mardi 27 juillet 2010

Les recensements en Nouvelle-France, 1608-1754.

Une chronologie de la Presse canadienne que vous pouvez consulter sur cyberpresse (en cliquant ici) retrace les principales étapes des recensements au Canada. Cet article est en lien avec la décision très controversée (démission du statisticien en chef, tri groupé des scientifiques, barrage des partis d'opposition) prise par le gouvernement de Stephen Harper et son ministre de l'Industrie, Tony Clement,  de ne plus imposer un long questionnaire lors des prochains recensements. Respectant l'esprit derrière Histoire et Société, cet article ne vous dit cependant pas tout, se concentrant surtout sur la période de la Confédération, à partir de 1871. Voici quelques compléments sur la Nouvelle-France, avant 1759.

Des recensements ont eu lieu périodiquement en Nouvelle-France sous la supervision des différents intendants à partir de 1665 (vous pouvez d'ailleurs consulter certaines de ces données sur le site de Statistiques Canada en cliquant ici). Cependant, on connaît des estimations plus ou moins exactes de la population de parcelles de la Nouvelle-France, surtout dans les 50 premières années, de villes ou de tout le territoire à travers d'autres sources. Dans une autre section du site de Statistiques Canada (ici), on mentionne d'ailleurs les écrits de Champlain ou de Marie de l'Incarnation comme sources d'estimation de la population. On peut aussi compter sur différents curés de villes (Québec, Trois-Rivières ou Montréal) ou de paroisses qui font des recensements de la population à différents moments, recensements qui sont ou non nominatifs (donc dans lesquels on connaît ou non le nom des habitants, plus que leur seul nombre).

Au total, à partir du recensement de Talon, le Québec  (du moins cette partie de la Nouvelle-France) a connu 25 recensements. Le recensement n'était cependant pas la seule façon de connaître la population puisque les couronnes se sont fait fournir des États de population qui donnaient une idée, moins précise, de la population d'un territoire donné ou encore des recensements nominatifs des curés.

Quelques chiffres en exemple:
- Environ 30 000 Français traversent l'océan de 1608 à 1760, environ 10 000 vont rester dans la colonie;
- Québec passe de moins de 30 habitants en 1608 à environ 500 au début de 1660, à 1600 à la toute fin du 17e siècle et à plus de 7000 lors de la Conquête (environ);
- La population de Québec chute après la Conquête à moins de 4000 habitants;
- La population de femmes de la Nouvelle-France est à peu près égale à celle des hommes vers 1715 seulement, plus de 100 ans après la fondation de Québec;

Le dernier recensement officiel en Nouvelle-France a lieu en 1754. Selon celui-ci, la population de la Nouvelle-France s'élevait à plus de 55 000 personnes pour tout le territoire. D'autres estiment encore la population de la Nouvelle-France, en 1759, entre 60 000 et 75 000. Considérez donc ceci: à Québec, lors du siège de 1759, c'était un peu plus de 11 000 miliciens canadiens qui renforçaient les lignes françaises. Sans compter, les miliciens présents sur les autres fronts et ceux qui étaient mobilisés pour les déplacements, c'est facilement un habitant sur quatre qui était mobilisé pour la défense de la Nouvelle-France, un chiffre immense, presque unique.

Pour en savoir plus:
Je vous invite à consulter allègrement le site de Statistiques Canada (voir liens plus haut)
Consultez aussi le livre VALLIÈRES, Marc, et al., Histoire de Québec et de sa région, Québec, PUL, 2008. Tome 1.

lundi 19 juillet 2010

Le cirque de Buffalo Bill, 25 et 26 juin 1897 à Québec

Dimanche dernier avait lieu les derniers spectacles du Festival d'été de Québec. Le festival, qui a débuté le 8 juillet cette année, a vu défiler une pléiades d'artistes, notamment sur sa scène des Plaines d'Abraham. Les Plaines, ce grand parc urbain au coeur de la ville de Québec, a déjà accueilli bon nombre de grands événements. Sans parler des fêtes du Tricentenaire (une série de message pourrait facilement y être consacré!), plusieurs autres événements spéciaux y ont été tenus comme le passage du Buffalo Bill's Wild West and Congress of Rough Riders of the World.

Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Quebec Morning Chronicle, 25 juin 1897, consultation en ligne, 19 juillet 2010.

L'annonce de la venue de la troupe de Buffalo Bill se fait au printemps 1897. On annonce sa venue dans l'ancien hippodrome du Quebec Turf Club qui a été ouvert en 1789 et qui est construit en face de l'actuel Musée des Beaux-Art. La foule de Québec est assez fébrile à l'idée de voir débarquer ce cirque. En effet, la troupe de Buffalo Bill compte plus de 300 cavaliers et des bisons et le cirque équestre reproduit la chasse aux bisons, une attaque de diligence, un combat entre blancs et Amérindiens. Il faut dire que le site des Plaines avait déjà accueilli le cirque pour la première fois près de 100 ans auparavant avec des représentations de la troupe Rickett's Equestrian and Comedy de Philadelphie.

Source: extrait du Journal Le Soleil, 23 juin 1897, consultation en ligne, 19 juillet 2010.

William F. Cody (1846-1917), mieux connu par son surnom de Buffalo Bill est alors en fin de carrière. Cody, dans sa deuxième vie, représente de façon romancée la vie de l'Ouest américain sauvage comme il prétend l'avoir connue à travers le Buffalo Bill's Wild West, créé en 1882. Éclaireur pour l'armée américaine et chasseur de bison lors de la construction de lignes de chemins de fer (ce qui lui vaut son surnom), Buffalo Bill aura le génie de mettre sur pied ce cirque ambulant qui présente des spectacles de prouesses à cheval et de tirs de fusil. Dans la version présentée à Québec, la publicité vante que Cody voyage avec une centaine d'Amérindiens, des Américains, des Mexicains, des Bédouins et des «Cosaques russes».

Les spectacles ont été précédé, le 25 juin 1897, d'un grand défilé dans les rues de la ville:
«À dix heures du matin par détachement séparé de chaque division (Chevaux Sauvages, Buffales (sic), Animaux, étant nécessaire d'être retenu au camp). La marche sera enjolivée par Trois magnifiques Corps de Musique ayant en tête le Célèbre Corps de Musique des Cowboys de Buffalo Bill»  (Le Soleil, 23 juin 1897)
Quatre représentations (chaque jour à 14h et à 20h) seront présentés les 25 et 26 juin 1897 devant des gradins qui ne sont pas remplis à capacité. En effet, le coût du billet (50 sous et 25 sous pour les enfants de moins de 9 ans) est assez important et la foule à peut-être été découragée par le prix d'entrée pour chacune des deux représentations à chaque jour. Peut-être aussi craignait-on la noirceur, même si on prévoyait un éclairage par une «Brillante Exposition Electrique d'une force de 25 000 chandelles» (Le Soleil, 23 juin 1897).

Cody ne reviendra pas à Québec avec sa troupe, mais ira ensuite présenté son spectacle ailleurs aux États-Unis et au Canada, mais aussi en Europe (plus de 100 spectacles en France en 1905 entre autres) avant de s'aventurer dans le reste de l'Europe continentale et en Angleterre (une première tournée européenne avait eu lieu à la fin des années 1880). L'aventure du Wild West s'achèvera en 1912.

Voici pour terminer un montage vidéo tiré d'images de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle de différentes parties du spectacle de Buffalo Bill, incluant la parade avant le spectacle. Le montage n'est pas de moi, mais de l'utilisateur CoryTheRaven et la trame sonore n'est pas originale. Bon visionnement!:

mercredi 14 juillet 2010

Entrevue sur les ondes de Radio-Canada

Chers lecteurs,

Ce matin, le 14 juillet 2010, je suis allé à la radio de Radio-Canada à Québec pour parler du blogue. Je vous invite à cliquer sur cette phrase pour écouter l'entrevue intégrale!

Bonne écoute et je vous rappelle que la prochaine mise à jour est mardi prochain!!

lundi 12 juillet 2010

(très) bref survol de l'histoire du jeu de hasard au Québec au 20e siècle

Note: Cette semaine marque un triste anniversaire: Haïti était secouée il y a six mois par un tremblement de terre aux conséquences dévastatrices (vous trouverez d'ailleurs l'article sur les éboulements près de Québec écrits sur Histoire et Société en réaction à ce tremblement de terre en cliquant ici). Les efforts sont encore importants à faire dans ce pays, certainement pour des années. Nous ne sommes pas spécialement partisans de l'histoire du temps présent et resterons hors de ce sujet, mais nous croyions important de souligner cette date et cet événement. Pour que l'on continue d'en parler.

Le lundi 12 juillet 2010, on annonçait officiellement que Québec serait désormais au coeur de la promotion et des prix d'une nouvelle loterie instantanée (voir l'article sur cyberpresse.ca ici). Considérant que cette loterie est sous la supervision de Loto-Québec, Histoire et Société a cru bon faire un (très) bref rappel de l'histoire des jeux de hasards au Québec et à Québec au 20e siècle. Nous voulons surtout ici nous attarder aux jeux d'argent, plutôt qu'aux jeux de hasard au sens large. En effet, les jeux de hasards sont bien implantés depuis très longtemps dans les civilisations amérindiennes et européennes avec toute sorte d'implication ludiques ou même morales et religieuses, mais ce sont les jeux d'argent qui nous intéressent ici.

http://www.gothicgreenoak.co.uk/images/games/lead_dice.jpg
Source: Lead dice, consultation en ligne, 12 juillet 2010.

Les jeux de hasards existaient en Nouvelle-France bien que chaque nation qui ait occupé le territoire du Québec, également sous le régime britannique, ait eu une influence sur un ou quelques uns de nos jeux de hasards (dés, cartes, dominos, loteries, sans parler de courses de chevaux par exemple qui servent aux jeux d'argent). Ce n'est cependant pas le but de cet article. (pour ceux qui seraient intéressés, je recommande fortement les livres de André Lachance qui traite du jeu dans ces différents ouvrages. Vous en trouverez une sélection partielle en cliquant sur ce lien. Faut-il préciser que je ne suis aucunement associé au contenu externe?) Une bonne partie de la législation «moderne» au Canada et au Québec à propos des jeux de hasards vient des Britanniques. Il est intéressant de noter que les lois visent surtout les classes populaires. En effet, le jeu était considéré, chez les classes aisées, comme un divertissement alors qu'il était, chez les classes populaires, un vice. 

Source: Richard II. Auteur inconnu. Consultation en ligne, 12 juillet 2010. NOTE: Ce portrait se trouve à l'abbaye de Westminster et serait le premier portrait réaliste d'un roi anglais en service.

En fait, jusqu'à tard au XXe siècle, la loi canadienne était pratiquement calquée sur le code criminel du Canada de 1892 qui faisait amplement référence à la loi de 1541 du roi Henri VIII, AN ACTE FOR MAYNTENANCE OF ARTYLLARIE AND DEBARRINGE OF UNLAWFUL GAMES qui faisait elle-même référence à des lois plus anciennes. Parmi celle-ci, une loi de Richard II (ci-haut) de 1388 qui interdisait entre autres certains jeux de dés à certaines dates!

File:William Hogarth - A Rake's Progress - Plate 6 - Scene In A 
Gaming House.jpg
Source: William Hogarth, A Rake's Progress, Plate 6: Scene In A Gaming House, gravure, 1735. Consultation en ligne, 12 juillet 2010.

Les grandes lignes du code criminel présente le jeu comme ceci. Il est répréhensible de se trouver dans une maison de jeu ou d'empêcher des hommes de loi d'y entrer alors que de tenir une maison de jeu est une offense plus grave encore. Aussi grave que jouer à différents jeux d'argent en public, ce qui est encore un crime aujourd'hui Jusqu'au début du 20e siècle, il était aussi illégal de spéculer ou de gager sur des marchandises et des devises... Les loteries étaient interdites (malgré ce qui se déroulait dans certaines foires locales) et la tricherie de certains jeux (par exemple au jeu du trois carte monté, dont voici un exemple en flash). Maisons de jeux organisées, loteries, aux tricheries et au jeu d'argent en public sont les cibles, parce que les plus répréhensibles. Ces lois se sont toutes adaptées au courant du 20e siècle pour faire face aux problèmes plus actuels.

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Source: Roger Baulu, Maurice Custeau, président de Loto-Québec, et Mario Verdon lors du tirage télévisé. tiré de l'article de Vincent FORTIER, «40 ans de tirage à Loto-Québec», Journal Métro, édition en ligne, consulté le 12 juillet 2010.

Le jeu d'argent devient compétence provinciale le 22 décembre 1969 suite à une décision de la Cour suprême du Canada (par rapport à la «taxe volontaire», sorte de loterie publique du Maire Drapeau créée en 1968). Québec créera ensuite rapidement, par un loi du 23 décembre 1969 (oui, le lendemain) deux sociétés d'état qui deviendront les ancêtres de Loto-Québec (qui prend forme de façon officielle en quelques semaines plus tard en janvier 1970). Le premier tirage de Loto-Québec (photo ci-haut) aura lieu le 14 mars 1970 sous forme d'un gala télédiffusé pour un gros lot de 125 000$. Le premier tirage où se remis un million de dollars au Québec aura lien en 1976 et Loto-Québec atteindra un chiffre d'affaire de 1 milliard de dollars annuellement pour la première fois en 1988.




mardi 6 juillet 2010

Quelques records de températures...

Note: c'est le retour à la normale pour Histoire et Société (c'est-à-dire des mises à jour hebdomadaires du mardi).  Merci de votre patience et de votre fidélité. Le blogue va avoir 9 mois la semaine prochaine et je compte bien que le blogue fête au moins une année complète d'existence (presque) sans anicroches, le 9 octobre prochain. Pour un blogue bénévole que je fais  en même temps que deux emplois, je suis assez content. Bonne lecture!

Pour faire écho à la vague de chaleur intense qui s'abat présentement sur tout le Québec (voir l'article sur cyberpresse.ca à ce sujet aujourd'hui), nous avons pensé présenté quelques situations précises de records de température pour différentes parties du Québec.

Les vrais records de température au Québec ou au Canada n'ont pas été enregistrés à Québec. À l'aéroport Jean-Lesage de Québec, le record de chaleur de tous les temps a été enregistré en 1953, le 17 juillet, à 35,6 degrés. On est loin des records absolus au Canada, mais la température devait tout de même être très chaude. Autrement, du vivant de la plupart des lecteurs, l'été (même l'année) le plus chaud des dernières années a été l'été 1998 où les températures moyennes ont été de plus de 2 degrés supérieurs aux normales! Autrement, la température la plus chaude jamais atteinte au Canada est enregistrée en Saskatchewan, le 5 juillet 1937. Le mercure atteint alors 45 degrés Celsius!


Source: "A mounted policeman refreshes his horse with a bucket of water in Detroit. On Wednesday, July 8, 1936, the temperature registered 104.4 degrees. It would stay in the 100s for seven consecutive days", consultation en ligne, The Detroit News, 6 juillet 2010.

La canicule la plus meurtrière enregistrée au Canada est celle de juillet 1936, principalement au Manitoba, en Saskatchewan et en Ontario. Cette vague de chaleur qui avait touché tout le continent a créé des records qui tiennent encore dans certains états américains! On parle de 8 jours consécutifs de chaleur intense en Ontario et de 13 jours (entre le 5 et le 17 juillet inclusivement) au Manitoba et en Saskatchewan. Cette vague de chaleur a tué plus de 1300 Canadiens, incluant plus de 400 morts indirectes, notamment par noyade (des gens qui essayaient de se refroidir...). Les records étaient de plus de 42 degrés Celsius dans différentes villes autant en Ontario qu'au Manitoba alors que les températures moyennes atteignaient 32 degrés et que la nuit on atteignait encore des températures avoisinant 30 degrés. Pendant cette vague de chaleur si intense que les trottoirs bombent ou les rails courbent, on racontent même qu'à certains endroits, les fruits cuisaient dans les arbres!

Saguenay (Saint-Jean-Vianney), mai 1971
Source: «Concepts de base en sécurité publique», Sécurité publique Québec, consultation en ligne, 6 juillet 2010.

Est-ce que la chaleur est le seul élément qui retient l'attention en été? Certainement pas. Bien entendu, certains se rappellent des inondations au Saguenay en 1996, mais le phénomène estival le plus spectaculaire du Québec a sans doute été le cratère de St-Jean-Vianney. Suite à de très importantes précipitations, un énorme glissement de terrain provoque des coulées de boues et un cratère de près de 600 mètres de diamètre dans cette banlieue de Jonquière, dans la nuit du 4 au 5 mai 1971. Cette petite localité a ensuite été largement désertée à la suite du décès de plus de 30 citoyens et de la disparition d'une quarantaine de maisons... À ce sujet, voir un des reportages de Radio-Canada, ici.