision très claire, un parlé tranché, un style particulier et un grand support populaire. Le maire Labeaume est certainement un maire à part, mais il n'est certainement pas le seul à avoir eu les coudées franches dans l'histoire de la ville.

Source: J.E. Livernois (vers 1900), « Sir François Langelier », Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote P560,S2,D1,P1671, consultation en ligne, 13 novembre 2010.

Au 19e siècle, il faut attendre les années 1880 pour voir les premiers maires prendre contrôle pendant de longues années de la mairie. Il y a bien le cas de René-Édouard Caron qui sera maire pendant six ans durant son deuxième mandat (1840-46), mais les moeurs municipales sont alors bien différentes. Le premier maire a avoir une certaine longévité sera certainement François Langelier (1882-90), ci-haut). Cet homme politique provincial a fait le saut en politique municipale après avoir été élu en 1882 et nommé immédiatement par le conseil au poste de maire. Pendant son mandat, il occupera aussi des fonctions aux Communes à Ottawa et en profitera pour améliorer le système d'aqueduc de Québec et le service des incendies. Il quittera ses fonctions à Québec quand il sentira l'hostilité croissante du conseil face à ses projets.


Source: Montminy et Compagnie (vers 1910), « Simon-Napoléon Parent », Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote P1000,S4,D83,PP20, consultation en ligne, 13 novembre 2010.

Simon-Napoléon Parent (1894-1906) reste en poste presque 12 ans. Élu aussi par le conseil, il aura certainement les coudées franches. Près du milieu des affaires, peu doué pour les grands discours, son style direct lui fournit notamment un conseil où 17 échevins lui seront favorables (1896). Nommeé Premier ministre du Québec en 1900, il est rapidement forcé de démissionner en 1905 pour son style peu flamboyant de joueur de coulisses. Comme c'est un gestionnaire qui n'hésitera pas à vendre la possession des ressources naturelles de la ville et du Québec à certains intérêts étrangers qui possèdent capitaux et savoir-faire et qui se servira de ses contacts pour bénéficier à ses contacts, son opposition deviendra rapidement forte et il doit aussi démissionner de la mairie de Québec en 1905 (il reste en poste jusqu'en février 1906).


Source: J. W. Michaud (1947), « Le maire de Québec Lucien Borne et l'Honorable Maurice Duplessis au banquet de l'exposition provinciale de Québec », Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote E6,S7,SS1,P39168, consultation en ligne, 13 novembre 2010.

Le maire Lucien Borne (ci-haut, à droite), en poste pendant 15 ans (1938-53), sera un de ceux qui profitera des majorités les plus confortables au 20e siècle. Il conservera son poste à travers six élections. Sur celles-ci, il sera élu quatre fois par acclamation. Les deux autres fois, il aura une majorité claire (75% en 1942) et une serrée (53% en 1947), mais pourra mener à bien ses réformes des finances municipales. Ses échevins sont aussi largement élus et presque jamais battus. Après Borne, tous les maires jusqu'à la mairesse Boucher (2005-2007) auront des mandats d'au moins douze ans, allant jusqu'à 16 ans pour Jean-Paul L'Allier (1989-2005). 


Source: W. B. Edwards, « Bienvenue de maire Wilfrid Hamel au général Charles de Gaulle », Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote P600,S6,D5,P277, consultation en ligne, 13 novembre 2010.

Le maire Wilfrid Hamel (1953-65, ci-haut, troisième à partir de la gauche) sera élu de justesse en 1953, mais obtiendra des élections par acclamation ou une majorité confortable de 85% en 1959. Sa situation est confortable jusqu'à l'arrivée du Progrès Civique en 1962, le parti d'opposition qui brise la domination de Hamel. En surfant sur la vague de la commission Sylvestre sur le patronage dans le monde municipal (voir à ce sujet le billet sur le maire Lamontagne) le Progrès Civique réussira à prendre le contrôle de la mairie pendant 24 ans sous les maires Lamontagne (1965-1977) et Jean Pelletier (1977-1989). Leurs majorités au conseil ne seront pas aussi équivoques que celles de Parent ou Borne, mais leurs projets seront toujours mis de l'avant.

Jean-Paul L'Allier, détendu et souriant, se ferme lorsque... (Le Soleil, Isabelle Mathieu)
Source: Isabelle Mathieu, « Jean-Paul L'Allier, détendu et souriant, se ferme lorsque les journalistes abordent le sujet de la renaissance du rêve olympique. », consultation en ligne, 13 novembre 2010.

C'est le Rassemblement Populaire du maire Jean-Paul L'Allier (ci-haut) qui mettra fin à cette domination du Progrès Civique. On change de style, on change de programme, on change d'idéologie. L'Allier réussira à aller chercher des majorités très impressionnantes au conseil (16 conseillers sur 20 en 1993), mais sera rapidement confronté à une opposition tenace alors qu'il perd la majorité au conseil en 1997. Les prochaines années nous diront comment le maire Labeaume laissera sa marque dans cette brève succession de politiciens à la tête de la Vieille Capitale. 

samedi 6 novembre 2010

La maison funéraire Lépine-Cloutier dans St-Roch, Québec, 1845-2010

Cette semaine, nous avons appris par le site de cyberpresse que le quartier Saint-Roch de Québec « perdra » une de ses institutions commerciales les plus vénérables. En effet, avec les commerces tels la pharmacie Brunet  (fondée en 1874) et les fourrures Laliberté (premier établi fondé en 1867), le complexe funéraire Lépine-Cloutier de la rue Saint-Vallier était un des témoins de l'âge d'or industriel et commercial de Saint-Roch. En voici une brève histoire.
Sors le catafalque, le corbillard arrive - Quebec, Quebec

Source: Jean-Pierre Forest (photographe). Vue de l'actuel siège social de Lépine-Cloutier. Consultation en ligne, 6 novembre 2010.

Le fondateur de cette maison est Germain Legris dit Lépine (1821-1899). Fabricant de meubles de bois, Lépine s'installe dans l'actuelle résidence de Saint-Roch en 1844. En 1845, il commence la confection de cercueils de bois et l’organisation de funérailles. Ce service répond clairement à un besoin. La ville de Québec avait déjà connu des grandes épidémies, mais depuis 1830 ces épidémies ont pris une allure plus « moderne » avec des décès très élevés dans des conditions très difficiles, la dignité dans la mort devient une réelle considération. De plus, l’ouverture du commerce coïncide avec le grand feu de 1845, incendie qui épargne les bâtiments de Germain Lépine. Les fabricants de meubles ne sont généralement pas des entrepreneurs qui se spécialisent en confection de cercueil, mais M. Lépine fait un choix différent. Pour environ 2 dollars, on peut se procurer un cercueil fabriqué selon une taille adaptée au défunt, à chaque écart de trois pouces (longueur de cinq pieds trois, cinq pieds six, cinq pieds, neuf, etc.)


Source: Amélie Breton (Perspective), Musée de la civilisation, Collection du Séminaire de Québec, 1991.168, Joseph Légaré, 1845-1848. Consultation en ligne, 6 novembre 2010.

Germain Legris dit Lépine se lance aussi rapidement dans l'organisation de funérailles. Vers 1860, on achète les premiers corbillards et vers 1865, la famille Lépine abandonne son commerce de meuble et se spécialise désormais uniquement sur le cercueil et les funérailles. Et le professionnalisme dont la famille fait preuve fait venir la clientèle. C'est pourquoi le commerce grandit et rapidement Elzéar et Germain Lépine, les fils du premier, se joignent à leur père dans la gestion de l'entreprise familiale. Les fils vont aider à ouvrir deux nouvelles adresses dans Saint-Sauveur et Saint-Jean Baptiste. Et ils vont permettre à la compagnie de rester au fait des plus récentes techniques et modes dans ce domaine. 


 Les Lépine: l\'engagement d\'un clan
Source: « L'entreprise Lépine ayant pignon sur la rue Saint-Vallier telle quelle était dans les années 1900 », consultation en ligne, 6 novembre 2010.

Par exemple, en 1896, le petit-fils de Germain Legris dit Lépine, Adélard Lépine, devient le premier embaumeur dans la ville de Québec, une pratique jusque alors interdite par l’Église catholique. Le premier « embaumé »? L’archevêque Elzéar-Alexandre Taschereau (premier cardinal canadien) pour qui l’Église organise de fastes funérailles (ici-bas) qui coûteront plus de 680 dollars en 1898, ce qui inclut aussi la construction d’un corbillard spécial sur mesure. Mais aussi, la compagnie Lépine est connue pour avoir embaumé plusieurs des victimes du naufrage de l’Empress of Ireland du 29 mai 1914. Depuis le début du XXe siècle, la maison de Germain Lépine est certainement celle qui fait la plus grande proportion de funérailles de personnalités municipales, politiques et religieuses dans la ville de Québec.

 http://www.mcq.org/img/complexe/craf/sme/gp/sme12_2.jpg
Source: Musée de la Civilisation. Consultation en ligne, 6 novembre 2010.

En parallèle, c'est en 1856 que Charles Cloutier, grand-père de Arthur Cloutier, fonde sa première maison funéraire dans le quartier Saint-Jean Baptiste (voir ici-bas). Cette entreprise survit longtemps au fondateur, mais le nom Cloutier qui se joindra à celui de Lépine n’est pas directement celui de Charles. C’est Arthur Cloutier qui met sur pied en 1928, le premier véritable laboratoire d’embaumement de la ville à même sa maison funéraire fondée quelques temps plus tôt, Arthur Cloutier & Fils enr. Bien que Arthur Cloutier meure en 1942, sa famille possède toujours des établissements dans la région de Québec et devient certainement le compétiteur le plus solide et le plus féroce de la famille Lépine.
 

 


Source: auteur inconnu, « Salon Charles Cloutier, sis à 174 rue d'Aiguillon », dans La Société Historique industrielle, inc., Une page d'histoire de Québec: magnifique essor industriel, Québec, 1955, p. 196. Consultation en ligne, 6 novembre 2010.


Chez les Lépine, l'édifice de la rue Saint-Vallier demeure le siège social de la compagnie jusqu’en 2010. Et c’est aussi pendant longtemps la maison familiale. Ainsi, les clients étaient reçus au rez-de-chaussée de la résidence. Dans le salon, on avait une série de trappes dans les murs qui pouvaient s'ouvrir pour faire voir les différents modèles de cercueils. Ces trappes étaient ouvertes pour les clients puis refermées pour que la vie familiale se poursuive normalement.  De 1917 à 1937, c’est la veuve de Germain Lépine, Malvina Racicot, qui dirige l’entreprise familiale. Dans les années 1950, l'entreprise de la famille Lépine (comme celle de la famille Cloutier) se modernise au même rythme que les grandes entreprises de cette industrie. On offre des pré-arrangements, notamment. La maison Lépine sera aussi la première à Québec à offrir les services de crémation dans la région de Québec au début des années 1970.

En 1975, la maison funéraire Lépine fusionne avec la maison Arthur Cloutier. En 1988, alors que Lépine-Cloutier est une des importantes maisons funéraires du Canada, le groupe Urgel-Bourgie de Montréal fait l'acquisition de la compagnie de Québec.  Ayant ensuite été brièvement cédée à des intérêts américains en 1996, le groupe est revenu sous le contrôle des travailleurs des maisons funéraires, autant de Montréal que de Québec, en 2002. Aujourd’hui, c'est le regroupement des services de la compagnie sous un même toit qu'invoquent les administrateurs pour justifier le déménagement. On ne sait pas encore ce qui adviendra du bâtiment de la rue Saint-Vallier.

mardi 2 novembre 2010

Une belle initiative

Cette semaine, les Services historiques Six-Associés, en collaboration avec histoireengagée.ca lancent officiellement (les affiches sont sorties, alors c'est officiel, non?) le projet de cafés-historiques à Québec!

Vous allez en entendre parler amplement! (on espère!)

Le premier rendez-vous est donné au Café 4M, 344 rue St-Roch, à Québec le 25 novembre 2010.

Le sujet?

« S'exprimer ou informer? le blogue historique »
avec Carl Pépin, Ph.D, et l'auteur du présent blogue!

Un café-historique c'est quoi? Une conférence dans un contexte plus informel ou des conférenciers viennent discuter d'un sujet historique. Bien entendu, il y a une conférence, mais aussi et surtout une belle place pour parler aux conférenciers, interagir à l'extérieur du contexte des universités ou des colloques et congrès. Une façon de présenter des sujets d'actualité en  histoire (ou dans le cas de la première conférence) dans un contexte très favorable aux échanges.
 
Voici l'affiche qui les annonce!

samedi 30 octobre 2010

Quelques petites brèves... sur l'actualité à Québec

Cette semaine, Histoire et Société vous offre quelques nouvelles brèves tirées des journaux feuilletés durant la première année d'existence du blogue. Tous ces journaux se trouvent numérisés sur le site de la collection numérique de Bibliothèque et archives nationales du Québec. Où est le lien avec l'actualité? Aucun. Mais c'est tout de même intéressant. Tous les extraits seront donc identifiés par leur journal, la date et la page. Les transcriptions sont toutes intégrales, incluant les erreurs, majuscules, accents ou absence de ceux-ci. Ces citations seront présentées en ordre chronologique, en commençant par la plus éloignée dans le temps. Qu'est-ce qui justifie leur choix? Des citations qui représentent bien certains aspects des médias à leurs époques respectives? Le petit sourire en coin à la lecture? En cette mi-session universitaire, c'est la mise à jour que nous proposons. Bonne lecture

« If the beginning of the Winter was remarkable for its mildness, a balance has been pretty well struck these three or four days past, by the extreme severity of the weather. [...] Other accidents by the forst are spoken of; but as we cannot vouch for their truth, we dare not venture to particularize them » (The Quebec Mercury, le lundi 20 janvier 1812, p. 7)

« Ceux qui voudront envoyer des Communications pour le Canadien et qui ne voudroient pas être connus pourront les mettre dans une Boëte placée à cette effet, au haut du second escalier dans la maison de Madame veuve l'Heureux, audessus sera écrit Boëte. » (Le Canadien, le samedi 1er novembre 1817, p. 1)

« WHEREAS Madelaine Vermet, my wife, has thought proper to leave my house without legal cause, I hereby give notice, that I will not be responsible for any Debt she may contract, in my name from this day. ISAAC CONCIGNY » (The Quebec Mercury, le mardi 30 septembre 1817, p. 7)

« We are sorry to learn, that the Manor House, at St. Marie's, Nouvelle Beauce, belonging to Madame the widow Taschereau was wholly consumed by fire between the hours of two or three o'oclock yesterday. All the males of the family were absent at the election when the accident occured, and little of the furniture was saved; unfortunately, no part of the property was insured » (The Quebec Mercury, le mardi 14 août 1827, p. 6)

« LES ABONNÉS de ce Journal sont priés de nous faire parvenir le montant de leurs abonnemens, surtout ceux qui n'ont encore rien payé pour l'année expirée [...] » (Le Canadien, le vendredi 2 novembre 1832, p. 2)

« Le prince de Galles a l'ennui de se voir menacer d'une calvitie précoce. » (Le Canadien, le lundi 30 septembre 1872, p.3)

samedi 23 octobre 2010

Pas de mise à jour... enfin presque pas...

Comme le titre l'indique, il n'y aura pas de mise à jour formelle cette semaine. Si vous êtes aux études universitaires, c'est probablement le début de votre semaine de lecture. Bonne semaine. Pour les autres, c'est l'automne qui se poursuit. Dans mon cas, c'est probablement la période la plus animée de l'année. Ainsi, j'abdique cette semaine. Mais sans faute, j'y serai la semaine prochaine. Donc rendez-vous le 30 octobre. Spécial Halloween? Peut-être...?

Pour faire suite au billet de la semaine dernière sur l'interprétation du patrimoine, je voulais simplement vous aviser qu'il existe un programme court de 2e cycle offert à l'Université du Québec à Trois-Rivières qui aborde directement ce genre de questions et de problématiques. C'est le Programme court de 2e cycle en interprétation et médiation culturelles. J'y suis présentement inscrit et serai donc de la première cohorte de diplômés après le cours de la session d'été 2011. Cliquez sur le titre du programme pour avoir accès à la page de celui-ci.

Entre temps, il y a tout de même ceci:

Dans le cadre d'un de mes emplois, j'ai été présenté une partie de l'histoire des Plaines d'Abraham et surtout de la prison qui s'y trouve (la deuxième prison de Québec, aujourd'hui faisant partie du Musée National des Beaux-Arts du Québec) à la station radiophonique CHOI-FM (RadioX, 98,1FM) de Québec dans l'émission Maurais Live. Écoutez l'extrait en cliquant sur ce lien, l'entrevue commence vers 11h11 et vous pouvez aussi la trouver au format mp3 ici.

samedi 16 octobre 2010

ESSAI: L'historien et la cité (1) : le rôle d'interprète du patrimoine

Le congrès annuel de la Société des musées québécois se tenait du 12 au 15 octobre dernier à Québec. Sous la thématique Patrimoine immatériel et musée: enjeux et défis, le congrès a été l'occasion d'entendre plusieurs intervenants du milieu muséal, un milieu professionnel où il se pratique beaucoup d'histoire scientifique, venir présenter différents problèmes face au patrimoine immatériel. N'ayant pas pu assister aux séances, la tenue de ce congrès est néanmoins une belle opportunité pour discourir encore un peu sur le rôle de l'historien hors des milieux académiques. Et bien que, de source sûre, les intervenants du congrès n'aient pas vraiment aborder le rôle d'interprète, nous allons chercher à en parler un peu plus en détail. Un long billet qui n'est que le début d'une plus longue réflexion encore...

Source: Un guide des Services historiques Six-Associés interprétant Charles Dickens lors de la visite de Noël en 2004-2005, dans le Vieux-Québec, près du parc Cavalier-du-Moulin. (photographe, Annie Boulanger). Archives des Six-Associés.
Les choix qui se présentent à l'historien après des études universitaires sont nombreux.  Mais, force est d'admettre que l'historien qui désire faire de l'histoire dans le sens où il serait appeler à étudier et comprendre le passé, le tout hors des milieux universitaires, ne sont pas nombreux. Une des meilleures options est certainement la recherche pour des firmes spécialisées. Ces firmes existent et sont bien nombreuses. Ce billet ne traite pas de cette option. Ce billet traite d'une autre option qui peut être intéressante: l'interprétation de l'histoire ou plus justement l'interprétation du patrimoine. Nous voulons ici faire la distinction entre histoire et patrimoine. En effet, l'histoire, c'est-à-dire une étude du passé à travers une méthode scientifique en étudiant, comparant et mettant en relation des sources variées est une chose. Nous sommes conscients que c'est un objectif noble. Mais nous ne croyons pas possible de faire de l'interprétation de l'histoire.
 http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e4/Freeman_Tilden.jpg
Source: « Freeman Tilden », US National Park Service, consultation en ligne, 16 octobre 2010.
L'interprétation est théorisée pour la première fois par l'Américain Freeman Tilden (ci-haut). Tilden est un journaliste qui publie pour la première fois en 1957 une étude qui présente différentes règles relatives à l'interprétation dans son livre Interpreting our Heritage (University of North Carolina Press, 1957) à la suite d'une demande par le service national des parcs des États-Unis. Pour les besoins de cet exposé, nous avons choisi de conserver la définition du Conseil International des Monuments et Sites qui définit l'interprétation comme suit: 
« l'interprétation renvoie à l’ensemble des activités potentielles destinées à augmenter la conscience publique et à renforcer sa compréhension du site culturel patrimonial. Ceci peut inclure des publications, des conférences, des installations sur site, des programmes éducatifs, des activités communautaires ainsi que la recherche, la formation et l’évaluation permanente du processus même d’interprétation. » (tiré de Charte ICOMOS pour l'interprétation et la présentation des sites culturels et patrimoniaux, 2008, consultation en ligne)
Donc, il s'agit « d'augmenter la conscience publique » en faisant un exercice de communication qui peut devenir très complexe. On sort donc nécessairement de la sphère universitaire et des recherches qui ont besoin, pour être valables, qu'un ensemble de sources et d'arguments soient présentés et organisés en suivant une méthode scientifique. Pas que l'interprétation ne réponde pas à ses propres principes et méthodes rigoureuses; ce ne sont simplement pas les mêmes que les méthodes de l'historien académique.

 
Source:  François Poisson des Barbares Obliques de Trois-Rivières qui présente le Tour de peur de Trois-Rivières, (photographe, François Pilon), consultation en ligne, 16 octobre 2010.

Ainsi, le patrimoine côtoie cet univers, mais est motivé par d'autres objectifs. objectifs qui se rapprochent de ceux de l'interprétation. De fait, nous acceptons la définition du Groupe-conseil sur la politique de patrimoine du Québec qui définit comme patrimoine « [...] tout objet ou ensemble, matériel ou immatériel, reconnu et approprié collectivement pour sa valeur de témoignage et de mémoire historique et méritant d'être protégé, conservé et mis en valeur» (consultation en ligne, p. 33)

Crédit : Musée Stewart









Source: La photo présente un guide du Musée Stewart de Montréal qui présentait « Le sentier des noctambules »,  une visite animée en raquettes, consultation en ligne, 16 octobre 2010.

On fait donc référence à un objet qui est « reconnu », donc qui a déjà été étudié sur les bancs universitaires; on fait référence à la valeur de « témoignage et de mémoire historique » qui implique une appropriation émotive par le public; et on fait référence à ce qui mérite d'être « protégé, conservé et mis en valeur » donc un choix qui est soit public, soit politique, soit organisationnel parce qu'une personne a décidé que ce passé devait être transmis aux générations futures. Bref, l'action de transmettre (comme l'action de produire de la recherche en histoire académique d'ailleurs) n'est jamais fortuit.

François Vidal à la Place Royale à la fin d'une visite à pied du Vieux-Québec
Source: Le guide François Vidal des tours Voir Québec à la Place Royale à la fin d'une visite guidée du Vieux-Québec, consultation en ligne, 16 octobre 2010.

Ainsi, l'historien formé à l'université ne sera peut-être pas appelé à y faire carrière. Il doit donc se trouver sa niche. N'est pas donné à tout le monde de commencer à publier ou à chercher de façon satisfaisante. Et il ne faut pas se le cacher, la connaissance du passé prend souvent la forme d'une passion chez ceux et celles qui désirent poursuivre en histoire. Et l'interprétation du patrimoine est certainement une des bonnes options. L'historien universitaire est bien outillé pour faire face aux défis de la profession de guide. Une solide méthode scientifique pour lire et comprendre des sources et du matériel historique, un esprit de synthèse aiguisé. Ne lui reste plus qu'à acquérir de l'expérience pour s'adresser au grand public, rien qu'une bonne formation en animation ne peut apprendre (entendu qu'il faut aussi avoir l'intérêt de parler de ces connaissances au public). Mais ce domaine est ingrat.

Rares sont les employeurs et les organismes qui reconnaissent à sa juste valeur ce travail. Premièrement, on fait face à un important problème étymologique: guide, guide-animateur, interprète, guide-interprète, guide-accompagnateur, guide d'établissement et animateur ne sont que quelques concepts qui vont renvoyer, tantôt à la même réalité, tantôt à des réalités très différentes. Et ce, sans parler d'acteurs qui font du théâtre de rue historique, de chauffeurs de taxis ou de calèches qui offrent des visites, de guides d'établissement, des autres historiens et spécialistes du passé qui deviennent guides le temps d'une promenade ou d'une conférence, des généalogistes et j'en passe!

Nous croyons que le guide, peu importe sa forme (qu'il soit costumé en personnage historique ou non, qu'il interprète un personnage spécifique ou inventé ou encore qu'il se présente simplement en tant que guide) est une courroie importante de transmission de notre passé ou plus réalistement de notre patrimoine (bref des éléments de notre passé que nous souhaitons transmettre aux générations futures). Qui de mieux qu'une personne bien formée et compétente pour répondre aux questions des visiteurs? Qui de mieux qu'une personne présente pour écouter les réactions des visiteurs aux contenus d'expositions ou de visites pour ajuster les contenus pour mieux répondre aux demandes des visiteurs? Qui de mieux placer pour parler de patrimoine immatériel, de choses qu'on ne peut voir ou encore mieux, pour aider à comprendre les témoignages qui présentent ces réalités immatérielles? Qui de mieux pour aider à créer une expérience « plurisensorielle » qui sera inoubliable? On vise encore présentement le multimédia, l'exposition interactive, l'expérience de sentiments en manipulant des objets ou oeuvres originales. Mais le guide qui arriverait avec des connaissances et de bonnes techniques pourrait encore mieux répondre aux attentes spécifiques des visiteurs.

Que plusieurs sites patrimoniaux et musées laissent tomber leurs propres guides par des salaires de misère, des conditions de travail désuètes ou en considérant que ce travail devrait revenir aux seuls bénévoles ou aux étudiants au salaire minimum pour l'été est une absurdité. Et c'est trop souvent la réalité. ATTENTION: nous croyons que sans les bénévoles, les institutions patrimoniales (et par extension les institutions culturelles au sens large) sombreraient dans des abysses insondables et ne pourraient survivre (l'image est un peu forte, mais néanmoins vraie). Mais il est surtout vrai que les guides sont une des ressources les moins bien exploitées par un bon nombre d'institutions.

Nous croyons que l'historien formé à l'université devrait largement, selon ses envies et compétences, intégré le marché du travail dans les postes de guide. La méthode historique est une méthode scientifique rigoureuse pour approcher des réalités du passé et savoir en tirer ce qui est le plus significatif. Ainsi préparés, ces guides pourraient devenir de bonnes courroies de transmission au public, mais aussi aux autres guides de leurs organisations respectives. Cela permettrait aussi d'assurer que des historiens continuent de travailler en histoire, non plus comme « créateurs » de nouveaux savoirs, mais comme vulgarisateur ou de façon plus appropriée, comme « valorisateurs » de notre patrimoine. C'est une façon différente de considérer le travail de l'historien professionnel, mais une réelle alternative au monde universitaire où, au demeurant, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. Pour ce faire, nous croyons qu'il est important de militer pour des meilleures conditions de travail pour les guides au sens large.

Voici nos principales suggestions pour les employeurs (et pour les employés!):
* Une rémunération respectueuse basée sur la formation académique - un guide détenteur d'un bacc. ou d'un maîtrise et qui est sélectionné pour ces compétences particulières ne devrait jamais accepté un salaire équivalent à celui d'un employé occupant un poste sans formation (nous sommes conscients que la réalité de l'économie, de l'offre et de la demande, est toute autre. Mais il est crucial de milité activement pour ceci dans vos milieux de travail - les organisations muséales vont peut-être arrêté de se demander pourquoi le poste de coordonnateur à 13$ de l'heure est vacant tous les six mois...) ;

* Des responsabilités de recherche et de développement qui sont intimement liées à ces formations  académiques pour augmenter le sentiment d'appartenance et la rétention du personnel (par exemple, le guide formé en histoire est en mesure de faire des recherches et le guide formé comme un technicien de l'animation peut être le plus à même de trouver les bonnes façons de transmettre cette information)

* Le respect des compétences à l'interne: si un guide est formé en histoire, il peut faire bénéficier de ses propres recherches et lectures au reste de l'organisation, incluant les individus qui font des recherches historiques comme travail de base.

* Miser sur la formation: des cours de contenu et des cours de contenant. Demeurer au fait de la mise à jour des compétences. Rendre accessible des articles scientifiques pertinents. Créer des groupes informels de transmission des connaissances. Bref, professionnaliser ce domaine de travail.

Il est certain que toutes les organisations n'ont pas les mêmes moyens. Je parle ici d'idéaux qui devraient être des objectifs prioritaires. Avec les offres culturelles et patrimoniales de plus en plus variées, il faudra plus que des objets ou des stations multimédias ou interactives pour attirer et garder vos visiteurs. Il faudra des guides formés, compétents, dynamiques et qui peuvent justement permettre un niveau d'interaction beaucoup plus dense avec vos sources et vos objets d'exposition ou de visites que les seuls objets ou témoignages. Depuis toujours, les guides ont été écartés au profit des contenus. Il est temps de se poser des questions... Nous sommes conscients que pour plusieurs organisations, la réflexion est encore loin de la situation idéale. Mais nous proposons ici d'amorcer ce qui deviendra, nous l'espérons, un changement profond de la reconnaissance de notre passé en accordant la chance aux vrais professionnels de celui-ci de pouvoir continuer à transmettre les connaissances les plus près possibles du milieu scientifique de la meilleure façon possible.

Note: Il est à noter que pour les besoins de ce billet, nous avons volontairement laissé de côté la notion de médiation ou de médiateur qui est récemment appliquée à la culture. En effet, le médiateur est l'individu qui essaie de rapprocher le visiteur défini d'une réalité culturelle (dans notre cas patrimoniale) en utilisant un ensemble encore plus direct de techniques que le seul interprète. Bien que ce débat entre interprétation et médiation soit important, pour simplifier une lecture déjà assez technique, nous avons voulu éviter les définitions supplémentaires et ainsi aborder l'interprétation au sens très large.

samedi 9 octobre 2010

Le Colisée de Québec, 1949 à aujourd'hui

Note: Histoire et Société a un an aujourd'hui! Je vous invite à consulter nos archives que vous trouverez dans un menu à gauche ou à effectuer une recherche dans ces mêmes archives en utilisant la barre prévue à cet effet pour consulter l'ensemble des capsules actuellement publiées! Bien que le projet actuel ne ressemble pas entièrement au projet « collaboratif » qui était prévu, je suis très heureux d'avoir pu vous présenter près d'une cinquantaine de clins d'oeil sur l'histoire de Québec. Dans la première année, Histoire et Société a été le sujet de quelques articles dans certains médias, j'ai effectué quelques entrevues et mêmes des capsules à la radio, d'autres projets sont actuellement en développement. L'année 2010-2011 sera au moins aussi intéressante. Merci de nous lire!

Après la « marche bleue » la semaine dernière et un article sur les Nordiques dans l'AMH, nous avons cru bon nous intéresser au « matériel » qui est espéré à travers l'actuelle effervescence dans la région de Québec, c'est-à-dire la construction d'un nouveau centre multifonction (ie l'amphithéâtre). Bien entendu, il existe déjà un amphithéâtre à Québec, le Colisée Pepsi, et nous avons voulu essayer de faire un bref survol de son histoire en remontant à sa construction.

L'histoire du Colisée est intimement liée au à celle du pavillon de l'Agriculture de la Commission de l'exposition provinciale et de l'histoire de la patinoire du parc Victoria. En effet, cette dernière étant détruite par un incendie en 1942, l'équipe professionnelle de l'époque, les As de Québec qui jouait au parc Victoria, doit trouver un nouveau domicile. La Commission de l'exposition provinciale décide de modifier son pavillon de l'Agriculture (construit en 1930) et y installe une patinoire intérieure en 1942. On ne parle pas encore du Colisée de Québec. Les activités de cet amphithéâtre seront également interrompues par un incendie. Ce premier « Colisée »  est la proie des flammes et les dégâts sont évalués à plus d'un million de dollars! Mais il n'y a plus d'aréna digne d'accueillir les équipes professionnelles et junior de Québec... (en passant, le pavillon de l'Agriculture sera reconstruit et deviendra le pavillon de la Jeunesse en 1970, aujourd'hui sous la gestion de ExpoCité).


Source: « Quebec Aces, 1949 », image d'origine inconnue, consultation en ligne, 9 octobre 2010.

C'est donc après l'incendie de la première patinoire du pavillon de l'agriculture, le 15 mars 1949, que la ville décide de construire le Colisée de Québec. On fait appel à l'architecte Rob Zabrowski. La construction débute officiellement le 24 mai 1949. On travaille d'arrache-pied tout l'été et tout l'automne pour finaliser la construction avant de la fin de l'année. On réussit ce tour de force parce qu'on présente, le 8 décembre 1949, une première rencontre sur la patinoire du Colisée qui oppose les As de Québec aux Citadelles de Québec. Cette première partie se déroule devant un amphithéâtre vide... de sièges! En effet, on n'avait pas encore installé les sièges dans le Colisée, opération qui sera effectué pendant les semaines suivantes. On finit par y installer des sièges pour 10 004 spectateurs. Le record absolu de foule sera établi le 25 avril 1951. Pendant une partie qui opposait alors les Flyers de Barrie aux Citadelles des Québec, on entasse 16 806 entre les murs du Colisée. Bien entendu, on dépasse de plus de 6000 personnes la capacité assise de l'amphithéâtre pour cette partie de la finale de l'Est de la Coupe Memorial, coupe remise à la meilleure équipe junior au pays.

Le vieux Colisée à Limoilou, à Québec, pourrait... (Photothèque Le Soleil)
Source: « Le vieux Colisée à Limoilou, à Québec, pourrait dépanner une éventuelle équipe de la LNH à Québec. », Photothèque Le Soleil, consultation en ligne, 9 octobre 2010.

Pour l'arrivée des Nordiques de Québec dans la Ligue Nationale de Hockey, pour la saison 1979-80, on décide d'agrandir l'édifice et on y installe environ 5000 sièges de plus pour que le Colisée atteigne sa capacité maximale actuelle de 15 176 places. Depuis 31 ans maintenant, l'amphithéâtre n'a pas connu de modifications majeures et a accueilli des parties de plusieurs équipes juniors et professionnelles de hockey en plus de parties de roller-hockey et de nombreux spectacles de musique et démonstrations culturelles. En 1999, la ville vend une commandite à la compagnie Pepsi Co. et le Colisée sera désormais connu comme le Colisée Pepsi. Il demeure aujourd'hui l'amphithéâtre au plus grand nombre de sièges de la ville de Québec.

samedi 2 octobre 2010

Les Nordiques de Québec dans l'AMH, 1972-1979

Le samedi 2 octobre 2010, à peu près tous les médias du Québec ont fait grand cas de la « Marche Bleue » (voyez les textes de cyberpresse, de radio-canada et du Journal de Québec en cliquant sur les liens). Ce rassemblement a, selon qui veut bien en parler, des objectifs différents ou multiples incluant le retour d'une franchise de la Ligue nationale de Hockey (LNH) dans la Vieille Capitale ou la construction d'un nouveau « complexe de divertissement » (lire un nouvel amphithéâtre multifonction). Puisque le bleu est la couleur de l'ancienne équipe de hockey professionnelle de Québec de la Ligue nationale, les Nordiques, nous avons décidé de nous attarder à une période de leur histoire, soir leur participation à l'Association mondiale de Hockey (AMH), entre 1972 et 1979.


Source: Affiche promotionnelle publiée en page 7 du journal L'Action-Québec, le jeudi 12 octobre 1972. Bibliothèque et archives nationales du Québec, consultation en ligne, 2 octobre 2010.

Lors de leur première saison à Québec, les Nordiques ne sont pas une nouvelle concession à proprement parler. En effet, les dirigeants de l'AMH ont réussi à vendre la concession de San Francisco (appelée les Sharks) avant même le début de la première saison de la ligue à un groupe d'investisseurs de Québec. Ce groupe, surnommé « groupe des six », était formé de Marius Fortier, Marcel Bédard, Léo-Paul Beausoleil, John Dacres, Jean-Marc Bruneau et Jean-Claude Mathieu, s'était départi de leurs intérêts dans l'équipe junior des Remparts de Québec pour investir dans une équipe professionnelle. 


Petit film de Pierre Letarte de l'Office national du film du Canada à propos des parties pré-saison et des moments qui mènent à la première partie des Nordiques de Québec. Visionné le 2 octobre 2010.

L'arrivée des Nordiques marquait le retour du hockey professionnel à Québec depuis les années du Quebec Hockey Club (mieux connu comme les Bulldogs de Québec). La transaction de 215 000 dollars (un somme importante comparativement aux autres franchises de l'AMH, mais assez petite par rapport aux quelques millions demandés pour une équipe de la LNH à cette époque) est conclue le 11 février 1972, la veille du premier repêchage de l'AMH. Mais il faut maintenant trouver l'argent pour exploiter l'équipe. Aidés in extremis par le propriétaire des Oilers de l'Alberta qui garantit 100 000 dollars à l'équipe, on fera finalement une levée de fonds à Place Laurier, le 5 mai 1972, où les Nordiques réussiront à amasser plus de deux millions de dollars pour leur fonctionnement. Pour aider la ligue à recruter les jeunes talents, l'âge minimum du recrutement des joueurs y est plus bas que dans la LNH. Mais il reste difficile de convaincre les vedettes établies de faire le saut. Non pas que personne ne vient jouer dans l'AMH (Bobby Hull signe entre autre le premier contrat d'un million de dollars avec les Jets), mais Québec n'a pas le plus grand pouvoir d'attraction. Néanmoins, on est prêt à jouer.


Source: Les photographes Kedl, l'édition 1972-73 des Nordiques de Québec, consultation en ligne, 2 octobre 2010. 

Les Nordiques vont jouer leur première partie le 11 octobre 1972 (défaite face aux Crusaders de Cleveland). Le premier entraîneur-chef des Nordiques est un certain Maurice Richard, qui ne restera en poste que pour les deux premières parties de la première saison, sentant trop de pression et étant déjà très engagé dans d'autres projets. Bien que ces débuts semblent difficiles, l'équipe connaîtra de bons moments. Ils vont d'ailleurs remporter le championnat de la ligue à la saison 1976-77 (voir le trophée de Serge Aubry, ci-bas), terminer premier de leur division en saison régulière en 1974-75 et deuxième au classement général de la ligue lors de la dernière saison, en 1978-79. Mais plusieurs autres noms connus ont porté les couleurs du fleurdelisé durant les années AMH. De ceux-ci, on peut mentionner Réal Cloutier, Jean-Claude Tremblay, Marc Tardif, Serge Aubry, Serge Bernier et Richard Brodeur.


Source: "Serge Aubry's 1976-77 Quebec Nordiques Avco Cup Championship Trophy", consultation en ligne, 2 octobre 2010.

Dans la deuxième moitié des années 1970, il est évident que l'AMH et la LNH ne pourront cohabiter longtemps, plusieurs équipes connaissant de problèmes financiers. Débutée en 1977, c'est à l'hiver 1978-79 que les négociations s'intensifient pour une fusion entre la LNH et l'AMH. Bien que la fusion soit rejetée, une entente signée le 22 mars 1978 stipule que quatre équipes incluant les Nordiques, les Jets de Winnipeg, les Oilers d'Edmonton et les Whalers de Hartford joindront les rangs de la LNH lors de la saison 1979-80. Cette fusion confirmait la fin de l'AMH et ainsi s'ouvrait donc un tout nouveau chapitre pour l'équipe de Québec. Cette partie de l'histoire de l'équipe fera l'objet d'un futur message.

Un site incontournable pour en savoir plus
Les Nordiques de Québec - toute l'histoire de 1972 à 1995 , par Benoît Clairoux.

jeudi 30 septembre 2010

Annonce Histoire et Société

Depuis le 14 septembre, j'effectue un retour sur les bancs d'école. Ainsi, la semaine, il est difficile voire impossible de bien mettre à jour Histoire et Société.

Cependant, c'est toujours possible la fin de semaine!

Ainsi, à partir de maintenant, le blogue sera mis à jour les samedis en fin d'après-midi, idéal pour lire le dimanche!
Ainsi, je pourrai faire la mise à jour de la semaine prochaine (le 9 octobre) le jour-même du premier anniversaire de Histoire et Société!

C'est à suivre.

À samedi, le 2 octobre pour la prochaine mise à jour!

mardi 21 septembre 2010

Les courses de chevaux à Québec jusqu'à la fin du 19e siècle

Cette semaine, le site du quotidien Le Soleil annonçait un «renouveau» des courses de chevaux à Québec. C'était en effet le retour des courses de chevaux à Québec après pratiquement une année complète sans course. Bien entendu, les courses de chevaux sont des événements qui étaient déjà présentés à l'époque coloniale. Tentons de trouver les quelques origines de ce sport (puisque entendons-nous, il y en a bien quelques unes).

En Nouvelle-France, on ne peut pas parler de course de cheval au sens sportif du terme.  Il faut certainement attendre l'arrivée de chevaux dans la colonie, vers la fin des années 1660. Cependant, il existait bel et bien des courses, plus souvent informelles, qui mettaient en scène des cavaliers pour trouver quel cheval était le plus rapide. On raconte que ce sont ces courses informelles qui ont forcé les autorités de la ville de Québec à imposer des amendes pour les chevaux ou attelages qui ne respecteraient pas un certain code de la route, une certaine limite de vitesse. Voici d'ailleurs l'extrait d'un ordonnance de l'intendant François Bigot (aucun portrait n'existe) à ce sujet:


[...]Sur le compte qui nous a été rendu qu'au préjudice des différents règlements de police, les charretiers et autres personnes de cette ville, et même les habitants de la campagne qui y viennent, mènent leurs carioles (sic) avec une si grande vitesse qu'il arrive souvent que n'étant plus maîtres de leurs chevaux, ils renversent les carioles (sic) qui se trouvent dans leur chemin, ainsi que les gens de pied à qui ils ne donnent pas le temps de se ranger ; et étant nécessaire de remédier à de pareils accidents qui peuvent être fâcheux, comme on l'a déjà vu.
Nous faisons défenses à toutes personnes qui conduiront des carioles (sic), ou qui seront sur leurs chevaux, de les faire galoper ou trotter au grand trot dans les rues de cette ville ; leur ordonnons, lorsqu'ils trouveront des gens de pied dans leur chemin, de s'arrêter et même de se détourner, afin de leur donner le temps de se retirer ; le tout à peine contre les contrevenants de vingt livres d'amende, payable sans déport, applicable aux hôpitaux et de plus grande peine en cas de récidive.
Mandons aux officiers de police de tenir la main à l'exécution de la présente ordonnance, laquelle sera lue, publiée et affichée en la manière accoutumée, à ce que personne n'en prétende cause d'ignorance. [Transcription trouvée en ligne, 21 septembre 2010, Musée de la civilisation, Québec]

La première course de chevaux « sportive » se tient à Québec en 1767. Cette course est organisée par un dénommé Wilcox et se tient sur les plaines d'Abraham. Ce serait le capitaine Prescott, un officier de la garnison de Québec qui aurait remporté la bourse de 40 piastres en chevauchant la jument Modesty. Mais cela reste somme toute un événement isolé et on ne peut pas encore parler de courses organisées et régulières à Québec.














 

Source: «Quebec Turf Club», boîte de métal conservée au Morrin Centre, Québec. La boîte est identifiée du XXe siècle, mais comme le club se sépare en 1887, on peut croire que la boîte est du 19e. Elle était en la possession d'un des membres de la famille de brasseurs Boswell, de Québec. Consultation en ligne, 21 septembre 2010.

Les courses de chevaux, comme la plupart des sports sous le régime britannique, sont un important facteur de cohésion entre gens d'une même classe sociale. Ainsi, il n'est pas surprenant que la première association sportive de Québec, fondée en 1789, touche le sport hippique. En effet, le Quebec Turf Club représente bien l'attrait des courses de chevaux et de l'espace de socialisation représenté par les sports en général et le sport équestre en particulier.

chevaux
Source: « Course de chevaux sur les plaines d'Abraham au 19e siècle », Royal Ontario Museum, consultation en ligne, 21 septembre 2010.

Ce n'est qu'au début du 19e siècle que les courses seront pourtant organisées de façon plus régulière. Les plaines d'Abraham sont toujours un lieu de prédilection. En effet, les Ursulines louent l'espace de l'actuel « terrain des sports » (c'est-à-dire la plaine devant le Musée national des Beaux-Arts) et c'est principalement à cet endroit que l'on trouvera un hippodrome. Jusqu'au début des années 1830, le Quebec Turf Club organise au moins une journée de course par année. La pratique demeure cependant discriminatoire: les Canadiens(-français) qui n'ont pas accès aux chevaux britanniques se contentent de courses moins prestigieuses et de bourses moins alléchantes, sans compter qu'ils semblent favoriser les courses attelées plutôt que montées que les Britanniques préfèrent.

En 1847, le Quebec Turf Club, soucieux de limiter l'accès au sport et désireux que les sports équestres demeurent la chasse-gardée d'une certaine élite, déménage son hippodrome à l'Ancienne-Lorette pour décourager les ouvriers de venir assister aux courses. Pendant la seconde moitié du 19e siècle, discriminations et diversifications vont entraîner la perte d'intérêt dans la pratique des courses de chevaux. Le Quebec Turf Club cesse d'opérer en 1887.


À lire
Donald GUAY. Histoire des courses de Chevaux au Québec. Montréal, VLB, 1985. 249 pages.

Le livre date peut-être un peu (il a 25 ans), mais reste une très bonne source sur ce sport, écrit par un des auteurs les plus éclairés sur l'histoire du sport au Québec.

mercredi 15 septembre 2010

Une petite attente de mise à jour...

Un horaire particulièrement chargé de travail devra repousser la mise à jour à beaucoup plus tard cette semaine. Vendredi? Samedi? Dimanche? Peut-être même deux mises à jour la semaine prochaine??

En attendant, je vous invite à faire deux choses:

Premièrement, allez consulter le très bon dossier préparé par Vicky Lapointe sur Charles Chambers, un des criminels les plus dynamiques de l'histoire de la ville de Québec, incluant son plus récent article sur le destin de Chambers, confirmant, semble-t-il, le moment de son décès. Allez consulter son blogue, Patrimoine, histoire et multimédia et bonne lecture! Le dossier est bien ficelé.

Deuxièmement, je sais que le Tribunal de l'histoire (présenté par la Commission de la capitale nationale du Québec) a annoncé dans sa programmation une représentation sur les Chambers, mais je vous invite aussi à aller voir la présentation de la Commission des champs de bataille nationaux sur ce thème. En effet, leur activité Le procès de la bande à Chambers (cliquez sur le lien pour les détails) sera présentée le vendredi 17 et le samedi 18 septembre 2010 pour une troisième édition (l'activité a été présentée en 2008 et 2009). C'est une animation historique, à mi-chemin entre le théâtre et l'interprétation qui vous permettra de comprendre un peu mieux le système de justice du début du 19e siècle. Vous assisterez à une partie de l'audience de Chambers et aurez à prendre part au procès. Aussi et surtout, vous pourrez visiter deux lieux très importants pour l'histoire des brigands du Cap-Rouge (la bande de Chambers): les cachots et différentes salles du Morrin centre (qui abritait la prison commune de Québec à cette époque) et la chapelle de la congrégation (aujourd'hui chapelle des Jésuites) qui aurait été « visitée » par Chambers et sa bande en février 1835. La réservation est obligatoire, 418-649-6157!

Bonne semaine!

vendredi 10 septembre 2010

Encore un peu plus loin sur Thomas Pope...

Produire un blogue en lien avec l'actualité présente certainement des défis. Un de ceux-ci est d'offrir une information complète sur tous les sujets. Pour ceux qui sont moins bien documentés, cela peut être un vrai défi. Bref, j'avoue que la maladie du maire Pope me turlupinait, mais les indices s'accumulent...

Morning Chronicle and commercial shipping gazette, 30 juin 1863, p.2, l'article qui annonce le décès du maire:
« [...] Mr. Pope had been a severe sufferer from the disease which has terminated so fatally. »

Presque une réponse claire. En passant, c'est dans l'édition du 2 juillet de ce journal que l'on trouve la meilleure description des funérailles du maire Pope.

Lors de mon prochain 10 minutes de pause, je continue la recherche...

jeudi 9 septembre 2010

pour faire suite au précédent message sur Thomas Pope...

Une question a été soulevée sur le site de socialisation Facebook quand à la cause exacte de sa mort. Voici quelques précisions à ce sujet suite à quelques recherches supplémentaires:

Le Quebec Mercury du 30 juin 1863 déclare à propos de la mort du maire Pope (p.2):
« [...]By advice of his physicians, he proceeded to England in the month of January 1863, and returned on the 7th May last, very little improved in health. He lingered until yesterday afternoon, between one and two o'clock, until death relieved him from his sufferings. » (Si on se fie à l'article du 7 mai, le maire n'est pas encore arrivé en ville et est attendu sous peu)

En retournant dans le temps, toujours dans le Mercury, le 21 janvier 1863, le maire Pope confirme au conseil son départ prochain, probablement à la séance du conseil du 20 janvier 1863 en mentionnant entre autres: « [...] he sincerely hoped this would not be the last time he would have the pleasure of preparing the Finance Report. »

Ainsi, dans l'édition du 23, on parler bien de la séance du 22 janvier 1863 en soulignant l'absence du maire Pope et on confirme l'élection du conseiller Jolicoeur comme maire suppléant...

Maladie? Pas encore découverte...

On trouve bientôt...
 

mercredi 8 septembre 2010

Le maire de Québec, Thomas Pope (1861-1863)

La population du Québec a appris le décès du ministre libéral Claude Béchard à l'âge de 41 ans. Loin de moi l'idée de tenter de faire une biographie de l'homme ou encore de résumé sa carrière. Vous n'avez qu'à ouvrir le téléviseur ou la radio pour cela. Depuis l'organisation plus «moderne» de notre système politique (l'assemblée législative au début des années 1790 ou la création du poste de maire de Québec au début des années 1830), assez peu d'hommes ou de femmes sont pourtant décédés en occupant de grandes fonctions. Certes, on pense à Maurice Duplessis, Paul Sauvé ou Daniel Johnson et plus récemment à André P. Boucher, mairesse de Québec. Mais un des premiers maires élus de la ville est également décédé en fonction, Thomas Pope.
Source: Livernois, «Thomas Pope» (vers 1860), photographie, Bibliothèque et archives nationales du Québec, P560,S2,D1,P1038. Consultation en ligne, 8 septembre 2010.

Né le 16 octobre 1825 à Prescott en Ontario d'une famille écossaise, Thomas Pope étudie pour devenir avocat. Il est admis aux études de droit dès 1849. Il va faire ses études en Écosse, mais revient à Québec où il agira notamment à titre de clerc chez le juge Duval. Il est élu pour la première fois comme conseiller du quartier Saint-Jean en 1858 et le restera jusqu'à son élection à la mairie. Véritable étoile filante, le jeune Pope, âgé de 35 ans, devient le 10e maire de Québec le 22 janvier 1861 (à ce sujet, le site Internet des archives de la ville de Québec le fait naître en 1835, ce qui lui 25 ans, probablement un peu jeune pour une carrière à la mairie).

Source: Ellison & Company, «Thomas Pope, maire de Québec», 1863, photographie, Bibliothèque et archives nationales du Québec, P137,S4,D10,P45. Consultation en ligne, 8 septembre 2010.


Il est élu à la mairie devant Abraham Joseph en proposant surtout un assainissement des finances publiques municipales. Cependant, il ne pourra pas vraiment mener ses réformes à terme. Ainsi, sa réalisation la plus visible encore aujourd'hui à Québec est certainement la série d'arbres qu'il a demandé de faire planter au coeur de la place d'armes, dans le Vieux-Québec. Il a aussi essayer d'améliorer le lien Québec-Lévis par des bateaux plus modernes en été et un pont de glace plus solide en hiver. Sa principale erreur aura été un contrecoup de ses volontés: en voulant ralentir les emprunts et garantir les remboursements de certaines dettes de la ville, il empêcha les travaux de modernisation de l'aqueduc de se poursuivre ce qui contribua aux ravages des incendies de 1861 et 1862 dans le faubourg Saint-Jean Baptiste.


Source: L.P. Vallée, «Quartier Vieux-Québec - Place d'Armes», vers 1880, photographie, Bibliothèque et archives nationales du Québec, P1000,S4,D60,P3. Consultation en ligne, 8 septembre 2010.

Pope, âgé de 37 ans, décède le 29 juin 1863. Voici une transcription du texte paru dans Le Canadien, 1er juillet 1863, page 2
«Nous avons la douleur d'enrégistrer dans nos colonnes de ce jour la mort de notre regretté Maire, feu Thomas Pope, écuyer, avocat, arrivée, hier avant-hier après midi, à sa résidence sur le Cap, dans sa 37e année. [Petite note: Pope avait 37 ans lors de son décès, il devrait donc être dans sa 38e année de vie puisqu'on fête notre anniversaire à la fin de notre année de vie.]

M. Pope était un de ses jeunes hommes qui doivent à l'emploi persévérant et énergique de leurs facultés la position qu'ils se sont faites dans la société et leurs succès dans l'exercice de leurs professions. Comme avocat, il s'était fait un beau rang au barreau, et comme homme public, il était dans la voie de devenir une de nos célébrités. Loin de rien perdre de sa popularité durant le temps de sa mairie, la manière dont il s'acquitta de tous ses devoirs ne fit que le retremper, et sa réélection à l'unanimité des suffrages le prouve assez. Malheureusement sa carrière a été trop courte et sa mort laisse des regrets universels après lui; mais si la première est déplorable, la seconde reste un exemple sous les yeux de nos jeunes hommes pour leur montrer dans elle le prix de la persévérance dans les voies du travail et de la possession de ces heureuses qualités qui font apprécier un homme et le rendent chers aux yeux de ses concitoyens.
Ses obsèques ont eu lieu ce matin, et le concours qui entourait son tombeau atteste assez de l'estime qu'on lui portait.»

On dit que «[...]La foule des citoyens qui ont accompagné les restes mortels du regretté défunt était très considérable» (Le Canadien, 3 juillet 1863, p.2). La sépulture de Thomas Pope est toujours au cimetière Belmont de Québec (Sainte-Foy), où il a été enterré après le service qui fut lui célébré à la Cathédrale de Québec. Pope sera remplacé par Adolphe Guillet dit Tourangeau, élu par le conseil à l'été 1863 puis réélu lors des élections du 3 décembre 1863.