dimanche 30 janvier 2011

Les rébellions de 1837-38 (1): la situation à Québec

Ah! La faim! La faim! Ce mot-là, ou plutôt cette chose-là, a fait des révolutions; Elle en fera bien d'autres! (Gustave Flaubert, Agonies, 1838)
On pourrait vaguement qualifier de révolution « de la faim » ce qui se passe ces jours-ci dans certains pays d'Afrique du nord et du Moyen-Orient. C'est une simplification, mais la Tunisie (suivez les informations sur The Guardian et un dossier sur Libération.fr) et l'Égypte (The Guardian, Cyberpresse.ca), sans parler du Yémen, de la Jordanie ou même de l'Algérie plus tôt en janvier voient tantôt des manifestations populaires ou tantôt des gouvernements qui tombent au nom de meilleures conditions de vie (emploi, logement, nourriture). Rien, au Québec n'a jamais pris cette proportion en termes de mouvement populaire. Mais en termes de soulèvement, le Québec a bien connu les rébellions de 1837-38 (ou rébellions des patriotes).

Nous publions ici un premier message sur ce sujet, pour tenter d'expliquer les réactions dans la ville de Québec, mais il va sans dire que les prochaines semaines verront de nouveaux messages sur ce thème. Bien entendu, ces messages demeurent dans l'esprit du blogue: ce sont de courtes introductions à un sujet précis. Loin de nous l'idée de nous lancer dans une nouvelle description de ces événements. complexes Les sources sont nombreuses et la forme actuelle de notre carnet ne permettrait pas de bien saisir l'étendue du sujet.


Source: consultation en ligne, 30 janvier 2011.

Pendant le soulèvement des patriotes, Québec est la capitale de la colonie du Bas-Canada. En ce sens, elle est le siège de l'assemblée législative, celle-là même où les élus du parti patriote (nommé parti canadien avent 1826 et dirigé par Louis-Jospeh Papineau) travaillent et y ont fait adopté les 92 résolutions le 21 février 1834. Ce « programme » se confirme à travers l'élection plébiscitaire de l'automne 1834, où 77 représentants sur 84 sont patriotes, incluant des anglophones. Présenté simplement, les 92 résolutions étaient un ensemble de 92 propositions pour réformer le système parlementaire colonial. Parmi les principaux défenseurs de ces résolutions se trouve Elzéar Bédard (ci-haut), premier maire de Québec, un patriote modéré.

Fichier:GG-Archibald Acheson.jpg
Source: R.J. Lane, « Archibald Acheson, governor of British North America»  (1828), consultation en ligne, 29 janvier 2011.

Pour réagir, Londres nomme, à l'été 1835, Archibald Acheson, comte Gosford, pour remplacer Lord Aylmer en tant que gouverneur du Bas-Canada. Aylmer avait maladroitement tenté de mettre les patriotes au pas, s'attirant les foudres d'une grande partie de la population. Gosford se présente rempli de bonnes volontés et prononce un premier discours accueilli très favorablement:
[...] Quant à l'impression générale qu'il nous a paru produire, elle est favorable sans contredit, et il a fait concevoir des espérances, celle surtout que nous aurions une session fructueuse, chose de grande importance à la suite de deux sessions qui ont été sans résultats pour les besoins ordinaires du pays. (Le Canadien, mercredi 28 octobre 1835, p.2)
Cette possible lune de miel est de courte durée, alors que des informations en provenance du Haut-Canada confirment aux patriotes que Gosford n'a pas la liberté pour répondre aux demandes issues des 92 résolutions. Les travaux de l'assemblée seront inévitablement ralentis par cette crise. On essaie certes de continuer de réformer les institutions avec des démarches plus symboliques qu'efficaces, notamment avec la tentative de réforme constitutionnelle menée par le député patriote Augustin-Norbert Morin (ci-bas), du comté de Bellechasse, en 1836.

 http://www.parl.gc.ca/sites/collections/fine_arts/speakers/pre_confederation/province_canada/images/SP_pre03Morin_lg.jpg
Source:  Théophile Hamel, « L’honorable Augustin-Norbert Morin, Président de l’Assemblée législative de la province du Canada, 1848-1851 » (1854), La Chambre des communes, collection patrimoniale, numéro O-430, consultation en ligne, 20 janvier 2011.

Mais l'hiver 1836-37 sera rude, du point de vue politique. Le ministre de l'intérieur britannique, John Russell, écrit 10 résolutions qui rejettent intégralement celles des patriotes. Cette nouvelle, qui atteint Québec au printemps, donne lieu à des grandes assemblées publiques, un peu partout dans la colonie.  La plus courue dans la ville est celle du 4 juin, organisée par A-N Morin où le rédacteur du journal Le Canadien affirme avoir compté plus de 2000 habitants (5 juin 1837, p. 2). Mais les tensions grimpent dans la ville entre patriotes modérés, radicaux et sympathisants britanniques. Ces tensions éclatent rarement en affrontements violents, mais des escarmouches entre sympathisants (patriotes d'un côté et « constitutionnalistes » de l'autre) et du vandalisme sur leurs locaux respectifs sont communs, surtout quand viennent des élections (c'est le cas de la partielle du début juillet 1837 où les combats ont « fait couler beaucoup de sang » (Le Canadien, 7 juillet 1837, p.2).

http://classiques.uqac.ca/classiques/bouchette_robert_sm/bouchette_robert_sm_photo/Bouchette_Robert_sm20.jpg
Source: « Robert Shore Milnes Bouchette », consultation en ligne, 30 janvier 2011.


À Québec, les patriotes les plus en vus sont cependant des modérés: en plus de Bédard et Morin, on pense aux députés Amable Berthelot et George Vanfelson. Mais Robert S. M. Bouchette (ci-haut), un patriote radical (et fondateur du journal patriote bilingue Le Libéral) et ses partisans prennent beaucoup de place. Les deux groupes seront dans une situation pratiquement irréconciliable dès le début de l'été 1837. On sait alors qu'un affrontement est imminent. Le plus important affrontement à Québec se déroule le 19 novembre 1837 entre plusieurs centaines de patriotes et de constitutionnalistes, en marge d'un discours de l'avocat patriote J-Édouard Turcotte (ci-bas). Les avertissements en vue de l'interdiction complète des assemblées se poursuivent.

L’honorable Joseph-Édouard Turcotte
Source: Théophile Hamel, « L’honorable Joseph-Édouard Turcotte, Président de l’Assemblée législative de la province du Canada, 1862-1863 » (1865), La Chambre des communes, collection patrimoniale, numéro O-431, consultation en ligne, 20 janvier 2011.

Il est également connu que les affrontements des rébellions auront surtout lieu dans la vallée du Richelieu. Durant l'hiver 1837-38, Québec, ville de garnison, est sous le coup de sévères règles de police urbaine dont un couvre-feu imposé par une milice « constitutionnaliste », levée rapidement pour remplacer l'armée mobilisée dans la vallée du Richelieu. L'absence des députés (la dernière session parlementaire, qui débutait le 18 août 1837 était prorogée le 26 août) et le climat s'apparentant à l'occupation ont maté bon nombre de patriotes de Québec, souvent plus enclin à la discussion qu'au combat et au soulèvement.

samedi 29 janvier 2011

Le bal de la société des Hommes Gras de New York, février 1877

Pour faire patienter avant la mise à jour de cette semaine qui viendra plus tard aujourd'hui ou demain (dimanche 30 janvier), voici une brève sympathique:

Voici une transcription intégrale d'un bref article tiré du journal Le Canadien, le 26 février 1877, p. 2 :

LES HOMMES GRAS - Le bal annuel de la société des Hommes Gras de New York, ces jours derniers, dans Irving Hall, n'a pas débuté avec son entrain accoutumé. Plusieurs sociétaires, en procédant au pesage obligatoire qui précède le bal, avaient constaté que leurs poids a diminués depuis l'an passé. De là un nuage de tristesse sur beaucoup de fronts. M. Samuel McGraw, particulièrement, semblait inconsolable. Il ne pèse plus que 327 livres. Quarante livres perdues en un an! Cependant, quand la musique a donné le signal de la promenade, et que les hommes gras, ayant chacun une dame grasse au bras, ont commencé à défiler en se dandinant, les fronts se sont un peu déridés. Un peu plus tard, un quadrille de lanciers a fourni aux plus agiles danseurs des deux sexes des occasions de distinction qui ont ramené la bonne humeur, et quand on s'est assis, à minuit et demi, devant les tables chargées de victuailles dodues, tous les visages étaient épanouis.

samedi 22 janvier 2011

De John Gilmour à la côte Gilmour

Petite note: mercredi soir prochain, le 26 janvier 2011, je serai l'invité de l'émission radiophonique 275-Allô sur les ondes de la radio de Radio-Canada. En effet, je répondrai aux questions des auditeurs sur l'histoire de la ville de Québec. Parlez-en à vos enfants de 6 à 12 ans et bonne écoute!

À l'automne 2010, Le maire de Québec Régis Labeaume, exprimait le souhait que la côte Gilmour devrait être ouverte à l'année. Cette affirmation a tôt fait de plonger certains commentateurs dans un débat parfois animé incluant l'étalement urbain, le transport en commun, l'environnement, la sécurité des usagers et même la souveraineté de la ville sur ce parc fédéral. Cette semaine, le site de Cyberpresse.ca rapportait que la  Commission des champs de bataille nationaux annonçait qu'une étude avait été commandée pour voir la viabilité d'un tel projet. Mais avant de célébrer ou non son ouverture hivernale, tentons de découvrir un peu plus l'histoire de cette artère.

Vue de l'Anse-au-Foulon où l'on peut voir les allingues de Gilmour et Company pour le chargement des billes. (item 1)
Source: William Notman, « Vue de l'Anse-au-Foulon où l'on peut voir les allingues de Gilmour et Company pour le chargement des billes » (vers 1860). Bibliothèque et Archives Canada, consultation en ligne, 22 janvier 2011.

La côte Gilmour est nommée en l'honneur du marchand de bois écossais John Gilmour. Né en 1812, il arriver à Québec vers 1832. John est donc un des membres de la grand famille élargie des Gilmour qui s'installe un peu partout dans l'actuel Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario dans la première moitié du 19e siècle pour prendre une importante part au commerce du bois. À Québec, (avec son frère David notamment) l'empire des Gilmour est prospère. Ils opèrent principalement à partir des quais de l'Anse-aux-Foulons (ci-haut), surplombés par la luxueuse résidence de John,  le domaine Marchmont, sise en haut de l'actuelle côte Gilmour. Leur empire sombrera à partir du milieu des années 1860 ou du début des années 1870 en même temps que la baisse drastique du commerce du bois à Québec.  John Gilmour sombrera littéralement avec son empire. Voici un extrait du journal Le Canadien du 28 février 1877, p. 2 :
« DISPARITION - un télégramme de Montréal nous apprend que l'on entretient de sérieuses inquiétudes au sujet de M. John Gilmour de cette ville disparu depuis plusieurs jours. Il avait été appelé à Montréal pour régler certaines affaires ; qu'un nommé  [Thomas] McDuff avait joliment brouillées. M. Gilmour avait été grandement affligé de l'infidélité de cet homme en qui il avait placé toute sa confiance. Il a quitté le St. Lawrence Hall son hôtel et n'est plus revenu depuis. On a trouvé son bagage intact - où est-il allé. ? Nul ne le sait? On croit M. Gilmour parti pour l'Angleterre. Une récompense de $500.00 est offerte à toute personne donnant des informations. »

Le corps de John Gilmour sera retrouvé à la fin du printemps de la même année sous les glaces du port de Montréal. Le nom Gilmour est donc synonyme de la grande prospérité des marchands de bois sur les berges du fleuve pendant l'âge d'or du commerce du bois à Québec, la première moitié du XIXe siècle.

Source: « Premiers aménagements de la côte Gilmour, 22 avril 1931 », Commission des champs de bataille nationaux. L'image se trouve dans Jacques Mathieu et Eugène Kedl, Les plaines d'Abraham: le culte de l'idéal, p. 226.

Mais pour ce qui est de la côte Gilmour, il faut attendre la toute fin du XIXe siècle pour que le chemin de l'Anse-aux-Foulons prennent ce nom. Ainsi, on retrace l'histoire de ce chemin jusque pendant le régime français. C'est un chemin qui empruntait un tracé situé dans la même section du cap-diamant que les soldats du major-général James Wolfe ont emprunté dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759 pour se rendre sur les Plaines d'Abraham, donnant ainsi le nom de Wolfe's Cove Hill à cette côte (Wolfe's cove étant aussi le nom donné à l'Anse-aux-Foulons au début du régime britannique). On l'aurait aussi appelé Marchmont Hill en l'honneur de la résidence de John Gilmour. La côte Gilmour sera réaménagée (ci-haut) dans le cadre des grands travaux publics mis en branle après la Grande Dépression.

 Royal Car, escorted by motorcycles and cars leaving Wolfe's Cove Dock to ascent Gilmour hill on way to Parliament Buildings. (item 1)
Source: « Royal Car, escorted by motorcycles and cars leaving Wolfe's Cove Dock to ascent Gilmour hill on way to Parliament Buildings » (17 mai 1939). Bibliothèque et Archives Canada, consultation en ligne, 22 février 2011. On voit au loin une rangée de curieux sur la côte Gilmour.

En 1947, la Commission des champs de bataille nationaux (créée en 1908 pour administrer le parc urbain formé notamment par les Plaines d'Abraham, legs du gouvernement fédéral pour souligner le 300e anniversaire de Québec) obtient la gestion de la côte Gilmour des villes de Sillery et Québec. En effet, même si la CCBN gérait déjà les terrains entourant la côte, (depuis 1927) cette voie n'était pas encore sous sa juridiction. Depuis, la côte est utilisée en hiver surtout pour les loisirs comme la glissade et le ski.

samedi 15 janvier 2011

Marcel Trudel, 1917-2011, ouvrages sélectionnés

2011 commence avec un départ dans la communauté historienne du Québec. En effet, l'historien Marcel Trudel est décédé le 11 janvier dernier (2011). Pour moi, 2011 commence comme 2010 alors que c'était l'historien états-unien Howard Zinn qui nous quittait le 27 janvier 2010 (loin de moi ici de comparer leurs oeuvres, méthodes ou combats, mais dans mon jeune cheminement, ce sont deux historiens qui ont eu un certain impact). Loin de moi l'idée de présenter ici son parcours de vie ou de représenter la genèse du débat entre l'« École de Québec/Laval» et l'« École de Montréal » sur la Conquête que Trudel a certainement alimenté.  Il me semblait plutôt intéressant de présenter une brève sélection commentée de textes de Trudel pour permettre à ceux qui connaissent moins ses recherches de pouvoir mieux comprendre son impact en histoire de la Nouvelle-France et de l'Ancien régime au sens large. L'organisation des textes est chronologique, selon la première année d'édition.
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(L'image représente non pas la jaquette, mais une page intérieure. Source: le blogue du Grand méchant livre, consulté le 15 janvier 2011).
Marcel Trudel. L'esclavage au Canada français ; histoire et conditions de l'esclavage. Québec, Presses universitaires Laval, 1960. 432 pages.
Alors que l'histoire était encore largement glorifiante et que les héros nationaux (sic) comme Dollard des Ormeaux occupaient encore une importante place dans la mémoire collective alimentée par les travaux des historiens, Trudel publie un livre sur les esclaves et l'esclavage. Il replace l'esclavage dans le quotidien d'une élite coloniale à la réputation presque encore irréprochable. Ce livre a eut l'effet d'une petite bombe au tournant des années 1960, comme il abordait un sujet assez nouveau dans l'étude de l'histoire de la Nouvelle-France notamment. Ce livre se complète bien par  l'ouvrage de Trudel de 19904 (2e édition corrigée de l'original de 1990),  Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires, paru aux éditions Hurtubise HMH. Ces deux livres se trouvent réunis dans l'ouvrage Deux siècles d'esclavage au Québec, un ouvrage de 2004 qui a connu une nouvelle édition en 2009.

Source: site officiel de Marcel Trudel, consulté le 15 janvier 2011.
Marcel Trudel. Le terrier du Saint-Laurent en 1663. Ottawa, Éditions de l'Université d'Ottawa, 1973. 618 pages.
D'abord un simple annexe à l'histoire de la Compagnie des Cent-Associés (paru dans le troisième tome de l'Histoire de la Nouvelle-France), cette oeuvre s'est rendue nécessaire. La quantité d'information qui se trouve dans cet ouvrage est remarquable et situe très bien la situation de la vallée du Saint-Laurent dans la deuxième moitié du 17e siècle. Ce livre a remporté le prix Montcalm du syndicat des journalistes et écrivains de Paris en 1976.


Source: site officiel de Marcel Trudel, consulté le 15 janvier 2011.

Marcel Trudel. La Révolution américaine, 1775-1783 : Pourquoi la France refuse le Canada. Sillery, éditions du Boréal-Express, 1976. 292 pages. Collection 1760.
Jetant un regard intéressant sur la relation France-Canada pendant la révolution américaine, ce livre de Trudel est captivant. Il donne une perspective très « canadienne » (dans le sens de ce Canada historique qu'était la vallée du Saint-Laurent, bien entendu) à la révolution américaine et aux raisons des différentes implications ou absences d'implications d'autorités politiques pour tenter d'influencer ou non le cours de cette guerre. Très intéressant.

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Source: site Internet des éditions du Boréal, consulté le 15 janvier 2011.
Marcel Trudel. Mémoires d'un autre siècle. Montréal, Éditions du Boréal, 1987. 312 pages.
Bien que son travail d'historien doive rester à l'avant-plan, l'autobiographie de Trudel est toutefois fort intéressante. Son parcours de vie, les débuts de la discipline historique à l'Université Laval à travers son poste de « premier professeur d'histoire », son engagement laïc, son départ forcé vers l'Université d'Ottawa, les débats suscités par ses oeuvres, beaucoup de choses y passent. Certainement l'ouvrage idéal pour saisir sa carrière.

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Source: Toutes les images sont disponibles en ligne et tirés du site de l'éditeur Hurtubise, consulté le 15 janvier 2011.
Marcel Trudel. Mythes et réalités dans l'histoire du Québec (5 tomes parus, 2001, 2004, 2006, 2009, 2010). Montréal, Éditions Hurtubise HMH. Collection: Cahiers du Québec: Histoire.
Le grand projet de fin de vie de Trudel. Il semble que l'auteur ait essayé d'écrire une histoire « définitive » et de corriger certaines prises de position tranchées ou convenues sur l'histoire de la Nouvelle-France en particulier. Est-ce que son écriture devenait alors celle de l'historien moralisateur, conforté par une carrière remplie et nouvellement conscient de détenir une compréhension unique de phénomènes larges? Pas vraiment. C'est une écriture dynamique et plaisante que Trudel nous offrait ici sur différentes conceptions de notre passé et le plus grand défaut de cette série est certainement qu'elle demeurera inachevée. Peut-être pas aussi « anecdotique » ou accessible pour le grand public que l'Histoire populaire de Lacoursière, mais combien intéressante.

J'ai volontairement exclu de la liste la grande Histoire de la Nouvelle-France que Trudel avait partiellement rédigée avec l'historien Guy Frégault pour le caractère incomplet de celle-ci. Quoique fort intéressante dans sa forme partielle, cette Histoire était probablement un des rêves les plus ambitieux de la vie de Trudel. J'ai aussi exclus la thèse de doctorat de Trudel sur l'influence de Voltaire au Canada qui avait suscité de chauds débats lors de sa publication, mais qui est une lecture intéressante.

Je tiens finalement (et malgré tout) à souhaiter une très belle et bonne année 2011 à tous nos lecteurs. C'est un vrai plaisir que de partager l'histoire de la ville de Québec et la profession d'historien avec vous.