mardi 27 avril 2010

La bataille de Sainte-Foy, 28 avril 1760

Le 28 avril 2010 marquera le 250e anniversaire de la bataille de Sainte-Foy. Cette bataille, la deuxième à se produire sur les Plaines d'Abraham en moins d'un an, est généralement mal connue et son déroulement exact demeure un mystère pour plusieurs amateurs d'histoire. En voici un bref résumé. 

http://www.septentrion.qc.ca/icono/2007-12-620.jpg
Source: J. Porreau (photographie), François-Gaston Duc de Lévis 1783 Maréchal de France 1787, Bibliothèque et Archives Canada, consultation via le site de Septentrion, 19 avril 2010.

Après l'hiver 1759-1760 marqué par une immense mobilisation de ressources pour les Français, par les rigueurs du climat pour les Britanniques, par une occupation militaire néfaste pour les Canadiens et une période de négociations d'allégeances pour les Amérindiens (Note: les liens dirigent vers les articles respectifs de la série En route vers la bataille de Sainte-Foy rédigés dans les derniers mois), les Français dirigés par François-Gaston de Lévis (ci-haut) sont prêts à frapper pour tenter de reprendre Québec.

 http://www.navy.forces.gc.ca/project_pride/all_images/photo_archive_images/Large/C-002834.jpg
Source: artiste inconnu, James Murray (1719?-1794), Bibliothèque et Archives Canada, consultation en ligne, 19 avril 2010.

L'armée se met en marche à partir de ses quartiers d'hiver, près de Montréal, autour du 20 avril et arrive près de Québec, au fort Jacques-Cartier (près de Cap-Santé), le 24 et 25. L'armée ira ensuite camper le 26 avril à Saint-Augustin.  À cette date, le printemps n'est pas encore tout à fait arrivé. Il reste encore quelques glaces sur le fleuve et la température n'est pas encore certaine. La neige n'est pas encore toute disparue (c'est bien différent de 2010!) et l'approche de Québec doit finalement se faire en grande partie à pied, plutôt que sur l'eau pour faire un débarquement près de Sillery, comme Lévis l'avait espérer. On imagine que James Murray (ci-haut), officier en charge de l'armée britannique, est déjà au courant de l'avance des Français puisqu'il donne l'ordre d'évacuer les civils de Québec dès le 21 avril (l'ordre sera effectif le 24).

Fichier:Battle of Sainte-Foy.jpg
Source: George B. Campion (vers 1850), La bataille de Sainte-Foy (aquarelle), consultation en ligne, 19 avril 2010.
 
Le 27 avril 1760, les Français auront un avant-goût du lendemain. En effet, après avoir traversé les marécages de la Suète, ils auront à affronter un avant-poste britannique près de l'église de Sainte-Foy. Cet affrontement n'est pas une bataille à grande échelle, mais se termine par la retraite des Britanniques vers Québec, non sans que ceux-ci aient mis feu à l'église et à quelques bâtiments attenants. L'affrontement est imminent.

Figure 8—AMERICAN 6-POUNDER FIELDPIECE (c. 1775)
Source: "American Six-Pounder Field Piece (c. 1775)", Albert MANUCY, Artillery Through the Ages, Washington, United States Government Printing Office, 1956 (1949), consultation en ligne, 27 avril 2010. Note: Bien entendu, on ne parle pas ici de la même période, mais l'artillerie britannique (et donc américaine) n'avait pas encore connu de changements énormes entre la guerre de la Conquête et la guerre d'Indépendance des États-Unis.



Le 28 avril, très tôt le matin, les Français se mettent en marche. À ce moment, Murray est sorti sur les Plaines. De son propre aveu, il s'attend à ce que les Français viennent combattre avec pratiquement 10 000 hommes (en réalité, ils sont environ 7000 dont plus de 3000 miliciens et quelques centaines d'Amérindiens) et veut les accueillir. Il s'installe sur les Buttes-à-Nepveu, l'endroit même sur lequel Montcalm s'était installé 7 mois plus tôt avec moins de 4000 hommes. Il dispose d'une vingtaine de pièces d'artillerie également installées entre ses régiments. Sa ligne est potentiellement très efficace et sera difficile à déloger. C'était sans compter sur l'effet que pouvait avoir le "bois de Sillery". En effet, Murray voit une partie de l'armée française sortir du bois (approximativement à la hauteur de l'actuelle rue Holland), constate que cette avant-garde est relativement désorganisée et pense pouvoir porter un dur coup à l'armée française en attaquant immédiatement. Murray quitte donc sa position avantageuse (erreur semblable à celle de Montcalm en 1759) empêchant ainsi son artillerie de supporter efficacement son assaut, sans compter que quelques trous de neige fondante et d'eau rendent la progression de l'armée laborieuse sur les Plaines. Pendant ce temps, le chevalier de Lévis réussit à ramener ses hommes à l'orée du bois pour reformer efficacement ses lignes et se lancer aussi à l'attaque.

Source: Joseph Légaré (vers 1855), La Bataille de Sainte-Foy (huile sur toile), Musée des Beaux-Arts du Canada, consultation en ligne, 19 avril 2010.
Les combats se déroulent presque sur toute la largeur du promontoire de Québec. Au nord, les combats tournent largement autour du moulin (à droite sur la peinture ci-haut) de Jean-Baptiste Dumont, un négociant de Québec qui s'est procuré ce lopin de terre des Jésuites en 1741. Le moulin, avec des murs de pierre d'une auteur de près de dix mètres est âprement disputé entre des grenadiers français et des Highlanders écossais (78th Foot) et de violents combats au corps à corps y feront rage. On s'échange l'avantage du combat pendant de très longues minutes (plus de deux heures) jusqu'à ce que deux ordres indépendants dans le camp français viennent changer la donne. Autant au nord qu'au sud, on ordonne d'encercler l'armée britannique. Le but est de tenter d'attaquer les flancs de la ligne pour ultimement couper la retraite vers Québec et pouvoir anéantir l'armée sur le champ de bataille. La manoeuvre est un succès partiel: elle brise complètement l'ordre de bataille, mais ne coupe pas la retraite. Les Britanniques sont donc forcés de retraiter dans Québec et la victoire est française.

http://warandgame.files.wordpress.com/2008/01/v2_c1_s02_ss02_02.jpg
Source: À gauche, grenadier du régiment de Guyenne avec un caportal du régiment de Béarn (droite), vers 1756. Par Eugène Lelièpvre, consultation en ligne, 27 avril 2010.


La bataille se termine en fin d'avant-midi, peut-être aussi tard qu'en début d'après-midi. Un peu plus à l'ouest que la bataille des Plaines d'Abraham (13 septembre 1759), le résultat est tout différent. Victoire décisive de l'armée française. Les principaux officiers survivront (malgré les blessures dans le cas de François-Charles de Bourlamaque), mais l'objectif n'est pas encore atteint: Murray a pu retraiter en ville, bien installé derrière les fortifications (françaises) de Québec et les deux armées doivent attendre les renforts promis ou espérés de l'Europe qui pourront se frayer un chemin avec la fonte des glaces pour savoir qui pourra espérer crier "victoire"...

À suivre, un dernier article sur le siège de Québec en 1759 et 1760 avec le siège de François-Gaston de Lévis, du 28 avril au 17 mai 1760. Cet article sera publié à la mi-mai 2010 pour terminer le cycle du 250e anniversaire du siège de Québec pendant la guerre de la Conquête.

samedi 24 avril 2010

La bataille de Sainte-Foy dans... Le Soleil

Ce n'est pas encore la mise à jour....Dans l'édition du 24 avril 2010 du quotidien Le Soleil, le journaliste Pierre Asselin propose deux articles:
et

Ce que la version électronique ne dit pas, mais qui est mentionné dans la version papier est qu'une des sources proposées par M. Asselin est la série En route vers la bataille de Sainte-Foy de ce blogue pous souligner le 250e anniversaire de la bataille de Sainte-Foy.

Voici donc les liens directs vers les quatre messages d'intérêt:


Bonne lecture!

Le 27 avril 2010 sera mis en ligne un article sur la bataille du 28 avril 1760. Bonne lecture.

lundi 19 avril 2010

L'organisation du service des incendies de Québec

Exception cette semaine: mise à jour le lundi. 

Aujourd'hui, lundi le 19 avril 2010, les pompiers de Québec se réunissaient pour parler réorganisation. En effet, comme le mentionne ici un article de Radio-Canada, les pompiers réagissent à la restructuration envisagée du service des incendies désiré par le maire de Québec, Régis Labeaume. Ce chapitre n'est que le plus récent d'une série d'accrochages dans les dernières années. Remontant plus loin que le conflit lui-même, nous avons essayé de comprendre la source de celui-ci, soit l'organisation de même du service des incendies de la ville de Québec, depuis ses origines.

Maison Joseph-Canac-Dit-Marquis : Ministère de la Culture, des 
Communications et de la Condition féminine, Pascale Llobat, 2006
Exemple d'un mur coupe-feu de maçonnerie dans la Basse-Ville de Québec. Source: Pascale Llobat, Maison Joseph-Canac-dit-Marquis (vers 2006), photographie, Ministère de la Cultures, des Communications et de la Condition féminine, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Nous avons bien parlé des incendies majeurs du XIXe siècle à Québec, mais tout ceci se déroule alors même que la ville essaye de mettre sur pied un véritable système de lutte aux incendies. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la ville commence à émettre des règles pour la prévention des feux. Par exemple, en Nouvelle-France (à partir du milieu des années 1660), ne pas nettoyer sa cheminée ou ne pas avoir d'échelle pour y avoir accès est passible d'amendes. On impose aussi des murs de maçonnerie plus haut que le toit des habitations aux constructions (murs coupe-feu) et on insiste pour que chaque habitant ait une chaudière prête à servir et intervienne rapidement (au son d'une cloche) dès qu'un incendie se déclare en ville. 

http://img49.xooimage.com/files/a/0/a/quebec_nouvelle_france-736a7e.jpg
Source: Pierre-Louis Morin (1811-1886), Quebec 1700, tiré de l'Histoire des Canadiens-Français de Benjamin Sulte, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Ces règles resteront les règles de base jusqu'au début du XIXe siècle qui voit un des premiers changements majeurs de la lutte aux incendies à Québec, c'est-à-dire l'achat d'une dizaine de pompes à eau par la ville, en 1808, qui sont installées à travers Québec et qui sont utilisées par des sapeurs volontaires (bref, tous les hommes en état qui répondent à l'appel des cloches et des pompiers en chemin). Cette façon de faire continue jusque dans les années 1830. Il y avait bien eu quelques pompes manuelles sous le régime britannique, mais ces pompes sont généralement la propriété de groupes privés qui cherchent à investir ensemble pour conserver leurs propres biens. Ces groupes sont importants puisque ce sont ceux-ci qui seront à l'origine des premiers corps "publics" de protection contre le feu à Québec.

Bédard, Elzéar
Source: Elzéar Bédard, Archives de la ville de Québec, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Au moment où la ville est officiellement organisée, en 1833, elle tient ses premières élections (cliquez ici pour un petit article à cet effet). Lors de la première réunion du conseil (dont on voit ci-haut une photo du maire, Elzéar Bédard),  le 7 juin 1833, on crée justement un Comité du feu. Étudiant les questions liées à ce problème, on est encore loin d'un service  organisé et professionnel d'incendie. On parle à cette époque de pompiers volontaires, organisés en petites compagnies semi-indépendantes. Le Comité fera notamment appel à la Société du feu, (issu des sociétés privées de protection des incendies des marchands de la fin du XVIIIe siècle) premier organisme public reconnu par la ville et reconnu comme tel en février 1832.

Aftermath of a
 fire, probably at Saint-Roch. (item 1)
Source: Aftermath of a fire, probably at Saint-Roch (1866), Bibliothèque et Archives Canada, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Comme le premier aqueduc municipal n'est mis en service qu'en 1854, on doit utiliser les moyens du bord pendant toute la première moitié du XIXe siècle pour combattre les feux. On utilise des sources à proximité des feux et la chaîne de chaudière est certainement un des moyens les plus efficaces pour combattre les incendies, en plus de charretiers qui peuvent être payés pour amener de l'eau près des feux qui sont éloignés des sources. Les hommes travaillent fort: on change de "combattants" toutes les 10 à 15 minutes, les volontaires sur place reçoivent entre 2 schillings (pompier) et 5 schillings (capitaine) pour chaque incendie.

Québec expose ses archives sur le Web 
Source: Archives de la ville de Québec, Pompiers sur un véhicule à incendie, vers 1925 (photographie), consultation en ligne via cyberpresse.ca, 19 avril 2010.

C'est en 1866 que la ville se dote finalement d'un service des incendies "professionnel", le Département de feu de la Cité, où des pompiers sont organisés en six casernes. Ce département verra à la mise sur pied d'un système de télégraphe d'alarme, inauguré en 1867. Ce service de pompier de plus en plus efficace doit tout de même composer avec un système d'aqueduc encore en développement (on peut dire que le service deviendra plus efficace en 1882 grâce à l'ouverture d'une seconde prise d'eau) des problèmes de pression d'eau (même si la ville a fait l'achat d'une pompe à vapeur très puissante dès  1873) et va encore quelques fois solliciter l'aide de l'armée et de la milice pour combattre les grands incendies de quartiers ou de village comme dans Saint-Sauveur en 1889. À la toute fin du XIXe siècle, on peut parler d'un service d'incendie permanent qui pourra se déployer et se développer avec la ville.

Petit rappel: la semaine prochaine, nous allons offrir un article pour le 250e anniversaire de la bataille de Sainte-Foy qui se déroulait le 28 avril 1760. En ligne le 27 avril 2010.

À lire pour plus de détails
GRENIER, Alain. Incendies et pompiers à Québec, 1640-2001. Québec, les éditions GID, 2005. 695 pages.

mardi 13 avril 2010

Histoire de blogues... une liste d'épicerie... (1)

Un petit carnet de rien du tout cette semaine, sur quelques carnets historiques et historiens que je fréquente et quelques notes que je lis par-ci par-là... Une brève présentation de blogues que je visite et d'un autre que je vais surveiller avec intérêt. Je prépare toujours le carnet du 27 avril 2010 sur la bataille de Sainte-Foy (28 avril 1760). À surveiller: c'est le premier numéro d'une série. D'ailleurs, quelques bibliographies commentées sont en chemin. Vous vous rappelez? Comme ce carnet avant Noël sur la guerre de la Conquête?

Patrimoine, histoire et multimédia
Vicky Lapointe, diplômée en histoire (maîtrise, U. Sherbrooke) alimente de façon constante un carnet sur l'histoire. Les technologies ont une place de choix dans la diffusion de l'histoire sur ce blogue, franchement intéressant. Il est énormément mis à jour, c'est donc l'idéal de suivre, je recommande particulièrement son fil twitter qui touche à plusieurs choses.

A Blog about History
En anglais, ce blogue tenu par un anthropologue passionné d'histoire est également fort dynamique sur twitter. Plus une collection d'articles sur l'histoire, grappillés sur tout la toile, que le blogue d'un "essayiste", il est cependant mis à jour très régulièrement et s'intéresse à toutes les périodes et presque tous les sujets. De la pop-histoire assez intéressante. Le blogue existe depuis... 1995! C'est un peu une sorte de portail d'actualité en histoire.

Le blogue de Réjean Lemoine sur monlimoilou
Réjean Lemoine était, jusqu'à il y a quelques années (début 2009 en fait), chroniqueur historique à la Première chaîne de Radio-Canada (radio) à Québec. Très intéressant et très crédible, il offre sur monlimoilou une série d'articles sur la rivière Lairet. Au rythme d'à peu près un par mois, le lecteur peut suivre l'histoire récente de ce cours d'eau en plein coeur de Québec.

Histoire engagée
Une estimée collègue me transmettait cette semaine un petit courriel de la part de l'équipe de rédaction du carnet HistoireEngagée.ca. Penchant francophone du carnet ActiveHistory.ca, ce blogue sera chapeauté (aucun message ni est encore publié) par un comité de rédaction composé d'historiens et de chercheurs en histoire, coordonné par Martin Pâquet, professeur au département d'histoire de l'Université Laval. Bref, avec les moyens et le temps qui sont à la disposition des historiens professionnels et des chercheurs, ils essaient de faire de façon sérieuse ce que j'espérais un jour faire de façon "amateur" (sic) avec Histoire et Société, c'est-à-dire une sorte de lien entre l'historien et l'actualité, une façon de suivre l'actualité sous la loupe de l'histoire. À surveiller avec intérêt. Son pendant anglais, activehistory.ca est également d'un intérêt remarquable!

Petite note sur Michel Chartrand. C'est un des plus grands syndicalistes du XXe siècle qui s'est éteint aujourd'hui, 13 avril 2010, à l'âge de 93 ans. J'ai eu la chance de voir quelques conférences de Chartrand à la fin du XXe siècle. Un homme d'une verve singulière et d'une énergie communicatrice. Un homme engagé. Un homme de conviction. Franchement, peu de gens ont compris ce qu'était la défense des travailleurs comme Chartrand. Je vous invite à lire un billet sur un autre blogue historique, celui de l'historien Carl Pépin.


Petite note sur Terry Fox. Il y a 30 ans hier (12 avril 1980) débutait le marathon de l'espoir (Marathon of Hope) de Terry Fox. Il avait mis le pied dans l'océan au large de Saint-Jean de Terre-Neuve et a dû arrêter sa course près de Thunder Bay, le 1er septembre, après 143 jours et plus de 5000 kilomètres. Il allait mourir le 28 juin 1980.

File:Terry Fox.jpg
Source: monument Terry Fox près de Thunder Bay, près de l'endroit où Fox a arrêté sa course, consultation en ligne, 12 avril 2010.

Petite note sur la chasse à Québec. Comme quoi l'histoire, c'est important. La semaine dernière, plusieurs médias (dont cyberpresse, juste ici; et radio-canada, ici) ont rapporté une histoire comme quoi la chasse est encore permise sur le territoire de la ville de Québec, principalement dans ses parcs. En fait, la chasse n'est pas interdite. Et tout cela grâce à la disparition d'un règlement de 1865, du maire Adolphe Tourangeau (qui a déjà fait l'objet d'un autre carnet) interdisant de tirer d'une arme à feu en ville, règlement qui n'a pas survécu aux fusions, semble-t-il. Il est donc encore légal d'aller chasser dans la grande ville de Québec... jusqu'à ce que le maire en décide autrement...

On se revoit la semaine prochaine!

mardi 6 avril 2010

Quelques incendies à Québec au XIXe siècle (1845 et 1866)


Pour faire écho au projet de musée du feu à l'Autre caserne qui a été annoncé en fin de semaine dans Le Soleil (voir l'article sur cyberpresse.ca en cliquant ici), nous croyons qu'il est important de se rappeler certains des incendies les plus marquants de l'histoire de la ville de Québec. Il faut comprendre qu'il y a bien eu des incendies avant le XIXe siècle à Québec. Mais on parle ici d'incendies majeurs ou des groupes de maisons, parfois même des quartiers entiers sont brûlés. Nous voulons cependant présenter ici le cas de deux années en particulier, soient les années 1845 et 1866. La ville compte, à cette époque, plus de 40 000 habitants (presque 70 000 en 1866) et des quartiers entiers seront rasés lors de quelques incendies. Entre 1815 et 1906, ce sont au moins 25 incendies qui ont brûlé au moins 10 maisons d'un seul coup qui ont lieu... un des plus grands fléaux du XIXe siècle pour les habitants de Québec

Vue panoramique du quartier Saint-Roch, à Québec. Des ruines 
en flamme illuminent la nuit. / Panoramic view of the Saint-Roch 
neighbourhood, in Quebec City, with blazing ruins lighting up the 
night.
Source: Joseph Légaré, Incendie du quartier Saint-Roch vu de la Côte-à-Coton vers l'Ouest, 1845, Musée de la civilisation (collection du Séminaire de Québec), consultation en ligne, 6 avril 2010.

28 mai 1845, sur la rue Arago, dans la basse-ville de Québec, la tannerie Osborne & Richardson prend feu. Ce sont plus de 1630 habitations et 300 hangars et magasins qui vont brûler pendant les six à sept heures où l'incendie fait rage. À ce moment-ci, la construction en bois pour la majorité des maisons est définitivement l'un des facteurs qui aurait permis à l'incendie de se propager plus facilement. C'est l'Assurance mutuelle de Saint-Roch qui couvre une bonne partie des sinistrés et la compagnie sera ruinée, l'ampleur des dégâts l'empêchant même de rembourser certains clients.

Source: Joseph Légaré, incendie du 28 juin 1845 (titre à préciser), Musée National des Beaux-Arts du Québec, consultation en ligne, 6 avril 2010.

28 juin 1845: un mois jour pour jour après l'incendie dévastateur qui a détruit la basse-ville de Québec, un incendie éclate dans le quartier Saint-Jean Baptiste. Ce sont cette fois 1315 résidences qui seront brûlées. Après ces deux incendies qui laissent beaucoup de gens sans résidence permanente, la ville décide de resserrer les règles de construction en interdisant d'ailleurs les maisons de bois, mais en autorisant des abris temporaires de bois. Il semble que ces abris, dans le cas des habitants des plus pauvres, soient devenus des habitations permanentes... jusqu'au prochain feu.

http://www.mcq.org/histoire/incendie/images/r2s11c.jpg
Source: William A. Leggo, Le lendemain de l'incendie du faubourg Saint-Roch, le 14 octobre 1866, Musée de la civilisation de Québec (dépôt du Séminaire de Québec), consultation en ligne, 6 avril 2010.

14 octobre 1866: Très probablement l'incendie le plus dévastateur de l'histoire de la ville de Québec. Près de la Halle Jacques-Cartier (située à l'emplacement de l'actuelle bibliothèque Gabrielle-Roy, dans le quartier Saint-Roch, à Québec) un feu se déclare. L'incendie fera rage pendant plus de dix heures, détruisant plus de 2500 bâtiments et laissant, à la veille de l'hiver, plus de 20 000 habitants de la ville dans une situation très précaire, sans compter que plusieurs n'ont toujours pas d'assurance intéressantes pour les aider à se remettre de cette catastrophe... Ironiquement, c'est en 1866 que Québec crée le département de feu de la Cité qui aura comme rôle de coordonner la lutte aux incendies à l'avenir. Ce département apportera d'ailleurs la mise en place, dès 1867, du système de télégraphe d'alarme pour les incendies.


Fichier:Boulevard langelier1900.jpg
Source: Parc Langelier, début XXe siècle, consultation en ligne, 6 avril 2010.
Il y a eu bien d'autres incendies autour de cette période à Québec: 10 juin 1862 (96 maisons),  24 mai 1870 (424 maisons), 30 mai 1876 (800 maisons), 16 mai 1889 (600 maisons), 18 juillet 1899 (78 maisons), mais rien de vraiment équivalent à la dévastation de 1845 et 1866. En 20 ans, Québec sera largement détruite à deux reprises. La ville doit donc agir. Travaux d'aqueducs sont définitivement à l'agenda. Mais travaux d'urbanisme aussi; en 1866, après l'incendie majeur du quartier, le boulevard Langelier (qui s'appelait jusqu'en 1850 le chemin de l'Hôpital général et qui portait en 1866 le nom de rue Saint-Ours, ci-haut)) sera agrandi avec son grand terre-plein central pour en faire une rue coupe-feu. Idéale pour freiner la progression d'un incendie majeur et éviter les drames des dernières années.