samedi 29 octobre 2011

Dernière mise à jour avant...

Bonjour à toutes et à tous,

Force est de constater que notre rendez-vous annoncé du début du mois d'octobre a été manqué. Après mûre réflexion, il fallait nous rendre à l'évidence: depuis deux ans, les conditions de production de ce carnet ont bien changé. Après 2008 et ses nombreuses opportunités médiatiques, 2009 avait apporté son lot de réflexion et de remise en question sur la place de l'histoire sur la place publique et ce sont ces réflexions qui avaient mené à la création de Histoire et Société. Le carnet devenait pour moi un exutoire, une sorte de thérapie personnelle et de terrain de jeux professionnel. Mais en deux ans, les choses ont bien changé.

En plus de conserver un emploi à temps plein en interprétation du patrimoine, ma réflexion migre présentement vers une « nouvelle » plateforme. La radio est ce média qui me permet de poursuivre le travail débuté en 2009 sur Internet, mais aussi une sorte de « retour » aux sources, ayant été pendant 10 ans « presque » sans interruption sur les ondes de la radio universitaire de l'Université Laval à Québec. C'est un peu de cette façon que Histoire et Société évolue actuellement, soit à travers mes chroniques à l'émission hebdomadaire Ça me dit de prendre le temps sur les ondes de la Première chaîne radio de Radio-Canada, à Québec. Après deux chroniques, je peux dire que le contexte de production et l'exercice de valorisation du passé de Québec passe par les mêmes canaux pour moi. Et j'ai très hâte aux prochaines semaines...

En ajoutant à ces rôles celui d'étudiant à la maîtrise, le temps vient à manquer. C'est un autre moyen de pousser ma réflexion sur les possibles façons de parler d'histoire. Très stimulante, cette démarche me permet de prendre un temps précieux que les individus et les organisations ne prennent pas ou très peu, soit d'étudier et de comprendre les mécanismes qui guident leurs choix esthétiques et pratiques dans la communication du patrimoine. Mais c'est une avenue supplémentaire qui me force à faire des choix.

C'est pourquoi je mets temporairement sur la glace le projet Histoire et Société. Ce n'est pas la fin de ce carnet, loin de là. Mais je préfère être honnête: impossible d'assurer une mise à jour constante. Je préfère donc être clair et annoncer la fin, pour un temps, des mises à jour sur ce carnet. Je sais que je vais y revenir. Je sais que cela risque d'être plus tôt que tard. Quand? Excellente question. Entre temps, nombreux sont les carnets, plus touffus et mieux gérés, qui peuvent apporter leur contribution à une façon dynamique et accessible d'écrire l'histoire. J'espère, pendant ces deux dernières années, y avoir contribué un peu moi aussi.

J'ai déjà hâte de reprendre du temps pour revenir à ce projet, mais d'ici là, je lui souhaite un beau sommeil et j'espère que mes capsules passées pourront être maintes fois revisitées et servir à remplir la curiosité des internautes. N'hésitez pas à citer ce carnet (en citant la source précise, bien entendu!)...

À la prochaine,

Luc Nicole-Labrie

samedi 24 septembre 2011

De bonnes nouvelles!

Bonjour à toutes et à tous,

La prochaine mise à jour « historique » est toujours prévue pour le 8 octobre! Ça ne change pas.

Mais je peux aussi (enfin) confirmer une nouvelle:

À partir du 8 octobre 2011, je serai chroniqueur régulier sur les ondes de la Première chaîne radio de Radio-Canada à Québec dans le cadre de l'émission ÇA ME DIT DE PRENDRE LE TEMPS, tous les samedis de 7h à 10h AM. Quels jours j'y serai exactement? À quelle heure? Je ne le sais pas encore précisément, mais ma première présence à l'émission en tant que chroniqueur aura belle et bien lieue le samedi 8 octobre prochain! Je vous souhaite donc bonne écoute!

D'ici là, je vous invite à aller faire un tour, le vendredi 30 septembre prochain, au colloque « Autour de la pratique historienne : quels rôles pour l’historien dans la Cité? » organisé par la revue web Histoireengagee.ca. Le colloque se déroulera toute la journée au local 5172 du pavillon Charles-de-Koninck de l'Université Laval, à Québec! Vous trouverez l'affiche plus bas!

mardi 23 août 2011

Pause jusqu'au mois d'octobre 2011...

Force est d'admettre que l'année 2011 a été difficile pour garder les mises à jour constantes sur Histoire et Société. Et nous devons aussi admettre que les prochaines semaines ne seront pas plus aisées.

Je me trouve donc forcer à prendre une pause prolongée de mise à jour au moins jusqu'au début du mois d'octobre. Je peux aussi d'ores et déjà affirmer qu'il y aura une mise à jour pour le fin de semaine du 8 et 9 octobre 2011, ce qui coïncidera avec le deuxième anniversaire de mise en ligne de ce carnet!

C'est toutefois loin de signifier que je ne continuerai pas mes activités de diffusion. Dans les prochaines semaines, je commencerai en effet une collaboration régulière à la radio qui sera confirmée sur ce carnet et la participation à un colloque à la fin du mois de septembre.

Pour mener tous ces projets à terme, c'est donc à regret que je dois mettre Histoire et Société sur la glace pour encore un peu plus d'un mois. Mais tout ceci NE SIGNIFIE PAS LA FIN DU CARNET. Bien au contraire.

Bonne rentrée aux étudiants et bon automne à tous!

samedi 30 juillet 2011

La famille Caldwell à Lévis dans les premières années du XIXe siècle

Du 28 au 30 juillet 2011, la ville de Lévis a décidé d'organiser quelques spectacles à grand déploiement pour célébrer plusieurs dates importantes de son histoire. Le 375e anniversaire de la création de la seigneurie de Lauzon (voir à ce sujet la petite note en fin de texte que je vous invite à commenter), le 150e anniversaire de la fondation de la ville actuelle de Lévis et le 10e anniversaire de la fusion des villes de la rive-sud pour donner naissance à la nouvelle ville de Lévis. Dans ce contexte, nous publions ici une petite série de textes sur l'histoire de la ville de Lévis. Nous commençons cette semaine avec l'occupation industrielle des bords du fleuve Saint-Laurent.

Peinture : James Murray - NAC/ANC C-002834
Source: Auteur inconnu, « James Murray », vers 1770. Archives nationales du Canada, Numéro C-002834, consultation en ligne, 30 juillet 2011.

La période à laquelle nous nous intéressons ici débute immédiatement après la Conquête. En effet, le gouverneur James Murray (ci-haut) se porte acquéreur de la seigneurie de Lauzon en 1765 et en devient le neuvième seigneur. Ce n'est pourtant pas Murray lui-même qui occupera de façon marquée la seigneurie, mais son locataire et sa famille. En effet, en 1774, Murray loue la seigneurie (comme toutes ses anciennes possessions dans la Province of Quebec), par un bail de 99 ans, à Henry Caldwell. Officier de carrière attaché à l'état-major britannique lors du siège de Québec, Caldwell voit rapidement les opportunités en s'établissant près de Québec. Il deviendra un important propriétaire foncier autour de 1804 alors qu'il achète les terres qu'il louait depuis environ 30 ans. En 1810, Caldwell légua l'essentiel de ses propriétés à son fils John et une partie à on petit-fils Henry-John, alors âgé de 9 ans.

Déjà dans les premières années du XIXe siècle, la famille Caldwell avait senti la bonne affaire. Le blocus napoléonien aidant en empêchant l'approvisionnement en bois scandinave des îles britanniques, les Caldwell se mirent à développer leurs terres. Les mieux placées étaient certainement celles de la seigneurie de Lauzon où on trouvait déjà des moulins à grain et de nombreuses rivières, juste en face du plus important port sur le Saint-Laurent, le port de Québec. Nommé receveur général intérimaire en 1808, puis confirmé à ce poste en 1810, John Caldwell combinait des fonctions qui lui permettaient de bien juger des besoins et des opportunités de la colonie.



Jeton de passage sur le Lauzon, 1821
Source: « Jeton de passage sur le Lauzon ». Cette pièce se trouve dans la collection de Bibliothèque et Archives du Canada. Consultation en ligne, 30 juillet 2011. C'était avec ce genre de pièce qu'on embarquait sur le vapeur qui reliait Québec et la rive-sud.

Déviation de rivières, construction de moulins, mise en place du bateau à vapeur Lauzon en 1818, Caldwell profita largement de sa position et de ses terres. Mais il n'arriva jamais à vraiment bien gérer tous ces projets pour ne pas se mettre dans les frais. Caldwell profitait certes avantageusement de sa position, mais il en venait aussi à investir de l'argent colonial dans des projets sans fonds. Bien entendu, malgré ses compagnies très diversifiées et ses partenaires d'affaire nombreux, Caldwell ne put indéfiniment résister à la tempête qui sommeillait à la chambre d'assemblée quant aux larges dépenses du receveur général. Il a ainsi du quitter son poste en 1823 et les procédures pour lui faire rembourser de grandes sommes dues au gouvernement le forcèrent à faire faillite en 1836. Caldwell termina sa vie à Boston. Mort en 1842, le sort de sa seigneurie de Lauzon était toujours en suspens. En 1845, le gouvernement colonial se porta finalement acquéreur de la seigneurie.


Source: « Usines Carrier Laine & Station de Feu ». Consultation en ligne, la source précise n'est pas indiquée, 30 juillet 2011.

Caldwell est toutefois le témoins d'une importante époque de développement. Malgré certains succès de courte durée (le vapeur Lauzon et certains moulins à scie) et quelques échecs retentissants (création de la municipalité de d'Aubigny) il a permis de mettre les premiers jalons d'un foisonnement industriel intense. On n'a qu'à penser à la fonderie Carrier & Lainé près du débarcadère du traversier (1864-1908), des chantiers maritimes A.C. Davie (1825) et le terminus du Grand Tronc (1854) en sont probablement les témoins les plus connus.

Note au sujet du 375e anniversaire de Lévis: je vous suggère fortement d'aller lire l'article de Stéphanie Martin, « Lévis: petite controverse autour des dates », paru dans l'édition du 28 juillet du quotidien de Québec Le Soleil. Les points soulevés par David Gagné, conseiller en histoire à la ville de Lévis sont tout à fait pertinents. Comprenons ici deux objectifs diamétralement opposés: la volonté d'une ville de justifier sa pertinence temporelle à côté d'une autre ville qui tient un rôle historique, politique et économique plus important (Québec). Une date lointaine contribue à souligner son « historicité » et les dates « marquantes » sont plus simples pour générer un sentiment d'appartenance. La ville de Lévis tente de se réapproprier son passé et de faire en sorte de créer un sentiment d'appartenance alors que ses propres citoyens sont parfois plus attachés au passé de sa voisine. De l'autre côté, nous avons les considérations professionnelles des historiens. Même si un acte est une preuve écrite, il ne prouve pas la réalité historique pour autant. Le travail de d'interprétation de l'histoire, le rôle du médiateur entre la réalité du passé et sa communication contemporaine est ici crucial et aurait pu être effectué par l'organisation de l'événement tout en soutenant sa thèse de départ du 375e anniversaire. Hors, la journaliste cite Sylvie Girard, la commissaire des fêtes de Lévis, qui balaye les préoccupations de M. Gagné du revers de la main : « Vous savez ce que c'est, l'interprétation historique, il pourrait y en avoir autant que d'historiens ». Le paradoxe ainsi soulevé est tout à fait représentatif du conflit important auquel peut être soumis l'historien dans la cité.

samedi 23 juillet 2011

De bien bonnes intentions...

Une mise à jour du carnet était prévue aujourd'hui, mais ma fin de semaine s'est tout à fait remplie. Sans entrer dans les détails, disons qu'un de mes amis m'en doit désormais une... de même que sa petite fille de trois mois. Sans parler de rénovations ou encore d'aventures qui implique un nombre beaucoup trop important de pirates. Oui, les mêmes qui naviguaient sur la mer des Caraïbes il y a 300 ans... Vraiment...

Bref, pour des raisons bien hors de mon contrôle, je dois repousser la mise à jour de cette semaine. Ayant cependant commencer une recherche, il y aura probablement une mise à jour au cours de la semaine prochaine et une autre, comme prévu, la fin de semaine prochaine (soit le 31 juillet ou le 1er août prochain).

D'ici là, profitez de l'été et amusez-vous bien.

Bonne semaine!

lundi 18 juillet 2011

Pas de vraie mise à jour cette semaine...

Comme le chantait si bien un des personnages clés d'une émissions très populaire au Québec dans les années 1980: « L'été, l'été, l'été c'est fait pour jouer... »

Bien que ça ne soit pas entièrement vrai (si seulement j'avais pu jouer!!) je suis quand même forcer de prendre une pause de blogue cette semaine.

En attendant, je vous invite toujours à aller voir les différents blogues de qualité que je vous propose dans la colonne à la droite de votre écran.

On se revoit le 23 juillet! Juste à temps pour les vacances de la construction...

Bonne semaine

dimanche 10 juillet 2011

David Dubé et le meutre de Saint-Dunstan, 1899-1900

La dernière semaine a permis à une grande partie de la population du Québec (et d'ailleurs) de s'exprimer sur la qualité de notre système de justice, sur l'efficacité des jurys, sur la sévérité des peines dans le cadre du procès du cardiologue Guy Turcotte pour le meurtre de ses deux enfants. Les réseaux sociaux se sont déchaînés, les journalistes et les éditorialistes aussi. Loin de nous l'idée de nous prononcer sur cette cause ni même de tenter de dresser des parallèles entre la cause historique que nous allons aborder et la cause actuelle. Mais elle nous a tout de même rappelé un autre procès célèbre qui a fait couler beaucoup d'encre à Québec, le procès de David Dubé.

Source: Portrait de David Dubé publié dans le quotidien Le Soleil de Québec, 7 juillet 1900, page 1.

Dans les années 1890, Thomas Adam Mooney s'installe avec son épouse, Margaret Charters, à Saint-Dunstan (aujourd'hui, Lac-Beauport), en banlieue de Québec. Mooney est un travailleur qui doit souvent s'absenter de la maison. Il a notamment à se rendre près de Montréal, à partir de 1895, pour travailler à la construction de nouveaux chemins de fer. Il lui est impensable de laisser alors sa demeure aux seuls soins de son épouse et engage un jeune homme à tout faire qui effectuera de menus travaux sur la propriété. Cet homme s'appelle David Dubé, un adolescent habitant Saint-Dunstan qui n'est habile qu'à faire de menus travaux d'entretien.

Dubé vient donc aider le couple Mooney autour de leur habitation. Mooney quitte donc pour ne revenir que très rarement et Dubé s'occupe donc à entretenir la maisonnée au complet... ce qui inclut finalement la femme de Mooney lui-même. Dubé et Margaret Charters entretiennent donc une relation en l'absence de Mooney qui finit par revenir chez lui, au grand déplaisir du « nouveau » couple. Qui exactement planifie le coup? Dubé, réputé assez simple, aurait probablement été incapable de planifier seul la mise en scène du meurtre. Mais le procès démontre qu'il est toutefois au  cœur de l'action...

Le 26 octobre 1899, Mooney est victime d'une attaque brutale. Voici la description qu'en fait le journal Le Soleil dans son édition du 6 juillet 1900:
[...] Le cadavre gisait près d’un arbre, la figure partiellement couverte de sang coagulé. Les jambes étaient écartées, le bras droit couvrait la face tournée vers le firmament comme si la victime avait voulu s’en garer des coups que lui portait son meurtrier. Un examen des lieux démontra que l'infortuné Mooney avait été assassiné à environ 35 pieds de l'endroit où il avait été trouvé et qu'il avait été traîné là par Dubé, qui n'avait pas même pris la peine d'essuyer le sang sur l'herbe et la mousse. La victime avait dû être traînée par les jambes car son habit était relevé  et sa tête reposait dessus. Le meurtrier avait coupé un arbre et traîné le cadavre au côté pour laisser croire qu’il avait été tué par la chute de l’arbre. Mais les précautions prises en ce sens étaient trop vulgaires pour tromper l’œil de la justice; et elle n’a pas  un seul instant douter qu’elle était en présence d’un crime atroce. La nature même des blessures était telle qu’elle rendait insoutenable la théorie d’un accident. [...]

Dubé se retrouve rapidement seul accusé du meurtre de Mooney. Il aurait plusieurs fois mentionné à qui voulait bien l'entendre qu'il « s'occuperait » de Mooney si celui-ci revenait, ce qui lui donnait un motif clair. Mais Dubé, pendant son procès, reconnaît l'avoir agressé mais refuse catégoriquement (et il le fera jusqu'à son exécution) d'admettre qu'il a porté le coup fatal. David Dubé sera finalement condamné à la pendaison pour le meurtre prémédité de Mooney. Malgré les appels du public et les télégrammes de Simon-Napoléon Parent, maire de Québec, sa sentence n'est pas modifiée et sa pendaison est imminente.


Source: Philippe Gingras (vers 1895), « Quartier Montcalm - Plaines d'Abraham - Prison de Québec », Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote P585, D9, P10, consultation en ligne, 10 juillet 2011.

Dubé sera pendu dans la cour de la prison de Québec (ci-haut) le 6 juillet 1900 à l'âge de 19 ans. Comme les curieux avaient été très nombreux aux pendaisons précédentes, on placarde les côtés de l'échafaud pour empêcher le plus possible que le public hors du mur d'enceinte de la prison puisse apercevoir quoique ce soit. Son bourreau, John Radclive (ou Radcliff), pourtant réputé très professionnel, prépare mal la victime. Dubé agonisera pendant 11 minutes au dire des différents témoins. C'était la troisième pendaison à avoir lieu à la prison des plaines d'Abraham après celles des meurtriers Michael Farrell (1879) et Nathaniel Randolf Dubois (1890). Dubé est inhumé le 9 juillet 1900 à la demande de sa famille qui l'a accompagné durant les dernières heures de sa vie.

dimanche 3 juillet 2011

La visite de Élisabeth II à Québec et « samedi de la matraque », 1964

Le duc et la duchesse de Cambridge (dixit William et Kate) sont en visite au Canada ces jours-ci. Présents lors des événements soulignant la fête du Canada à Ottawa hier (tel que rapporté sur cyberpresse.ca). Ce voyage constitue un premier voyage officiel à l'étranger pour le jeune couple marié et il est assuré, comme à chaque passage de la royauté au Canada, que des manifestations soient organisées par différentes tendances antimonarchistes, surtout au Québec, pour souligner cet événement. Faut-il rappeler qu'une de ses visites s'est soldée par l'une des manifestations les plus célèbres de la seconde moitié du XXe siècle au Québec.

1964 marque le quatrième voyage officiel au Canada pour la jeune reine Élisabeth II, alors âgée de 38 ans (fait à noter que l'orthographe anglaise Élizabeth est officiellement utilisée au Canada). Ce voyage, qui se déroulait du 5 au 13 octobre,  avait comme objectif principal de commémorer le 100e anniversaire des conférences ayant mené à la Confédération, soit les conférences de Québec et de Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard). Une visite à Ottawa était également prévue pendant ce voyage pendant lequel la reine était accompagnée de son époux, le prince Philip, duc d'Édimbourg.

Source: Marcel Laforce (photographe), L'Action, Lundi 12 octobre 1964, p.1. Bibliothèque et archives nationales du Québec, consultation en ligne, 2 juillet 2011. On voit ici Jean Lesage accompagnant la Reine et le début de la légende de cette photo se lit comme suit: « UNE REINE DÉLICIEUSE, UN PREMIER MINISTRE HEUREUX [...] ».

Le couple royal avait un itinéraire serré qui les a mené à Québec les 10 et 11 octobre 1964. Mais ce n'est pas la visite comme tel qui marque encore aujourd'hui une partie de l'imaginaire collectif québécois. Ce sont les manifestations qui ont accompagné cette visite et surtout la répression policière violente autour de ces manifestations. Bien que le couple était présent pendant presque toute la fin de semaine à Québec, ce sont les événements du samedi qui retiennent toute l'attention.

Source: L'Action, Lundi 12 octobre 1964, p. 1. Bibliothèque et archives nationales du Québec, consultation en ligne, 2 juillet 2011. Cette photo montre le journaliste pigiste américain Marc Scheiller (à droite) aux prises avec un policier de Québec.

Comme lors de chaque passage de membres de la famille royale, une série de rencontres et de réceptions sont prévues. L'arrivée du couple à Québec était prévue à 9h, samedi le 10 octobre et la première cérémonie d'importance devait se dérouler à l'Assemblée nationale et autour de la colline parlementaire. Un premier discours était prononcé devant le Conseil législatif qui siégeait dans l'Hôtel du Parlement de Québec. La reine allait prononcé une phrase qui allait prendre une tournure ironique dans cette journée: « Mon ardent désir est que personne parmi mes peuples ne subisse la contrainte » (L'Action, 12 octobre 1964, p. 1).

En effet, les premiers affrontements ont lieu à l'extérieur de l'Hôtel du Parlement. Des manifestants de partout au Québec sont réunis et se mélangent à une poignée de démonstrateurs s'étant réunis pour accueillir la reine. La quelque centaine de manifestants, presque noyée dans une imposante marée de plus d'un millier soldats ou de policiers, scandait farouchement leur opposition. La situation a alors rapidement escaladé, la tension laissant la place aux affrontements physiques directs. Il faut dire qu'avant l'arrivée du couple royal, les autorités policières de Québec avaient rapidement déclaré, par l'entremise du chef Roger Lemire, qu'elles ne toléreraient aucune manifestation. (L'Action, 10 octobre 1964, p.1)

1 «Le samedi de la matraque». Le 10... (Archives Le Soleil)
Source: Archives LE SOLEIL, « «Le samedi de la matraque». Le 10 octobre 1964, pendant le jour jusque tard dans la nuit, la police de Québec pourchasse et matraque les manifestants, les journalistes et aussi de simples citoyens. », consultation en ligne, 2 juillet 2011.

De l'Hôtel du Parlement, les manifestants se sont ensuite dirigés vers l'Hôtel de ville de Québec pour réclamer la libération des quelques arrêtés de l'avant-midi dont le boxeur Reggie Chartrand. Mêmes affrontements violents avec les policiers. Plus tard, c'est autour des remparts de la ville, près du bastion de la reine, que les manifestants et les forces de l'ordre s'affrontent. Finalement, les derniers affrontements violents de la journée se sont déroulés en soirée, en marge du bal organisé au Château Frontenac. Bref, à chaque étape de la journée du samedi, la reine a été suivie par des manifestants; à chaque étape, ces manifestants ont été « matraqués » par les forces policières. Et à chaque affrontement, les forces policières agissent de plus en plus rapidement et brutalement. Tous les passants, incluant pacifistes, badauds et journalistes, sont la cible des coups de matraque.

Bien que la visite s'est poursuivie le dimanche, le cortège royal a pu faire ses déplacements sans être réellement dérangés, ne serait-ce que par un petit groupe d'étudiants sur le campus de l'Université Laval qui ont, eux aussi, été dispersés par les forces de sécurité. On peut résumé facilement la visite royale de 1964 par le titre d'un article du journaliste Jacques Jobin dans le journal l'Action, du 12 octobre 1964: « Accueil froid de la population - Gestes d'une fermeté exagérée des membres de la Sûreté municipale - 32 arrestations ». Encore aujourd'hui, les événements du 12 octobre 1964 sont connus au Québec comme le « samedi de la matraque ». Tous ces événements s'inscrivent, bien entendu, dans un contexte politique et social tout à fait particulier au Québec des années 1960, mais il allait clairement donner le ton aux relations entre les nationalistes québécois et la monarchie canadienne pour les décennies à venir. Les méthodes ont peut-être changé, mais les enjeux semblent toujours d'actualité.

Quelques liens
- Le dossier sur les Archives de Radio-Canada. Ce dossier contient un document vidéo de plus de 55 minutes sur la visite à Québec.

- Ci-haut, une copie de qualité moyenne d'un vidéo du réseau TVA à propos des événements du « samedi de la matraque ». D'une durée d'un peu plus de 5 minutes, c'est un résumé correct des événements.

- Un documentaire sur le boxeur Reggie Chartrand, arrêté lors des manifestations de Québec, réalisé par Jules Falardeau. Les cinq parties sont en ligne en cliquant sur ce lien.

samedi 2 juillet 2011

Petite balado en attendant la mise à jour!

Bonjour à toutes et à tous,

L'été revient, les temps libres aussi.... Et temps libres = projets! Voici donc une petite mise à jour du blogue/de l'auteur avant une petite mise à jour historique.

- Samedi le 25 juin 2011, j'étais invité à l'émission LES SAMEDIS DE GENEVIÈVE sur les ondes de la Première chaîne radio de Radio-Canada. Pendant une douzaine de minutes, j'ai été parlé à l'animatrice, Geneviève Borne, de son arrière-grand-père et ancien maire de Québec, Lucien Borne. Vous pouvez entendre cet extrait en cliquant ici. (Il suffit de rechercher l'extrait « Qui était Lucien Borne »!);

- Parlant de radio, les chances sont très grandes que je revienne sur les ondes de la région de Québec à l'automne avec une série de chroniques régulières. Plus de détails à la fin de l'été!;

- Le 30 septembre prochain, je présenterai une communication dans le cadre du colloque « Autour de la pratique de l'histoire: quels rôles pour l'historien dans la Cité? » à l'Université Laval. Elle s'intitule (de façon tentative): « Le passé (re)visité: l'historien comme interprète du patrimoine ». Ce colloque est présenté par Histoireengagee.ca, un site Internet historien. Les détails pour les inscriptions sont à venir;

- Après une pause de quelques mois, Histoire et Société sera remis à jour de façon hebdomadaire cet été! Ça commence dès aujourd'hui avec un texte sur les émeutes lors de la visite de la reine en 1964. Mise à jour dans les prochaines heures, demain au plus tard!

Bon été!

dimanche 24 avril 2011

Un bonbon technologique avant la mise à jour

Fin de session oblige, le blogue ne sera pas encore mis à jour cette semaine.

Cependant, je vous offre maintenant la plateforme Disqus pour discuter du blogue de façon plus conviviale. Si vous ne la connaissez pas, c'est multiplateforme et ça vaut la peine (bref, je suis aussi vendeur que si j'avais un projet de nouveau Colisée!)

Bonne semaine!

dimanche 17 avril 2011

Mise à jour? Ah, oui?

Définitivement, la « vraie vie » (celle qui n'est pas virtuelle) me rattrape ces jours-ci. Les projets ne manquent pas, le travail non plus et c'est ce qui retardera certainement pour quelques jours la mise à jour de Histoire et Société. Entre temps, je vous invite toujours à consulter les carnets et autres blogues que je recommande dans la colonne de droite. Bonne semaine!

dimanche 10 avril 2011

125e de l'Hôtel du Parlement de Québec: grève pendant la construction

Cette semaine, on soulignait le 125e anniversaire de l'Hôtel du Parlement de Québec, notamment dans le cadre d'une émission spéciale de la Première chaîne radio de Radio-Canada diffusée en direct de l'édifice (Cliquez sur le lien pour écouter différents extraits de l'émission du 7 avril 2011). En effet, le premier débat de l'Assemblée législative s'y tenait le 27 avril 1886. Il est indéniable que cet édifice occupe aujourd'hui une place de choix dans le patrimoine bâti de la Vieille capitale. Sa construction n'a certainement pas été de tout repos...

Source: « Édifice du Parlement à Québec » (vers 1887), Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote P318, S2, P20, consultation en ligne, 10 avril 2011.

On décide de construire un nouveau bâtiment pour les chambres d'assemblée de la province de Québec dans les années 1870. Le bâtiment qui était utilisé sur la Côte de la Montagne manque d'espace. À cette époque, des rumeurs courent toujours à l'effet que certaines représentants voudraient voir déménager les édifices gouvernementaux (et le siège du gouvernement, purement et simplement) à Montréal et Québec manque clairement d'édifices assez respectables pour accueillir le siège du pouvoir politique. C'est finalement en 1875 qu'on lance le projet. Bien que l'on tergiverse un peu sur l'emplacement, le gouvernement fédéral vend finalement le Cricket Field à la province de Québec en 1876 et on choisit le projet d'un architecte de Québec, Eugène-Étienne Taché.

Source: J.E. Livernois, « Eugène-Étienne Taché », vers 1901, Bibliothèque et archives nationales du Québec, Cote P560, S2, D1, P1289, consultation en ligne, 10 avril 2011.

Taché avait prévu deux phases à son projet pour un budget total alloué d'environ 500 000 dollars (estimation de 1876). Vu la précarité des finances de l'état, on décide d'abord de se lancer dans la construction d'une partie de l'édifice soit les façades ouest, sud et nord (excluant donc la façade, appelée palais législatif). Si on remonte aux premiers travaux d'arpentage, la première phase de construction s'échelonne de 1876 à 1979, bien que la construction ait lieu surtout en 1878. C'est justement le 25 mai 1878 que le chantier connaît son premier conflit de travail: les tailleurs de pierre tombent en grève quand ils apprennent qu'on diminue leur salaire et qu'on décide de faire venir des employés de Montréal. Le conflit de travail mènera à une émeute, le 12 juin 1878, où la milice intervient et deux grévistes seront tués. Le chantier rouvrira à la fin du mois du juin, après des ententes avec les travailleurs. Malgré cet épisode, la première phase se conclut ainsi dans les temps et à peu près dans les coûts prévus puisqu'on évalue les montants de la construction à 392 000 dollars. 

Source: Eugène Haberer (gravure), « Façade des nouveaux édifices du Parlement à Québec » (vers 1880-81), tiré de MARTIN, Denis, « Les « héros de la patrie», la façade du Parlement », Cap-aux-Diamants, vol. 1, no. 4, 1986, p. 9. La gravure originale provient de Bibliothèque et archives nationales du Québec. La cote n'est pas spécifiée. Consultation en ligne, 10 avril 2011.

Les problèmes se produisent aussi pendant la seconde phase, soit la construction, à partir de 1880, du palais législatif. Le terrassement s'effectue jusqu'en 1882 et on lance ensuite un appel d'offres. C'est l'entrepreneur Alphonse Charlebois qui met la main sur ce contrat (probablement grâce à l'appui personnel du premier ministre Joseph-Alfred Mousseau, ci-bas) en soumissionnant pour 185 000 dollars. Les travaux débutent vers 1883. Dès le 19 avril, on sent que les travaux devront être accélérés puisque l'Hôtel du Parlement de la côte de la Montagne est la proie des flammes. On transfère donc rapidement l'Assemblée législative et le Conseil législatif dans différentes parties déjà construites de l'édifice actuel, mais la construction n'est pas terminée.

Joseph-Alfred Mousseau
Source: « Joseph-Alfred Mousseau », Assemblée nationale du Québec, consultation en ligne, 10 avril 2011.

Cependant, le principal problème arrive à l'automne 1884. Alors que les constructions ont repris pour la façade, dans la nuit du 11 au 12 octobre 1884, deux explosions détruisent largement la façade du Parlement. On a bien attendu une troisième explosion plus tard le 12 octobre, mais elle n'est jamais venue. Cette explosion est venue retarder les travaux. Combiné avec l'incendie de 1883, les besoins d'accélérer les travaux vont contribuer à l'explosion des coûts du Parlement. 

Source: « La dynamite a Quebec » (extrait), Le Canadien, 13 octobre 1884, p.2, consultation en ligne, 10 avril 2011.

L'Assemblée législative siégera ensuite pendant quelques mois au Salon rouge (actuelle salle du Conseil législatif alors que celui-ci siège toujours à la bibliothèque) en 1885 avant que l'édifice soit finalement livré en 1886. Les premières rencontres dans les Salons actuels ont lieu le 8 avril 1886, avant la fin de la construction de la tour centrale. Le projet final de Charlebois aura finalement coûté 1 million de dollars à l'état québécois. Coûtant près de trois fois le prix estimé au départ et provoquant ainsi la colère de certains journalistes et observateurs, le gouvernement a décidé de restreindre ses projets de grandes célébrations prévues pour l'ouverture du bâtiment.

dimanche 3 avril 2011

Petites nouvelles, pour se détendre...

Malheureusement, je ne pourrai pas faire de mise à jour complète cette semaine en raison de temps important que me prend la préparation d'une conférence pour cette semaine. Je vous offre tout de même la retranscription d'une petite annonce bien de son temps. Le premier objet en amiante porte certainement à réfléchir...


Le Canadien, 5 janvier 1891, p.2
AMIANTE! AMINATE!
-
Specialites Etrangeres et Domestiques
Pipes en amiante,
Boîtes de sûreté en amiante,
Carton d'amiante,
Presse-étoupe (packing d'amiante),
Ciment d'amiante pour conduits à vapeur et enduits de bouilloire,
Costumes en amiante pour pompiers,
Drap d'amiante,
Peinture d'amiante, à l'épreuve du feu,
Feutre d'amiante,
Corde d'amiante.
-
Poèles à Gaz, Lampes sans cheminées, Lampe à l'albocarbone, Poèles de cuisine fonctionnant au moyen d'une lampe, etc.
Théo. Hamel
44
Côte Lamontagne, Québec

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samedi 2 avril 2011

Mise à jour: on attend demain...

Le blogue sera cette semaine mis à jour demain, dimanche le 3 avril 2011.

Entre temps, si le coeur vous en dit, vous pouvez essayer la nouvelle option de visualisation des carnets de blogger en cliquant sur ce lien. Les options sont en haut à droite. Les options "timeslide" ou "sidebar" sont les deux qui s'appliquent le mieux à ce carnet. Attention cependant, ces options sont encore en développement...

samedi 26 mars 2011

Élection fédérale de 1891 dans la région de Québec: l'affaire McGreevy-Langevin

Sir John Alexander MacDonald est le premier Premier ministre du Canada, élu lors des premières élections en 1867. Bien qu'il doive démissionner en 1873 pour une affaire de pots-de-vin, il réussit à reprendre le poste de Premier ministre à l'élection de 1878. L'élection du 5 mars 1891 était la troisième élection de MacDonald à la tête des conservateurs (qu'on appelait encore parfois le Parti libéral-conservateur) après son élection de 1878. Non seulement devait-il alors composer avec l'arrivée d'un nouveau chef au Parti libéral, un certain Wilfrid Laurier, mais il a également dû composer avec certains de ses propres députés, notamment Thomas McGreevy (ci-bas).

Photo de MCGREEVY,  Thomas
Source: « Thomas McGreevy », William James Topley (photographe), Bibliothèque et Archives Canada, cote PA 033469, consultation en ligne, 26 mars 2011.
Il est encore impossible d'apprécier le résultat des élections générales.
Nous ne pouvons cependant nous empêcher de faire observer sans retard que le McGreevéisme a été balayé dans ce district, M. Flynn dans le comté de Québec, M. Chateauvert dans Québec-Centre, M. Turcotte dans Montmorency, etc.
Tous ceux enfin qui s'étaient inféodés à cette sale engeance ont été vaincus. M. McGreevy n'a échappé à la défait que par ses moyens ordinaires, la corruption et la démoralisation de la multitude.
Il ne pourra, il n'osera même pas prendre son siège, car il est sûr d'en être expulsé.
Cet extrait du quotidien Le Canadien (vendredi 6 mars 1891, p.2 - voir note en fin de texte) est un indicateur clair d'un des enjeux de l'élection de 1891 dans la région de Québec. En effet, bien que les conservateurs aient eu à contrer les élans de Wilfrid Laurier, l'élan des Libéraux n'est pas encore assez fort pour y déloger les conservateurs. Mais le cas de Thomas McGreevy est intéressant.

Député de la circonscription de Québec-Ouest depuis 1867, T. McGreevy est un entrepreneur qui a donc su se tenir près des milieux politiques de son époque. L'un des principaux entrepreneurs de la construction de l'Hôtel du Parlement de Ottawa, T. McGreevy a aussi su s'associer rapidement à différents collègues lui étant politiquement affilié pour participer à la construction de différends chemins de fer. Il était également impliqué dans un bon nombre de compagnies de la région de Québec et d'ailleurs au pays. Rapidement, il est devenu un proche des membres les plus influents de son parti. Il était argentier des Conservateurs pour le Québec et un confident de Hector-Louis Langevin, ministre des Travaux publics et bras droit de MacDonald (ci-bas).

Les malversations soulignées à l'époque auraient notamment été effectuées dans le cadre de la construction du chemin de fer de la Rive Nord. En fait, Thomas McGreevy s'était associé à son frère, Robert, alors employé de la firme Larkin, Connolly & Company, impliquée dans bon nombres de travaux publics. Robert avait été engagé sur recommandation de Thomas... à condition que celui-ci obtienne une participation de 35% dans la compagnie.

 Le très honorable sir John Alexander Macdonald
Source: « Le très honorable sir John Alexander Macdonald, Premier ministre, 1867-1873; 1878-1891 », Ernest Fosbery (peintre), 1931, Collection patrimoniale de la Chambre des communes, no. catalogue O-568, consultation en ligne, 26 mars 2011.

La relation était simple: grâce à ses contacts, Thomas manoeuvrait pour avantager la compagnie de son frère en modifiant des appels d'offres, rejetant des propositions au nom du ministère des Travaux publics et en offrant des informations privilégiées à Robert. Robert préparait les appels d'offre pour s'assurer de leur octroi à son employeur et Thomas pouvait donc toucher, à travers sa participation, une belle part des profits. La relation prend abruptement fin en 1888 alors que Robert décide de poursuivre son frère pour des sommes d'argent que Thomas ne lui aurait pas versées. Ces poursuites sont effectuées en 1888 et 1889, sans que Robert McGreevy réussisse à soutirer les sommes significatives à son frère.

Conscient des implications possibles de ces poursuites, R. McGreevy tente d'abord de jouer ses cartes sur la scène politique. Il approche les membres les plus influents du Parti conservateur, incluant MacDonald et Langevin. Cependant, au bureau du Premier ministre, on lui répond que des questions ont été posées aux principaux protagonistes et que les accusations sont sans fondement. R. McGreevy se tourne alors vers d'autres tribunes.

File:Joseph Israël Tarte.png
Source: « Joseph Israël Tarte », J. E. Livernois (photographe), copie d'une image de Bibliothèque et Archives nationales Québec, cote P560 S2 D1 P1307, wikipedia.org, consultation en ligne, 26 mars 2011.

Le principal dénonciateur de T. McGreevy est Joseph Israël Tarte (ci-haut). Directeur (ou éditeur) de plusieurs journaux et politicien, Tarte aura le plus vertement dénoncé les pratiques de McGreevy. C'est R. McGreevy qui prend contact avec Tarte au début de l'année 1890. Membre du Parti conservateur, il est aussi directeur du journal Le Canadien. Tarte, qui était un conservateur convaincu à l'époque (il deviendra plus tard un ministre libéral sous Laurier entre 1896 et 1902), connaissait l'influence immense que T. McGreevy avait en coulisse. Ce dernier allait jusqu'à aider les députés libéraux provinciaux de Honoré Mercier, principalement parce que ce dernier avait dédommagé T. McGreevy dans l'affaire de la construction du chemin de fer de la Rive Nord. En effet, T. McGreevy réclamait plus d'un million de dollars au gouvernement du Québec. Tous les gouvernements provinciaux conservateurs lui avaient refusé compensation, mais Honoré Mercier lui avait accordé...

Élu dans Montmorency comme indépendant en 1891, Israël Tarte va donc militer activement aux Communes contre McGreevy et son système de patronage entre des entreprises et les classes politiques du Québec et du Canada. Tous ces événements sont aujourd'hui encore connus sous le nom de scandale McGreevy-Langevin. C'est certainement ce scandale qui coûtera le poste de Premier ministre du Canada à Hector-Louis Langevin (ci-bas) qui était jusqu'alors considéré comme le successeur logique de John A. MacDonald.

File:HectorLangevin23.jpg
Source: « Hector-Louis Langevin », William James Topley (photographe),  juillet 1873, Bibliothèque et Archives Canada, cote PA 026409, copie sur wikipedia.org, consultation en ligne, 26 mars 2011.
McGreevy sera finalement expulsé du caucus conservateur le 29 septembre 1891, environ 6 mois après l'élection. Pour toutes ses actions, il sera condamné à un an de prison  (il y restera environ cinq mois et sera réélu comme député conservateur de Québec-Ouest en 1895 avant d'être défait en 1896). Hector-Louis Langevin sera largement éclaboussé et devra démissionner de son poste de ministre des Travaux publics. On dit que John Abbot, le remplaçant de MacDonald dès juin 1891, lui aurait promis le titre de lieutenant-gouverneur du Québec pour le forcer à démissionner, mais ce poste revint à Joseph-Adolphe Chapleau en 1892. Quant à Tarte, son élection fut annulée en 1892, mais il se représenta comme libéral dans la circonscription de l'Islet en 1893 et fut élu. C'est l'élection générale suivante, en 1896, qui sonnera le glas des conservateurs à la tête du Canada. Wilfrid Laurier,  à la tête du Parti libéral, demeurera Premier ministre jusqu'en octobre 1911.

Note
Il est intéressant de noter qu'une petit erreur d'impression semble s'être produite dans l'édition du journal, du moins dans la copie numérisée par Bibliothèque et Archives nationales Québec alors qu'on peut clairement lire 4 mars (plutôt que 6 mars) dans le haut de la page 2, page d'où provient la citation utilisée ci haut. Voir à ce sujet l'exemplaire de BANQ en cliquant sur ce lien.

Après un mois de pause, mise à jour dans les prochaines heures!

De retour dans la blogosphère après une pause d'un mois, Histoire et Société sera remis à jour dans les prochaines heures. Cette pause bien nécessaire était notamment l'occasion de pousser un peu plus loin une réflexion bien personnelle sur une des facettes du rôle des historiens dans la société. Comme par ce blogue, je crois fermement que les historiens sont très bien outillés pour parler du passé. Certes, ils le font dans leurs recherches et travaux scientifiques, mais ils ont aussi les outils pour le faire sur la place publique et ce, même si leur discours doit y être adapté, autant sur la forme que sur le fond. À ce moment, la mince ligne entre l'historien et l'interprète du patrimoine peut parfois rendre les deux rôles incompatibles, mais parfois se confondre...
C'est dans l'espoir de mieux présenter ces réflexions (et en conséquence de la formation académique que cela demande) que cette pause était nécessaire. Mais la formule de Histoire et Société ne changera pas en 2011: en s'inspirant de l'actualité, nous allons continuer à présenter des facettes de l'histoire de la ville de Québec (en se permettant quelques petits écarts, bien entendu).

Un petit avant goût pour la semaine?

Disons que le gouvernement est tombé cette semaine et qu'on s'en va en élection fédérale le 2 mai...

samedi 26 février 2011

Les effondrements du pont de Québec (1907 et 1916) selon quelques journaux contemporains

L'an dernier, Radio-Canada nous apprenait que l'eau sous le pont de Québec serait polluée, probablement parce que la peinture du pont (qui contient du plomb) s'effrite avec les intempéries vers le fleuve et le terrain sous le pont. La semaine dernière, c'est un trou béant qui s'est formé sur l'accès sud du pont, retardant largement le passage de la rive-sud vers la rive-nord lundi dernier, le 21 février 2011. Malgré tout, ce symbole de l'ingénierie tient depuis près de 100 ans maintenant au-dessus du fleuve Saint-Laurent. Il est donc intéressant de se rappeler brièvement certains événements entourant ce pont.

Le pont de Québec est un pont de type cantilever et sa travée centrale de 549 mètres est la plus longue du monde. Le projet est intégré au projet de chemin de fer transcontinental du gouvernement du Canada au tournant du XXe siècle. Plusieurs sites et sources, notamment cet intéressant article de l'encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française, décrive le pont et histoire. Voici quelques sources de l'époque à propos des deux effondrements.
 





Source : « Quebec Bridge Disaster - looking south », The Montreal Weekly Witness, p. 2,  consultation en ligne, 26 février 2011.

Le 29 août 1907, le pont s'effondre une première fois (ci-haut). Les rapports de cette tragédie sont  nombreux: parfois détachés, parfois très émouvants (et spécialement détaillé par rapport aux reportages que les médias du XXIe siècle présentent parfois) comme en fait foi cette transcription d'un article de la Une de l'hebdomadaire montréalais Le Bulletin (dimanche, 1er septembre 1907, p. 1):

[...] Les derniers renseignements relatifs à l'écroulement du pont de Québec, bien que peu précis quant à la cause, le sont davantage quand aux résultats de cette lamentable catastrophe.
Le nombre des victimes dépasse soixante, et ce chiffre sera sûrement augmenté encore, car plusieurs des malheureux ouvriers qui ont été retirés vivants des sinistres décombres, ne survivront pas à leurs horribles blessures.
Un deuil immense plane aujourd'hui sur la ville de Québec, la province et sur le Canada tout entier.
À la stupeur du premier moment a succédé un sentiment immense de profonde et douloureuse sympathie à l'adresse des familles des nombreuses victimes. On a lu avec effroi le récit des tristes détails sur l'état dans lequel on a trouvé les malheureux qui ont trouvé la mort dans cet écrasement de fer. Leurs blessures étaient horribles, leurs plaies terrifiantes; leurs membres arrachés gisaient, accrochés aux pièces de fer tordues, et des corps déchiquetés, défigurés, flottaient au fil de l'eau.
De la rive, des hommes, des femmes et des enfants, dont on devine l'émotion, entendaient les appels et les gémissements des blessés. Hélas, quelle plume pourra jamais décrire l'horreur d'un pareil tableau!
Pour notre part, nous y renonçons... [...]
Tout de même intéressant de renoncer à décrire pareil tableau après les quelques lignes très descriptives... De son côté, le Montreal Weekly Witness, un autre hebdomadaire de la métropole, dresse un portrait complet dans son édition du 3 septembre. Non seulement y va-t-on d'une description détaillée des faits, d'une liste des décès, mais on y ajoute quelques histoires qui prévoyaient le drame, allant de l'avertissement de l'ingénieur Theodore Cooper à une histoire de rêve prémonitoire (Montreal Weekly Witness, p. 2, 3 septembre 1907):

Remarkable vision
-
Ironworker of New Haven dreamed that Quebec Bridge had fallen
-
New Haven, Conn., Aug. 30.- Edward Sutton, an ironworker, of this city, who worked on the bridge at Quebec for a time last spring, said to-day that about a month ago he dreamed that this very bridge had fallen. He says that the dream so impressed him that he wrote to a bridge worker named Richard Little, of this city, and told him of the impressions he had received, and in consequence, Mr. Sutton says, Little and his side partner threw up their work nad (sic) went elsewhere.

Fichier:Collapse of the centre span of the Quebec Bridge.jpg 
Source: A. A. Chersterfield, Quelques moments avant l'effondrement de la travée centrale du pont de Québec en 1916, Bibliothèque et Archives Canada (copie sur wikipedia.org), consultation en ligne, 22 mars 2010.

Le deuxième accident se déroule le 11 septembre 1916. C'est au moment de monter la travée centrale et de la raccrocher aux deux extrémités (ci-haut) que l'accident se produit. Comme celui-ci se déroule lors d'un moment crucial, laissons le soin à l'hebdomadaire Montreal Weekly Witness de nous décrire la scène (12 septembre 1916, p. 2):

[...] After the span had been hooked on the trusses, which were connected with the arms, and, which were to lift the span to its place, there was a wait until 9.20 o'clock, when the scows were released and floated away with the tide, to be caught by tugs. This, the engineers said, was the crucial moment, as the weight was first placed on the arms: then a great cheer broke out when it was seen that the scows were clear and the span hanging on the arms.
It had been moved up about three feet by the jacks when the excursion and Government boats began to leave, but barley had they disappeared on their way to Quebec when the span broke away first at one end of the jacks and a great cry of horror rose from the spectators. Then the other end snapped off quickly and the whole 5,100 tons disappeared in the river.
On tente d'expliquer assez rapidement le drame (autre photo, ci-bas) comme en fait foi cette brève de l'hebdomadaire de Québec, La Vérité (p. 3, 16 septembre 1916):

La Cause de l'accident
-
À la suite d'une conférence entre les officiers et les ingénieurs sur la chute du tablier central du pont de Québec, M.G.H. Duggan, ingénieur en chef de la S.Lawrence Bridge Limited, après avoir entendu les récits de plusieurs témoins oculaires, a autorisé la déclaration suivante:
Un sérieux examen du bureau des ingénieurs indique que le tablier central du pont de Québec a été perdu par une défectuosité dans les solives qui le montaient et sur lesquelles la structure reposait depuis six semaines. Les bras cantilever ne sont aucunement affectés et l'on se prépare à remplacer la pièce tombée aussitôt que praticable. 
On a maintenant établi définitivement que le tablier céda d'abord du côté sud et il est pratiquement certain, suivant les histoires les plus dignes de foi, que le tablier n'a pas plié, mais qu'il est tombé presque intact.
Les pestes (sic) de vies sont de douze.


Source: A.A. Chesterfield, Effondrement du tablier central du pont de Québec, Musée McCord (copie sur le site de l'Université de Sherbrooke), consultation en ligne, 22 mars 2010.

Inauguré le 20 septembre 1917 et encore debout aujourd'hui, le pont de Québec est l'une des signatures distinctives du paysage construit de la région de Québec. Le pont de Québec est considéré comme un site historique national du Canada depuis janvier 1996. Mais un projet de restauration complète se fait toujours attendre. La rumeur a longtemps voulu que les anneaux de fer des ingénieurs aient été fabriqués à partir de métal provenant de la travée centrale effondrée du pont de Québec. Cette rumeur n'est en fait qu'une légende urbaine, parfois encore colportée de nos jours.

lundi 21 février 2011

ESSAI: Howard Zinn (1922-2010) - réflexion maladroite sur l'historien et la sphère publique




NOTE: Voici la mise à jour de cette semaine, une réflexion sur la vulgarisation en histoire. Comprenez bien que ce texte a été rédigé il y a plus d'un an maintenant. Il fait partie d'une réflexion personnelle sur le rôle de l'historien dans la cité. Incomplète, cette réflexion est en cours d'organisation et de développement. D'autres textes suivront probablement...

http://top-people.starmedia.com/tmp/swotti/cacheAG93YXJKIHPPBM4=UGVVCGXLLVBLB3BSZQ==/imgHoward%20Zinn3.jpg


Le 27 janvier 2010 décédait un des historiens états-uniens les plus influents de la deuxième moitié du XXe siècle, Howard Zinn. Né le 24 août 1922, Zinn a servi comme pilote de bombardiers durant la Deuxième Guerre mondiale avant de revenir aux États-Unis et d'obtenir son Ph.D. de l'Université Columbia et de finalement devenir professeur de sciences politiques à Boston University (poste qu'il occupera entre 1964 et 1988). Son principal ouvrage est A People's History of the United States, paru pour la première fois en 1980.

Aujourd'hui, plusieurs éditions plus tard, ce livre s'est vendu à près de deux millions d'exemplaires aux États-Unis seulement(1). Le livre qui s'attarde principalement à l'histoire du peuple à travers ses luttes et ses épreuves, celles du quotidien comme celles d'exceptions, a jeté une onde de choc dans la communauté historienne (qui n'a pas très bien reçu le livre) et dans la population en général. L'intérêt de ce livre, surtout à l'époque à laquelle il a été écrit (la fin des années 1970, l'aube des années Reagan), est sa "nouvelle" approche de l'histoire des États-Unis: à partir des démunis et des sans-voix, il a tâché de faire une histoire du pays.

Bien entendu, son livre a des faiblesses d'un point de vue historien: les sources sont parfois tendancieuses, les conclusions sont prévisibles, le livre est très partisan, la méthode soutenue par une référence constante aux sources est parfois déficiente. L'auteur ne s'en est jamais caché pourtant. Il était conscient de faire une oeuvre militante et croyait cette démarche nécessaire simplement pour contrer l'historiographie glorifiante qui se trouvait mur à mur dans les écoles et les universités. Pour ce faire, il a donc écrit un livre à la prose efficace et directe, rempli d'exemples qui illustrent bien son point et amène le lecteur à se poser de vraies questions. Pour moi, c'est un livre, nonobstant ses positions, qui suscite assurément des discussions et des débats et peut faire connaître de réels aspects méconnus de l'histoire des États-Unis. Son style direct en est un support fantastique et ses exemples finissent par passionné le lecteur qui n'aurait eu, au départ que peu d'intérêt pour le sujet. C'est une réussite assez impressionnante.

L'histoire de Zinn nous mène donc sur un autre chemin: est-il possible ou même désirable d'accorder le rôle d'historien à celui de "pédagogue populaire", est-il possible pour un historien de faire un travail de vulgarisation sans s'attirer les foudres de plusieurs de ces collègues académiques?

Comment bien comprendre la dichotomie historien/vulgarisateur? Oeuvrant depuis près de 10 ans en médiation/interprétation/vulgarisation, je communique sur une base régulière de l'histoire, d'une façon à captiver autant que possible un auditoire pour lui faire comprendre certaines réalités du passé. Et depuis quelques années, je me pose ces questions.

Je crois que ce sont des rôles qui sont partiellement incompatibles, et qui sont malheureusement incompris. En bref, les historiens académiques (lire « savants ») et ceux qui s'affairent à communiquer l'histoire à un plus grand public (les « vulgarisateurs »), poursuivent des rôles diamétralement opposés. Les premiers cherchent à expliquer, tout en nuances, les problèmes profonds que soulèvent tel ou tel autre événements ou situation qui s'étend sur une courte ou une longue période dans le temps. Il s'adresse aussi, généralement, à un public qui a des références communes avec lui et qui peut comprendre un texte à travers un ensemble de "codes" typiques à la profession.

À son opposé, le "vulgarisateur" doit s'adresser à un public général. Pour être compris, il doit assumer que son auditoire ne possède pas les codes pour bien déchiffrer son message, ne possède pas les références pour le situer dans le temps ou même pour faire certaines nuances qui seraient autrement implicites à son sujet.

En quelque sorte, on pourrait aller jusqu'à argumenter que le « vulgarisateur » ne fait pas de l'histoire. Rompant avec la recherche d'une grande Vérité, il se contente de présenter une vérité; l'action de communiquer pour un public non-initié demande de faire des choix parfois déchirants et on peut certainement affirmer que l'historien ne fait plus de l'histoire, mais du patrimoine. Une sorte de « patrimonialisation » du passé. Pour simplifier, le patrimoine est une compréhension de notre mémoire collective, souvent associé à un événements ou des objets d'un passé plus ou moins lointain et qui est présenté de façon à être utile aux générations futures. Dans l'acte de « vulgariser », l'historien cherche à se rendre utile aux individus à qui il s'adresse, il cherche à créer un sens.

En histoire, à la base du travail de « vulgarisateur » se trouve celui d'historien. L'historien retourne dans les sources. Il les consulte, les analyse, les décortique et réussit finalement à déduire ou construire un sens, un discours, une explication à une problématique spécifique traitant d'une situation de notre passé. Il utilise des codes scientifiques, une méthode de recherche et de dissertation. Et il transmet sa Vérité à ses pairs qui sont en mesure de décoder le message de façon acceptable. Mais ce savoir, s'il reste à ce niveau, peut finir par se perdre. L'historien doit porter le chapeau du vulgarisateur. La cité demande son dû en quelque sorte. Il s'agit donc de rendre à la société le fruit de ses recherches. Mais il faut décoder automatiquement les clés comprises dans notre message original pour être compris du plus grand nombre. Cela demande donc une approche différente, un vocabulaire différent et un habillage particulier. L'historien qui décide de porter le chapeau de vulgarisateur fait un travail différent (mais tout à fait nécessaire et complémentaire) à son travail de recherche scientifique. Cela fait appel à différentes techniques. Et qui de mieux que l'historien pour présenter ses résultats. Il est le plus à même de faire les choix nécessaires et éclairés pour présenter de façon précise ses recherches. C'est cependant un monde tout à fait différents de codes à s'approprier... 


Vous trouverez un peu plus bas un lien vers le site de l'éditeur Harper Collins qui vous permet de faire des recherches à même A People's History of the United States et de le consulter en ligne. Des éditions sont autrement disponibles en ligne pour consultation et le livre se trouve encore très bien en librairie, autant en anglais (Harper Collins, 2003) qu'en édition française (Agone, 2003).





Sources
1 - Howard Powell, "Howard Zinn, Historian, Dies at 87", New York Times, 27 janvier 2010, consulté en ligne.

dimanche 13 février 2011

Mise à jour de la Saint-Valentin: quatre annonces

Cette semaine, on s'amuse. C'est un peu le lot de l'historien que de devoir se remonter le moral quand les sources ne révèlent pas les secrets espérés ou attendus. Ou disons, c'est plutôt thérapeutique que de me rappeler, en rapportant quelques annonces savoureuses, que si un sujet n'est pas aussi évident à traiter qu'il ne le paraît, il reste toujours certaines étrangetées (sic) d'époque. Parmi celles-ci, j'ai trouvé une annonce de bière où l'annonceur a traduit ALE par AILE, facilitant, j'imagine la prononciation et n'aidant certainement pas les recherches des historiens d'aujourd'hui (quoiqu'une fois qu'on le sait...).

Ainsi, plutôt que mon sujet initial (que je ne révélerai pas, si un jour je trouve les bonnes sources, il sera en banque), je vous présente quatre annonces des journaux de la ville de Québec. D'une façon ou d'une autre, elles ont toutes un petit quelque chose de sympathique. Toutes les images sont tirées des énormes efforts de numérisation entamés par Bibliothèque et Archives nationales du Québec. En passant, je vous suggère fortement d'aller signer la l'appel pour la numérisation du patrimoine culturel québécois en cliquant sur le précédent lien. Toutes les transcriptions sont intégrales. Si jamais leur usage n'est pas conforme avec les politiques de droits d'auteurs, je m'attends à être contacté et je les enlèverai rapidement. Je rappelle dans le même souffle qu'aucune source de revenu direct n'est tirée de ce carnet ou de la reproduction de ces images.

Pour la première, ce genre d'annonces a longtemps été assez commun, mais il est toujours sympathique de voir les courbettes littéraires autour de la rédaction (parue dans Le Canadien, 20 février 1843, p. 4)
AVIS.
Le soussigné ayant été informé que des personnes ont, depuis quelques temps, vendu des articles comme provenant de sa boutique, d'une qualité inférieure à ceux qu'il confectionne, prie ses amis et le public de vouloir remarquer ceux qui leur offrirent, en son nom, aucun article dans sa branche. Il prend cette occasion de leur offrir ses remerciements pour l'encouragement libéral qu'il a reçu, et les engage à vouloir continuer à le favoriser. 
PIERRE ALLARD, Pâtissier.
St. Roch, 13 janvier 1843.
N.B. Il offre en vente une quantité de brique des Trois-Rivières, à bas prix.

Pour la seconde, à une époque où la peinture se vendait de façon légèrement différente. (Le Canadien, 20 septembre 1852, p. 1).
M. FRANQUINET, artiste peintre, membre de l'académie de Anvers, étant arrivé dans cette ville, a ouvert son atelier RUE ST. JEAN, chez M. PROVAN, confiseur. Les personnes qui lui feront l'honneur de le visiter trouveront différents ouvrages peints par lui, entre autres "l'Enfant St.-Jean-Baptiste" et le "Pasteur Fido", d'après deux célèbres tableaux de Marillo, qui sont dans la galerie nationale de Londres. Il se propose de donner des leçons au pastel ou crayons de couleurs, genre qui convient éminemment aux dames.
Il fait également des portraits au crayon de couleurs.
Québec, 16 août 1852.

Une petite annonce sympathique de marchand de chaussure (Le Franc-Parleur, 28 juillet 1870, p. 7).
 AVIS.
A Messieurs les Marchands.
Si vous vous apercevez que vos confrères vendent de belles et bonnes CHAUSSURES en détail, au même prix qu'elles vous coûtent en gros, n'en soyez pas surpris, mais faites ce qu'ils font. Adressez-vous pour vos achats au soussigné, Fabricant de chaussures en gros, Nos 317 et 319, Rue St-Paul, Montréal.
G. BOIVIN.

Pour terminer, une annonce parue dans le journal The Quebec Daily Mercury (14 février 1903. p.4). J'imagine que ce sont les mêmes « compagnies » qui aujourd'hui surveillent les accès aux comptes courriel de millions d'Internautes...

Insures love and a happy home
Health, strength and vigor for men
How any man may quickly cure himself after years of suffering from sexual weakness, loss of vitality, night loss, varicocele, etc., and enlarge small, weak organs to full size and vigor. Simply send your name and address to Dr. Knapp Medical Co., 1904 Hull Bldg., Detroit, Mich., and they will gladly send the free receipt with full directions so that any man may easily cure himself at home. This is certainly a most generous offer, and the following extracts taken from their daily mail, show what men think of their generosity.
"Dear Sirs:- Please accept my sincere thanks for yours of recent date. I have given your treatment a thorough test and the benefit has been extraordinary. It has completely braced me up. I am just as vigorous as when a boy and you cannot realize how happy I am."
"Dear Sirs:- Your method worked beautifully. Results were exactly what I needed. Strength and vigor have completely returned and enlargement is entirely satisfactory."
"Dear Sirs:- Yours was received and I had no trouble in making use of the receipt as directed, and can truthfully say it is a boon to weak man. I am greatly improved in size, strength and vigor. "
All correspondence is strictly confidential, mailed in plain, sealed envelope. The receipt is free for the asking and they want every man to have it.

samedi 12 février 2011

Petite mise à jour retardée

La mise à jour de cette semaine viendra demain, dimanche le 13 février (donc retardée d'une journée, voire de quelques heures). Cause? Les aléas de la vie.

Bonne fin de semaine de la St-Valentin!

samedi 5 février 2011

Le premier carnaval moderne, 1955

Le 26 janvier dernier, j'étais invité à la radio de Radio-Canada pour l'émission 275-Allo (vous trouverez une baladodiffusion de l'émission en cliquant ici) sur l'histoire de la ville de Québec. Apprenant en ondes qu'une place spéciale serait laissée au Carnaval, j'ai été un peu surpris et je n'étais certainement pas autant préparé que je l'aurais voulu. Mais le carnet est certainement une façon d'aller dépoussiéré mes connaissances à ce propos en allant revisiter quelques documents de cette époque. Voici donc un petit billet sur le premier carnaval « moderne » de Québec qui se tient en 1955.

Ces jours-ci, Québec vit au rythme de son Carnaval. Bien que les premières manifestations de ce festival d'hiver remontent à la toute fin du XIXe siècle (vous pouvez lire, à ce sujet, un article rédigé l'an dernier sur Histoire et Société ou encore l'édition du 13 février 1955 de l'Action catholique qui y est largement consacrée), le premier Carnaval « moderne » apparaît au milieu du XXe siècle, en 1955. Comment se déroule cette première édition?

Au départ, le Carnaval est une fête populaire, mais une fête qui a de forts ancrages dans différentes traditions d'antan. Mais ce n'est pas si simple à mettre sur les rails. On commence les discussions pour la tenue d'un grand festival dès le début des années 1950. Ne sachant pas quelle forme exacte, ni avec quel argent cette fête serait financée, on reporte le projet pour manque de fond en 1951-52; la mort du roi George VI, le 6 février 1952, suspend définitivement les pourparlers. Une initiative municipale met sur pied un petit festival d'hiver en 1953, ce qui ne fait que raviver le désir de certains décideurs pour la tenue d'un grand événement le plus tôt possible.

Source: Roger Bédard, L'Action catholique, 10 février 1955, p. 1. Cette photo représente Estelle 1re, première reine du Carnaval, pendant le tournage du documentaire de l'ONF que vous pouvez visionner plus bas. Le journal se trouve en consultation en ligne sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

 C'est à l'été 1954 que l'homme d'affaire Louis-Philippe Plamondon réunit un groupe d'intéressés incluant Louis Paré (de l'Office municipal de tourisme de Québec), Wilbrod Bherer (de la Gare centrale d'autobus), de même que des représentants du Canadien National, des principaux magasins de Québec (Paquet, Syndicat, Pollack entre autres), du quotidien Le Soleil, de la Chambre de commerce et de l'Association des détaillants. De ces réunions, on s'entendra sur la tenue d'un festival avec un représentant, Bonhomme Carnaval, des duchesses parmi lesquelles se trouvera une reine et diverses démonstrations festives de l'esprit de l'hiver à travers ses sports et loisirs.


Photographie | George F. Pitt posant pour la photographie composite du Montreal Snowshoe Club, Montréal, QC, 1872 | I-71116.1
Source: Cliquez sur l'image pour plus d'information, Musée McCord, consultation en ligne, 5 février 2011. Il est important de rappeler que la ceinture fléchée est une invention typiquement française en Amérique. C'est une technique française (et non amérindienne) qui permet de fabriquer ces ceintures qui servent autant à soutenir le dos qu'à bien fermer le capot d'hiver ou encore à transporter certains items. Pour les raquetteurs, elle est hautement symbolique (plus que pratique) et permet surtout d'afficher les couleurs de notre club!

Au coeur de la fête se trouve bonhomme. On lui choisit un habit qui n'est pas sans rappeler les habits des raquetteurs du XIXe siècle (ci-haut): bonnet (tuque) et ceinture fléchée sur un habit blanc. Ces groupes représentent tout à fait l'esprit du Carnaval: profiter de l'hiver, faire une activité et la faire en bonne compagnie. Au départ, Bonhomme est censé faire son apparition lors de la fête des Rois pour demander aux habitants de Québec de défaire leurs sapins de Noël et construire des bonshommes de neige à la place, en plus d'être le seul unique porte-parole de l'événement. Bonhomme pourra emprisonner, pendant le Carnaval, tous les habitants qui ne montrent pas assez d'enthousiasme ou qui ne portent pas l'effigie du bonhomme ou un costume approprié.


Source: Roger Bédard, L'Action catholique, 2 février 1955, p. 5. Le journal se trouve en consultation en ligne sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

La première édition se met en branle dès la mi-janvier avec la première apparition de bonhomme (le 9) qui est pour la première fois présenté en ville sur un char allégorique. Il se présente avec « sept reines », représentant divers organismes ou associations de Québec (les raquetteurs, les skieurs, les curleurs, les employés civils, les étudiants de l'Université Laval, le Junior Board of Trade, le Jeune commerce, soit une chambre d'affaires pour « jeunes »). Mais on ne fait qu'annoncer ce qui viendra alors que le maire en profite pour lui remettre les clés de la ville et lui faire signer le livre d'or. Mais le Carnaval débute officiellement le 1er février avec la soirée de couronnement de Estelle 1re, reine des curleurs, comme reine du Carnaval (ci-haut).

La première édition se déroule donc jusqu'au 22 février, soir du mardi-gras  Cette première édition verra une grande course de traîneau à chien, un course de canot à glace très relevée (le 20 février, où les équipes des îles près de Québec remportent tout) et se termine surtout par un long défilé et une grande fête jusqu'à minuit. Les journaux de la ville sont unanimes quand au succès. On aura de la difficulté d'attendre la deuxième édition.

Documents audio-visuels
Voici un lien vers le dossier des archives de Radio-Canada sur le Carnaval de Québec et bonhomme. Cliquez ici!

Voici le documentaire de Jean Palardy de 1956 intitulé « Le Carnaval de Québec », produit par l'Office national du film. On y voit beaucoup de sports d'hiver du milieu du siècle dernier, incluant des raquetteurs de différents clubs de Québec, en uniforme, course de chien, course de canot à glace et descente au flambeau. Le film dure un peu plus de 11 minutes et vaut vraiment la peine!



dimanche 30 janvier 2011

Les rébellions de 1837-38 (1): la situation à Québec

Ah! La faim! La faim! Ce mot-là, ou plutôt cette chose-là, a fait des révolutions; Elle en fera bien d'autres! (Gustave Flaubert, Agonies, 1838)
On pourrait vaguement qualifier de révolution « de la faim » ce qui se passe ces jours-ci dans certains pays d'Afrique du nord et du Moyen-Orient. C'est une simplification, mais la Tunisie (suivez les informations sur The Guardian et un dossier sur Libération.fr) et l'Égypte (The Guardian, Cyberpresse.ca), sans parler du Yémen, de la Jordanie ou même de l'Algérie plus tôt en janvier voient tantôt des manifestations populaires ou tantôt des gouvernements qui tombent au nom de meilleures conditions de vie (emploi, logement, nourriture). Rien, au Québec n'a jamais pris cette proportion en termes de mouvement populaire. Mais en termes de soulèvement, le Québec a bien connu les rébellions de 1837-38 (ou rébellions des patriotes).

Nous publions ici un premier message sur ce sujet, pour tenter d'expliquer les réactions dans la ville de Québec, mais il va sans dire que les prochaines semaines verront de nouveaux messages sur ce thème. Bien entendu, ces messages demeurent dans l'esprit du blogue: ce sont de courtes introductions à un sujet précis. Loin de nous l'idée de nous lancer dans une nouvelle description de ces événements. complexes Les sources sont nombreuses et la forme actuelle de notre carnet ne permettrait pas de bien saisir l'étendue du sujet.


Source: consultation en ligne, 30 janvier 2011.

Pendant le soulèvement des patriotes, Québec est la capitale de la colonie du Bas-Canada. En ce sens, elle est le siège de l'assemblée législative, celle-là même où les élus du parti patriote (nommé parti canadien avent 1826 et dirigé par Louis-Jospeh Papineau) travaillent et y ont fait adopté les 92 résolutions le 21 février 1834. Ce « programme » se confirme à travers l'élection plébiscitaire de l'automne 1834, où 77 représentants sur 84 sont patriotes, incluant des anglophones. Présenté simplement, les 92 résolutions étaient un ensemble de 92 propositions pour réformer le système parlementaire colonial. Parmi les principaux défenseurs de ces résolutions se trouve Elzéar Bédard (ci-haut), premier maire de Québec, un patriote modéré.

Fichier:GG-Archibald Acheson.jpg
Source: R.J. Lane, « Archibald Acheson, governor of British North America»  (1828), consultation en ligne, 29 janvier 2011.

Pour réagir, Londres nomme, à l'été 1835, Archibald Acheson, comte Gosford, pour remplacer Lord Aylmer en tant que gouverneur du Bas-Canada. Aylmer avait maladroitement tenté de mettre les patriotes au pas, s'attirant les foudres d'une grande partie de la population. Gosford se présente rempli de bonnes volontés et prononce un premier discours accueilli très favorablement:
[...] Quant à l'impression générale qu'il nous a paru produire, elle est favorable sans contredit, et il a fait concevoir des espérances, celle surtout que nous aurions une session fructueuse, chose de grande importance à la suite de deux sessions qui ont été sans résultats pour les besoins ordinaires du pays. (Le Canadien, mercredi 28 octobre 1835, p.2)
Cette possible lune de miel est de courte durée, alors que des informations en provenance du Haut-Canada confirment aux patriotes que Gosford n'a pas la liberté pour répondre aux demandes issues des 92 résolutions. Les travaux de l'assemblée seront inévitablement ralentis par cette crise. On essaie certes de continuer de réformer les institutions avec des démarches plus symboliques qu'efficaces, notamment avec la tentative de réforme constitutionnelle menée par le député patriote Augustin-Norbert Morin (ci-bas), du comté de Bellechasse, en 1836.

 http://www.parl.gc.ca/sites/collections/fine_arts/speakers/pre_confederation/province_canada/images/SP_pre03Morin_lg.jpg
Source:  Théophile Hamel, « L’honorable Augustin-Norbert Morin, Président de l’Assemblée législative de la province du Canada, 1848-1851 » (1854), La Chambre des communes, collection patrimoniale, numéro O-430, consultation en ligne, 20 janvier 2011.

Mais l'hiver 1836-37 sera rude, du point de vue politique. Le ministre de l'intérieur britannique, John Russell, écrit 10 résolutions qui rejettent intégralement celles des patriotes. Cette nouvelle, qui atteint Québec au printemps, donne lieu à des grandes assemblées publiques, un peu partout dans la colonie.  La plus courue dans la ville est celle du 4 juin, organisée par A-N Morin où le rédacteur du journal Le Canadien affirme avoir compté plus de 2000 habitants (5 juin 1837, p. 2). Mais les tensions grimpent dans la ville entre patriotes modérés, radicaux et sympathisants britanniques. Ces tensions éclatent rarement en affrontements violents, mais des escarmouches entre sympathisants (patriotes d'un côté et « constitutionnalistes » de l'autre) et du vandalisme sur leurs locaux respectifs sont communs, surtout quand viennent des élections (c'est le cas de la partielle du début juillet 1837 où les combats ont « fait couler beaucoup de sang » (Le Canadien, 7 juillet 1837, p.2).

http://classiques.uqac.ca/classiques/bouchette_robert_sm/bouchette_robert_sm_photo/Bouchette_Robert_sm20.jpg
Source: « Robert Shore Milnes Bouchette », consultation en ligne, 30 janvier 2011.


À Québec, les patriotes les plus en vus sont cependant des modérés: en plus de Bédard et Morin, on pense aux députés Amable Berthelot et George Vanfelson. Mais Robert S. M. Bouchette (ci-haut), un patriote radical (et fondateur du journal patriote bilingue Le Libéral) et ses partisans prennent beaucoup de place. Les deux groupes seront dans une situation pratiquement irréconciliable dès le début de l'été 1837. On sait alors qu'un affrontement est imminent. Le plus important affrontement à Québec se déroule le 19 novembre 1837 entre plusieurs centaines de patriotes et de constitutionnalistes, en marge d'un discours de l'avocat patriote J-Édouard Turcotte (ci-bas). Les avertissements en vue de l'interdiction complète des assemblées se poursuivent.

L’honorable Joseph-Édouard Turcotte
Source: Théophile Hamel, « L’honorable Joseph-Édouard Turcotte, Président de l’Assemblée législative de la province du Canada, 1862-1863 » (1865), La Chambre des communes, collection patrimoniale, numéro O-431, consultation en ligne, 20 janvier 2011.

Il est également connu que les affrontements des rébellions auront surtout lieu dans la vallée du Richelieu. Durant l'hiver 1837-38, Québec, ville de garnison, est sous le coup de sévères règles de police urbaine dont un couvre-feu imposé par une milice « constitutionnaliste », levée rapidement pour remplacer l'armée mobilisée dans la vallée du Richelieu. L'absence des députés (la dernière session parlementaire, qui débutait le 18 août 1837 était prorogée le 26 août) et le climat s'apparentant à l'occupation ont maté bon nombre de patriotes de Québec, souvent plus enclin à la discussion qu'au combat et au soulèvement.