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mardi 15 juin 2010

L'incendie des BPC de Saint-Basile-le-Grand, août 1988

Ces jours-ci, les États-Unis d'Amérique sont aux prises avec une des catastrophes naturelles les plus grave de l'histoire avec l'immense marée noire causée par une fuite d'une plateforme de forage de la compagnie British Petroleum.  À ce sujet, je vous invite à consulter le dossier du site de la chaîne américaine CNN, en cliquant ici (on en parle aussi largement dans nos médias au Québec). Rien ne me semble comparable au Québec, mais ça ne veut pas dire que le Québec s'en tire avec une note parfaite quand vient le temps de penser à notre gestion des matières à risque.

http://www.treehugger.com/burning-oil-rig-explosion-fire-photo12.jpg
Source: Image de la US Coast Guard, tiré du site treehugger.com, consultation en ligne, 15 juin 2010.

Il n'y a pas si longtemps, Le site Internet du quotidien Le Soleil parmi d'autres nous apprenait (lundi 3 mai 2010) que le quartier Limoilou avait été le théâtre d'une fuite de gaz toxique, le styrène. Bien que la ville ne soit par étrangère aux fuites de gaz par les temps qui courent (faut-il se rappeler la fuite de benzène dans Saint-Sauveur en 2009), ce genre d'incident, à Québec et au Québec, heureusement assez rare, n'est malheureusement pas une nouveauté. Nous n'avons pas à aller bien loin dans le passé pour nous rappeler un des épisodes les moins glorieux de l'histoire du Québec en matière de gaz toxique, l'incendie des biphényles polychlorés (ou encore polychlorobiphényles), mieux connu sous l'acronyme BPC, de Saint-Basile-le-Grand.

20_000_gallons_de_BPC_ont_flambe_a_l_entrepot_de_SaintBasileleGrand_et_l_epaisse_fumee_noire_n_a_pas_tarde_a_envahir_le_secteur_du_Domaine_des_HautsBois_a_SainteJulie
Source: Photographie montrant l'épaisse colonne de fumée d'échappant de l'entrepôt en feu, Consultation en ligne, 15 juin 2010.

23 août 1988. 20h40. Au moins trois explosions sont entendues près de l'entrepôt municipal de Saint-Basile-le-Grand (rive-sud de Montréal). Cet entrepôt est utilisé par l'entrepreneur Marc Levy qui y entreposait des BPC. Concrètement, les BPC font référence à plus de 200 substances différentes qui prennent toutes la forme de liquide assez stable et transparent. Ce serait Alain Chapleau, alors employé municipal de St-Baile-le-Grand, un homme qui a été accusé, puis acquitté (et qui aurait, 14 ans après le fait, avoué ses actes) qui aurait mis le feu à l'entrepôt. Le brasier est intense. Les dégâts seront majeurs. Mais les dégâts finiront par être contenus. On confirmera que les cours d'eau touchés pourront être presque entièrement dépollués, les BPC pourront être déplacés, les habitants pourront entrés chez eux vers le 9 septembre 1988.

La contamination sera immense. Bien qu'une firme spécialisée ait pu récupérer presque toutes les eaux usées sur place, c'est plus de 3000 foyers de St-Basile-le-Grand et des villes avoisinantes (St-Bruno, Ste-Julie) qui ont dû être évacués, certains pour trois semaines. Les dégâts ont coûté plusieurs dizaines de millions de dollars et les BPC seront finalement presque tous éliminés de St-Basile 10 ans plus tard alors qu'ils ont pu être transportés de façon sécuritaire vers l'incinérateur de Swan Hill en Alberta ou dans un centre d'enfouissement du Québec, celui de Grandes-Piles en Mauricie. Les terrains sur lesquels se trouvaient l'entrepôt constituent aujourd'hui un espace vert qui ne permet pas de rappeler ce qui s'y est passé.

Documents d'intérêts
Alerte sur Saint-Basile-le-Grand. (reportage télé). Les Archives de Radio-Canada. Société Radio-Canada. Dernière mise à jour : 14 août 2008. Page consultée le 3 mai 2010.

lundi 19 avril 2010

L'organisation du service des incendies de Québec

Exception cette semaine: mise à jour le lundi. 

Aujourd'hui, lundi le 19 avril 2010, les pompiers de Québec se réunissaient pour parler réorganisation. En effet, comme le mentionne ici un article de Radio-Canada, les pompiers réagissent à la restructuration envisagée du service des incendies désiré par le maire de Québec, Régis Labeaume. Ce chapitre n'est que le plus récent d'une série d'accrochages dans les dernières années. Remontant plus loin que le conflit lui-même, nous avons essayé de comprendre la source de celui-ci, soit l'organisation de même du service des incendies de la ville de Québec, depuis ses origines.

Maison Joseph-Canac-Dit-Marquis : Ministère de la Culture, des 
Communications et de la Condition féminine, Pascale Llobat, 2006
Exemple d'un mur coupe-feu de maçonnerie dans la Basse-Ville de Québec. Source: Pascale Llobat, Maison Joseph-Canac-dit-Marquis (vers 2006), photographie, Ministère de la Cultures, des Communications et de la Condition féminine, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Nous avons bien parlé des incendies majeurs du XIXe siècle à Québec, mais tout ceci se déroule alors même que la ville essaye de mettre sur pied un véritable système de lutte aux incendies. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la ville commence à émettre des règles pour la prévention des feux. Par exemple, en Nouvelle-France (à partir du milieu des années 1660), ne pas nettoyer sa cheminée ou ne pas avoir d'échelle pour y avoir accès est passible d'amendes. On impose aussi des murs de maçonnerie plus haut que le toit des habitations aux constructions (murs coupe-feu) et on insiste pour que chaque habitant ait une chaudière prête à servir et intervienne rapidement (au son d'une cloche) dès qu'un incendie se déclare en ville. 

http://img49.xooimage.com/files/a/0/a/quebec_nouvelle_france-736a7e.jpg
Source: Pierre-Louis Morin (1811-1886), Quebec 1700, tiré de l'Histoire des Canadiens-Français de Benjamin Sulte, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Ces règles resteront les règles de base jusqu'au début du XIXe siècle qui voit un des premiers changements majeurs de la lutte aux incendies à Québec, c'est-à-dire l'achat d'une dizaine de pompes à eau par la ville, en 1808, qui sont installées à travers Québec et qui sont utilisées par des sapeurs volontaires (bref, tous les hommes en état qui répondent à l'appel des cloches et des pompiers en chemin). Cette façon de faire continue jusque dans les années 1830. Il y avait bien eu quelques pompes manuelles sous le régime britannique, mais ces pompes sont généralement la propriété de groupes privés qui cherchent à investir ensemble pour conserver leurs propres biens. Ces groupes sont importants puisque ce sont ceux-ci qui seront à l'origine des premiers corps "publics" de protection contre le feu à Québec.

Bédard, Elzéar
Source: Elzéar Bédard, Archives de la ville de Québec, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Au moment où la ville est officiellement organisée, en 1833, elle tient ses premières élections (cliquez ici pour un petit article à cet effet). Lors de la première réunion du conseil (dont on voit ci-haut une photo du maire, Elzéar Bédard),  le 7 juin 1833, on crée justement un Comité du feu. Étudiant les questions liées à ce problème, on est encore loin d'un service  organisé et professionnel d'incendie. On parle à cette époque de pompiers volontaires, organisés en petites compagnies semi-indépendantes. Le Comité fera notamment appel à la Société du feu, (issu des sociétés privées de protection des incendies des marchands de la fin du XVIIIe siècle) premier organisme public reconnu par la ville et reconnu comme tel en février 1832.

Aftermath of a
 fire, probably at Saint-Roch. (item 1)
Source: Aftermath of a fire, probably at Saint-Roch (1866), Bibliothèque et Archives Canada, consultation en ligne, 19 avril 2010.

Comme le premier aqueduc municipal n'est mis en service qu'en 1854, on doit utiliser les moyens du bord pendant toute la première moitié du XIXe siècle pour combattre les feux. On utilise des sources à proximité des feux et la chaîne de chaudière est certainement un des moyens les plus efficaces pour combattre les incendies, en plus de charretiers qui peuvent être payés pour amener de l'eau près des feux qui sont éloignés des sources. Les hommes travaillent fort: on change de "combattants" toutes les 10 à 15 minutes, les volontaires sur place reçoivent entre 2 schillings (pompier) et 5 schillings (capitaine) pour chaque incendie.

Québec expose ses archives sur le Web 
Source: Archives de la ville de Québec, Pompiers sur un véhicule à incendie, vers 1925 (photographie), consultation en ligne via cyberpresse.ca, 19 avril 2010.

C'est en 1866 que la ville se dote finalement d'un service des incendies "professionnel", le Département de feu de la Cité, où des pompiers sont organisés en six casernes. Ce département verra à la mise sur pied d'un système de télégraphe d'alarme, inauguré en 1867. Ce service de pompier de plus en plus efficace doit tout de même composer avec un système d'aqueduc encore en développement (on peut dire que le service deviendra plus efficace en 1882 grâce à l'ouverture d'une seconde prise d'eau) des problèmes de pression d'eau (même si la ville a fait l'achat d'une pompe à vapeur très puissante dès  1873) et va encore quelques fois solliciter l'aide de l'armée et de la milice pour combattre les grands incendies de quartiers ou de village comme dans Saint-Sauveur en 1889. À la toute fin du XIXe siècle, on peut parler d'un service d'incendie permanent qui pourra se déployer et se développer avec la ville.

Petit rappel: la semaine prochaine, nous allons offrir un article pour le 250e anniversaire de la bataille de Sainte-Foy qui se déroulait le 28 avril 1760. En ligne le 27 avril 2010.

À lire pour plus de détails
GRENIER, Alain. Incendies et pompiers à Québec, 1640-2001. Québec, les éditions GID, 2005. 695 pages.

mardi 6 avril 2010

Quelques incendies à Québec au XIXe siècle (1845 et 1866)


Pour faire écho au projet de musée du feu à l'Autre caserne qui a été annoncé en fin de semaine dans Le Soleil (voir l'article sur cyberpresse.ca en cliquant ici), nous croyons qu'il est important de se rappeler certains des incendies les plus marquants de l'histoire de la ville de Québec. Il faut comprendre qu'il y a bien eu des incendies avant le XIXe siècle à Québec. Mais on parle ici d'incendies majeurs ou des groupes de maisons, parfois même des quartiers entiers sont brûlés. Nous voulons cependant présenter ici le cas de deux années en particulier, soient les années 1845 et 1866. La ville compte, à cette époque, plus de 40 000 habitants (presque 70 000 en 1866) et des quartiers entiers seront rasés lors de quelques incendies. Entre 1815 et 1906, ce sont au moins 25 incendies qui ont brûlé au moins 10 maisons d'un seul coup qui ont lieu... un des plus grands fléaux du XIXe siècle pour les habitants de Québec

Vue panoramique du quartier Saint-Roch, à Québec. Des ruines 
en flamme illuminent la nuit. / Panoramic view of the Saint-Roch 
neighbourhood, in Quebec City, with blazing ruins lighting up the 
night.
Source: Joseph Légaré, Incendie du quartier Saint-Roch vu de la Côte-à-Coton vers l'Ouest, 1845, Musée de la civilisation (collection du Séminaire de Québec), consultation en ligne, 6 avril 2010.

28 mai 1845, sur la rue Arago, dans la basse-ville de Québec, la tannerie Osborne & Richardson prend feu. Ce sont plus de 1630 habitations et 300 hangars et magasins qui vont brûler pendant les six à sept heures où l'incendie fait rage. À ce moment-ci, la construction en bois pour la majorité des maisons est définitivement l'un des facteurs qui aurait permis à l'incendie de se propager plus facilement. C'est l'Assurance mutuelle de Saint-Roch qui couvre une bonne partie des sinistrés et la compagnie sera ruinée, l'ampleur des dégâts l'empêchant même de rembourser certains clients.

Source: Joseph Légaré, incendie du 28 juin 1845 (titre à préciser), Musée National des Beaux-Arts du Québec, consultation en ligne, 6 avril 2010.

28 juin 1845: un mois jour pour jour après l'incendie dévastateur qui a détruit la basse-ville de Québec, un incendie éclate dans le quartier Saint-Jean Baptiste. Ce sont cette fois 1315 résidences qui seront brûlées. Après ces deux incendies qui laissent beaucoup de gens sans résidence permanente, la ville décide de resserrer les règles de construction en interdisant d'ailleurs les maisons de bois, mais en autorisant des abris temporaires de bois. Il semble que ces abris, dans le cas des habitants des plus pauvres, soient devenus des habitations permanentes... jusqu'au prochain feu.

http://www.mcq.org/histoire/incendie/images/r2s11c.jpg
Source: William A. Leggo, Le lendemain de l'incendie du faubourg Saint-Roch, le 14 octobre 1866, Musée de la civilisation de Québec (dépôt du Séminaire de Québec), consultation en ligne, 6 avril 2010.

14 octobre 1866: Très probablement l'incendie le plus dévastateur de l'histoire de la ville de Québec. Près de la Halle Jacques-Cartier (située à l'emplacement de l'actuelle bibliothèque Gabrielle-Roy, dans le quartier Saint-Roch, à Québec) un feu se déclare. L'incendie fera rage pendant plus de dix heures, détruisant plus de 2500 bâtiments et laissant, à la veille de l'hiver, plus de 20 000 habitants de la ville dans une situation très précaire, sans compter que plusieurs n'ont toujours pas d'assurance intéressantes pour les aider à se remettre de cette catastrophe... Ironiquement, c'est en 1866 que Québec crée le département de feu de la Cité qui aura comme rôle de coordonner la lutte aux incendies à l'avenir. Ce département apportera d'ailleurs la mise en place, dès 1867, du système de télégraphe d'alarme pour les incendies.


Fichier:Boulevard langelier1900.jpg
Source: Parc Langelier, début XXe siècle, consultation en ligne, 6 avril 2010.
Il y a eu bien d'autres incendies autour de cette période à Québec: 10 juin 1862 (96 maisons),  24 mai 1870 (424 maisons), 30 mai 1876 (800 maisons), 16 mai 1889 (600 maisons), 18 juillet 1899 (78 maisons), mais rien de vraiment équivalent à la dévastation de 1845 et 1866. En 20 ans, Québec sera largement détruite à deux reprises. La ville doit donc agir. Travaux d'aqueducs sont définitivement à l'agenda. Mais travaux d'urbanisme aussi; en 1866, après l'incendie majeur du quartier, le boulevard Langelier (qui s'appelait jusqu'en 1850 le chemin de l'Hôpital général et qui portait en 1866 le nom de rue Saint-Ours, ci-haut)) sera agrandi avec son grand terre-plein central pour en faire une rue coupe-feu. Idéale pour freiner la progression d'un incendie majeur et éviter les drames des dernières années.