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samedi 30 juillet 2011

La famille Caldwell à Lévis dans les premières années du XIXe siècle

Du 28 au 30 juillet 2011, la ville de Lévis a décidé d'organiser quelques spectacles à grand déploiement pour célébrer plusieurs dates importantes de son histoire. Le 375e anniversaire de la création de la seigneurie de Lauzon (voir à ce sujet la petite note en fin de texte que je vous invite à commenter), le 150e anniversaire de la fondation de la ville actuelle de Lévis et le 10e anniversaire de la fusion des villes de la rive-sud pour donner naissance à la nouvelle ville de Lévis. Dans ce contexte, nous publions ici une petite série de textes sur l'histoire de la ville de Lévis. Nous commençons cette semaine avec l'occupation industrielle des bords du fleuve Saint-Laurent.

Peinture : James Murray - NAC/ANC C-002834
Source: Auteur inconnu, « James Murray », vers 1770. Archives nationales du Canada, Numéro C-002834, consultation en ligne, 30 juillet 2011.

La période à laquelle nous nous intéressons ici débute immédiatement après la Conquête. En effet, le gouverneur James Murray (ci-haut) se porte acquéreur de la seigneurie de Lauzon en 1765 et en devient le neuvième seigneur. Ce n'est pourtant pas Murray lui-même qui occupera de façon marquée la seigneurie, mais son locataire et sa famille. En effet, en 1774, Murray loue la seigneurie (comme toutes ses anciennes possessions dans la Province of Quebec), par un bail de 99 ans, à Henry Caldwell. Officier de carrière attaché à l'état-major britannique lors du siège de Québec, Caldwell voit rapidement les opportunités en s'établissant près de Québec. Il deviendra un important propriétaire foncier autour de 1804 alors qu'il achète les terres qu'il louait depuis environ 30 ans. En 1810, Caldwell légua l'essentiel de ses propriétés à son fils John et une partie à on petit-fils Henry-John, alors âgé de 9 ans.

Déjà dans les premières années du XIXe siècle, la famille Caldwell avait senti la bonne affaire. Le blocus napoléonien aidant en empêchant l'approvisionnement en bois scandinave des îles britanniques, les Caldwell se mirent à développer leurs terres. Les mieux placées étaient certainement celles de la seigneurie de Lauzon où on trouvait déjà des moulins à grain et de nombreuses rivières, juste en face du plus important port sur le Saint-Laurent, le port de Québec. Nommé receveur général intérimaire en 1808, puis confirmé à ce poste en 1810, John Caldwell combinait des fonctions qui lui permettaient de bien juger des besoins et des opportunités de la colonie.



Jeton de passage sur le Lauzon, 1821
Source: « Jeton de passage sur le Lauzon ». Cette pièce se trouve dans la collection de Bibliothèque et Archives du Canada. Consultation en ligne, 30 juillet 2011. C'était avec ce genre de pièce qu'on embarquait sur le vapeur qui reliait Québec et la rive-sud.

Déviation de rivières, construction de moulins, mise en place du bateau à vapeur Lauzon en 1818, Caldwell profita largement de sa position et de ses terres. Mais il n'arriva jamais à vraiment bien gérer tous ces projets pour ne pas se mettre dans les frais. Caldwell profitait certes avantageusement de sa position, mais il en venait aussi à investir de l'argent colonial dans des projets sans fonds. Bien entendu, malgré ses compagnies très diversifiées et ses partenaires d'affaire nombreux, Caldwell ne put indéfiniment résister à la tempête qui sommeillait à la chambre d'assemblée quant aux larges dépenses du receveur général. Il a ainsi du quitter son poste en 1823 et les procédures pour lui faire rembourser de grandes sommes dues au gouvernement le forcèrent à faire faillite en 1836. Caldwell termina sa vie à Boston. Mort en 1842, le sort de sa seigneurie de Lauzon était toujours en suspens. En 1845, le gouvernement colonial se porta finalement acquéreur de la seigneurie.


Source: « Usines Carrier Laine & Station de Feu ». Consultation en ligne, la source précise n'est pas indiquée, 30 juillet 2011.

Caldwell est toutefois le témoins d'une importante époque de développement. Malgré certains succès de courte durée (le vapeur Lauzon et certains moulins à scie) et quelques échecs retentissants (création de la municipalité de d'Aubigny) il a permis de mettre les premiers jalons d'un foisonnement industriel intense. On n'a qu'à penser à la fonderie Carrier & Lainé près du débarcadère du traversier (1864-1908), des chantiers maritimes A.C. Davie (1825) et le terminus du Grand Tronc (1854) en sont probablement les témoins les plus connus.

Note au sujet du 375e anniversaire de Lévis: je vous suggère fortement d'aller lire l'article de Stéphanie Martin, « Lévis: petite controverse autour des dates », paru dans l'édition du 28 juillet du quotidien de Québec Le Soleil. Les points soulevés par David Gagné, conseiller en histoire à la ville de Lévis sont tout à fait pertinents. Comprenons ici deux objectifs diamétralement opposés: la volonté d'une ville de justifier sa pertinence temporelle à côté d'une autre ville qui tient un rôle historique, politique et économique plus important (Québec). Une date lointaine contribue à souligner son « historicité » et les dates « marquantes » sont plus simples pour générer un sentiment d'appartenance. La ville de Lévis tente de se réapproprier son passé et de faire en sorte de créer un sentiment d'appartenance alors que ses propres citoyens sont parfois plus attachés au passé de sa voisine. De l'autre côté, nous avons les considérations professionnelles des historiens. Même si un acte est une preuve écrite, il ne prouve pas la réalité historique pour autant. Le travail de d'interprétation de l'histoire, le rôle du médiateur entre la réalité du passé et sa communication contemporaine est ici crucial et aurait pu être effectué par l'organisation de l'événement tout en soutenant sa thèse de départ du 375e anniversaire. Hors, la journaliste cite Sylvie Girard, la commissaire des fêtes de Lévis, qui balaye les préoccupations de M. Gagné du revers de la main : « Vous savez ce que c'est, l'interprétation historique, il pourrait y en avoir autant que d'historiens ». Le paradoxe ainsi soulevé est tout à fait représentatif du conflit important auquel peut être soumis l'historien dans la cité.

lundi 21 février 2011

ESSAI: Howard Zinn (1922-2010) - réflexion maladroite sur l'historien et la sphère publique




NOTE: Voici la mise à jour de cette semaine, une réflexion sur la vulgarisation en histoire. Comprenez bien que ce texte a été rédigé il y a plus d'un an maintenant. Il fait partie d'une réflexion personnelle sur le rôle de l'historien dans la cité. Incomplète, cette réflexion est en cours d'organisation et de développement. D'autres textes suivront probablement...

http://top-people.starmedia.com/tmp/swotti/cacheAG93YXJKIHPPBM4=UGVVCGXLLVBLB3BSZQ==/imgHoward%20Zinn3.jpg


Le 27 janvier 2010 décédait un des historiens états-uniens les plus influents de la deuxième moitié du XXe siècle, Howard Zinn. Né le 24 août 1922, Zinn a servi comme pilote de bombardiers durant la Deuxième Guerre mondiale avant de revenir aux États-Unis et d'obtenir son Ph.D. de l'Université Columbia et de finalement devenir professeur de sciences politiques à Boston University (poste qu'il occupera entre 1964 et 1988). Son principal ouvrage est A People's History of the United States, paru pour la première fois en 1980.

Aujourd'hui, plusieurs éditions plus tard, ce livre s'est vendu à près de deux millions d'exemplaires aux États-Unis seulement(1). Le livre qui s'attarde principalement à l'histoire du peuple à travers ses luttes et ses épreuves, celles du quotidien comme celles d'exceptions, a jeté une onde de choc dans la communauté historienne (qui n'a pas très bien reçu le livre) et dans la population en général. L'intérêt de ce livre, surtout à l'époque à laquelle il a été écrit (la fin des années 1970, l'aube des années Reagan), est sa "nouvelle" approche de l'histoire des États-Unis: à partir des démunis et des sans-voix, il a tâché de faire une histoire du pays.

Bien entendu, son livre a des faiblesses d'un point de vue historien: les sources sont parfois tendancieuses, les conclusions sont prévisibles, le livre est très partisan, la méthode soutenue par une référence constante aux sources est parfois déficiente. L'auteur ne s'en est jamais caché pourtant. Il était conscient de faire une oeuvre militante et croyait cette démarche nécessaire simplement pour contrer l'historiographie glorifiante qui se trouvait mur à mur dans les écoles et les universités. Pour ce faire, il a donc écrit un livre à la prose efficace et directe, rempli d'exemples qui illustrent bien son point et amène le lecteur à se poser de vraies questions. Pour moi, c'est un livre, nonobstant ses positions, qui suscite assurément des discussions et des débats et peut faire connaître de réels aspects méconnus de l'histoire des États-Unis. Son style direct en est un support fantastique et ses exemples finissent par passionné le lecteur qui n'aurait eu, au départ que peu d'intérêt pour le sujet. C'est une réussite assez impressionnante.

L'histoire de Zinn nous mène donc sur un autre chemin: est-il possible ou même désirable d'accorder le rôle d'historien à celui de "pédagogue populaire", est-il possible pour un historien de faire un travail de vulgarisation sans s'attirer les foudres de plusieurs de ces collègues académiques?

Comment bien comprendre la dichotomie historien/vulgarisateur? Oeuvrant depuis près de 10 ans en médiation/interprétation/vulgarisation, je communique sur une base régulière de l'histoire, d'une façon à captiver autant que possible un auditoire pour lui faire comprendre certaines réalités du passé. Et depuis quelques années, je me pose ces questions.

Je crois que ce sont des rôles qui sont partiellement incompatibles, et qui sont malheureusement incompris. En bref, les historiens académiques (lire « savants ») et ceux qui s'affairent à communiquer l'histoire à un plus grand public (les « vulgarisateurs »), poursuivent des rôles diamétralement opposés. Les premiers cherchent à expliquer, tout en nuances, les problèmes profonds que soulèvent tel ou tel autre événements ou situation qui s'étend sur une courte ou une longue période dans le temps. Il s'adresse aussi, généralement, à un public qui a des références communes avec lui et qui peut comprendre un texte à travers un ensemble de "codes" typiques à la profession.

À son opposé, le "vulgarisateur" doit s'adresser à un public général. Pour être compris, il doit assumer que son auditoire ne possède pas les codes pour bien déchiffrer son message, ne possède pas les références pour le situer dans le temps ou même pour faire certaines nuances qui seraient autrement implicites à son sujet.

En quelque sorte, on pourrait aller jusqu'à argumenter que le « vulgarisateur » ne fait pas de l'histoire. Rompant avec la recherche d'une grande Vérité, il se contente de présenter une vérité; l'action de communiquer pour un public non-initié demande de faire des choix parfois déchirants et on peut certainement affirmer que l'historien ne fait plus de l'histoire, mais du patrimoine. Une sorte de « patrimonialisation » du passé. Pour simplifier, le patrimoine est une compréhension de notre mémoire collective, souvent associé à un événements ou des objets d'un passé plus ou moins lointain et qui est présenté de façon à être utile aux générations futures. Dans l'acte de « vulgariser », l'historien cherche à se rendre utile aux individus à qui il s'adresse, il cherche à créer un sens.

En histoire, à la base du travail de « vulgarisateur » se trouve celui d'historien. L'historien retourne dans les sources. Il les consulte, les analyse, les décortique et réussit finalement à déduire ou construire un sens, un discours, une explication à une problématique spécifique traitant d'une situation de notre passé. Il utilise des codes scientifiques, une méthode de recherche et de dissertation. Et il transmet sa Vérité à ses pairs qui sont en mesure de décoder le message de façon acceptable. Mais ce savoir, s'il reste à ce niveau, peut finir par se perdre. L'historien doit porter le chapeau du vulgarisateur. La cité demande son dû en quelque sorte. Il s'agit donc de rendre à la société le fruit de ses recherches. Mais il faut décoder automatiquement les clés comprises dans notre message original pour être compris du plus grand nombre. Cela demande donc une approche différente, un vocabulaire différent et un habillage particulier. L'historien qui décide de porter le chapeau de vulgarisateur fait un travail différent (mais tout à fait nécessaire et complémentaire) à son travail de recherche scientifique. Cela fait appel à différentes techniques. Et qui de mieux que l'historien pour présenter ses résultats. Il est le plus à même de faire les choix nécessaires et éclairés pour présenter de façon précise ses recherches. C'est cependant un monde tout à fait différents de codes à s'approprier... 


Vous trouverez un peu plus bas un lien vers le site de l'éditeur Harper Collins qui vous permet de faire des recherches à même A People's History of the United States et de le consulter en ligne. Des éditions sont autrement disponibles en ligne pour consultation et le livre se trouve encore très bien en librairie, autant en anglais (Harper Collins, 2003) qu'en édition française (Agone, 2003).





Sources
1 - Howard Powell, "Howard Zinn, Historian, Dies at 87", New York Times, 27 janvier 2010, consulté en ligne.

samedi 15 janvier 2011

Marcel Trudel, 1917-2011, ouvrages sélectionnés

2011 commence avec un départ dans la communauté historienne du Québec. En effet, l'historien Marcel Trudel est décédé le 11 janvier dernier (2011). Pour moi, 2011 commence comme 2010 alors que c'était l'historien états-unien Howard Zinn qui nous quittait le 27 janvier 2010 (loin de moi ici de comparer leurs oeuvres, méthodes ou combats, mais dans mon jeune cheminement, ce sont deux historiens qui ont eu un certain impact). Loin de moi l'idée de présenter ici son parcours de vie ou de représenter la genèse du débat entre l'« École de Québec/Laval» et l'« École de Montréal » sur la Conquête que Trudel a certainement alimenté.  Il me semblait plutôt intéressant de présenter une brève sélection commentée de textes de Trudel pour permettre à ceux qui connaissent moins ses recherches de pouvoir mieux comprendre son impact en histoire de la Nouvelle-France et de l'Ancien régime au sens large. L'organisation des textes est chronologique, selon la première année d'édition.
http://storage.canalblog.com/80/83/650191/48433906.jpg
(L'image représente non pas la jaquette, mais une page intérieure. Source: le blogue du Grand méchant livre, consulté le 15 janvier 2011).
Marcel Trudel. L'esclavage au Canada français ; histoire et conditions de l'esclavage. Québec, Presses universitaires Laval, 1960. 432 pages.
Alors que l'histoire était encore largement glorifiante et que les héros nationaux (sic) comme Dollard des Ormeaux occupaient encore une importante place dans la mémoire collective alimentée par les travaux des historiens, Trudel publie un livre sur les esclaves et l'esclavage. Il replace l'esclavage dans le quotidien d'une élite coloniale à la réputation presque encore irréprochable. Ce livre a eut l'effet d'une petite bombe au tournant des années 1960, comme il abordait un sujet assez nouveau dans l'étude de l'histoire de la Nouvelle-France notamment. Ce livre se complète bien par  l'ouvrage de Trudel de 19904 (2e édition corrigée de l'original de 1990),  Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires, paru aux éditions Hurtubise HMH. Ces deux livres se trouvent réunis dans l'ouvrage Deux siècles d'esclavage au Québec, un ouvrage de 2004 qui a connu une nouvelle édition en 2009.

Source: site officiel de Marcel Trudel, consulté le 15 janvier 2011.
Marcel Trudel. Le terrier du Saint-Laurent en 1663. Ottawa, Éditions de l'Université d'Ottawa, 1973. 618 pages.
D'abord un simple annexe à l'histoire de la Compagnie des Cent-Associés (paru dans le troisième tome de l'Histoire de la Nouvelle-France), cette oeuvre s'est rendue nécessaire. La quantité d'information qui se trouve dans cet ouvrage est remarquable et situe très bien la situation de la vallée du Saint-Laurent dans la deuxième moitié du 17e siècle. Ce livre a remporté le prix Montcalm du syndicat des journalistes et écrivains de Paris en 1976.


Source: site officiel de Marcel Trudel, consulté le 15 janvier 2011.

Marcel Trudel. La Révolution américaine, 1775-1783 : Pourquoi la France refuse le Canada. Sillery, éditions du Boréal-Express, 1976. 292 pages. Collection 1760.
Jetant un regard intéressant sur la relation France-Canada pendant la révolution américaine, ce livre de Trudel est captivant. Il donne une perspective très « canadienne » (dans le sens de ce Canada historique qu'était la vallée du Saint-Laurent, bien entendu) à la révolution américaine et aux raisons des différentes implications ou absences d'implications d'autorités politiques pour tenter d'influencer ou non le cours de cette guerre. Très intéressant.

http://www.editionsboreal.qc.ca/media/livres/petit/L-238-1.jpg
Source: site Internet des éditions du Boréal, consulté le 15 janvier 2011.
Marcel Trudel. Mémoires d'un autre siècle. Montréal, Éditions du Boréal, 1987. 312 pages.
Bien que son travail d'historien doive rester à l'avant-plan, l'autobiographie de Trudel est toutefois fort intéressante. Son parcours de vie, les débuts de la discipline historique à l'Université Laval à travers son poste de « premier professeur d'histoire », son engagement laïc, son départ forcé vers l'Université d'Ottawa, les débats suscités par ses oeuvres, beaucoup de choses y passent. Certainement l'ouvrage idéal pour saisir sa carrière.

http://archives.vigile.net/07-1/24-trudel.jpghttp://www.editionshurtubise.com/images/ouvrages/r_1357.jpghttp://www.librairiepantoute.com/img/couvertures_300/2894289421.jpghttp://www.librairiepantoute.com/img/couvertures/1775.jpghttp://www.editionshurtubise.com/images/ouvrages/r_1951.jpg
Source: Toutes les images sont disponibles en ligne et tirés du site de l'éditeur Hurtubise, consulté le 15 janvier 2011.
Marcel Trudel. Mythes et réalités dans l'histoire du Québec (5 tomes parus, 2001, 2004, 2006, 2009, 2010). Montréal, Éditions Hurtubise HMH. Collection: Cahiers du Québec: Histoire.
Le grand projet de fin de vie de Trudel. Il semble que l'auteur ait essayé d'écrire une histoire « définitive » et de corriger certaines prises de position tranchées ou convenues sur l'histoire de la Nouvelle-France en particulier. Est-ce que son écriture devenait alors celle de l'historien moralisateur, conforté par une carrière remplie et nouvellement conscient de détenir une compréhension unique de phénomènes larges? Pas vraiment. C'est une écriture dynamique et plaisante que Trudel nous offrait ici sur différentes conceptions de notre passé et le plus grand défaut de cette série est certainement qu'elle demeurera inachevée. Peut-être pas aussi « anecdotique » ou accessible pour le grand public que l'Histoire populaire de Lacoursière, mais combien intéressante.

J'ai volontairement exclu de la liste la grande Histoire de la Nouvelle-France que Trudel avait partiellement rédigée avec l'historien Guy Frégault pour le caractère incomplet de celle-ci. Quoique fort intéressante dans sa forme partielle, cette Histoire était probablement un des rêves les plus ambitieux de la vie de Trudel. J'ai aussi exclus la thèse de doctorat de Trudel sur l'influence de Voltaire au Canada qui avait suscité de chauds débats lors de sa publication, mais qui est une lecture intéressante.

Je tiens finalement (et malgré tout) à souhaiter une très belle et bonne année 2011 à tous nos lecteurs. C'est un vrai plaisir que de partager l'histoire de la ville de Québec et la profession d'historien avec vous.

samedi 16 octobre 2010

ESSAI: L'historien et la cité (1) : le rôle d'interprète du patrimoine

Le congrès annuel de la Société des musées québécois se tenait du 12 au 15 octobre dernier à Québec. Sous la thématique Patrimoine immatériel et musée: enjeux et défis, le congrès a été l'occasion d'entendre plusieurs intervenants du milieu muséal, un milieu professionnel où il se pratique beaucoup d'histoire scientifique, venir présenter différents problèmes face au patrimoine immatériel. N'ayant pas pu assister aux séances, la tenue de ce congrès est néanmoins une belle opportunité pour discourir encore un peu sur le rôle de l'historien hors des milieux académiques. Et bien que, de source sûre, les intervenants du congrès n'aient pas vraiment aborder le rôle d'interprète, nous allons chercher à en parler un peu plus en détail. Un long billet qui n'est que le début d'une plus longue réflexion encore...

Source: Un guide des Services historiques Six-Associés interprétant Charles Dickens lors de la visite de Noël en 2004-2005, dans le Vieux-Québec, près du parc Cavalier-du-Moulin. (photographe, Annie Boulanger). Archives des Six-Associés.
Les choix qui se présentent à l'historien après des études universitaires sont nombreux.  Mais, force est d'admettre que l'historien qui désire faire de l'histoire dans le sens où il serait appeler à étudier et comprendre le passé, le tout hors des milieux universitaires, ne sont pas nombreux. Une des meilleures options est certainement la recherche pour des firmes spécialisées. Ces firmes existent et sont bien nombreuses. Ce billet ne traite pas de cette option. Ce billet traite d'une autre option qui peut être intéressante: l'interprétation de l'histoire ou plus justement l'interprétation du patrimoine. Nous voulons ici faire la distinction entre histoire et patrimoine. En effet, l'histoire, c'est-à-dire une étude du passé à travers une méthode scientifique en étudiant, comparant et mettant en relation des sources variées est une chose. Nous sommes conscients que c'est un objectif noble. Mais nous ne croyons pas possible de faire de l'interprétation de l'histoire.
 http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e4/Freeman_Tilden.jpg
Source: « Freeman Tilden », US National Park Service, consultation en ligne, 16 octobre 2010.
L'interprétation est théorisée pour la première fois par l'Américain Freeman Tilden (ci-haut). Tilden est un journaliste qui publie pour la première fois en 1957 une étude qui présente différentes règles relatives à l'interprétation dans son livre Interpreting our Heritage (University of North Carolina Press, 1957) à la suite d'une demande par le service national des parcs des États-Unis. Pour les besoins de cet exposé, nous avons choisi de conserver la définition du Conseil International des Monuments et Sites qui définit l'interprétation comme suit: 
« l'interprétation renvoie à l’ensemble des activités potentielles destinées à augmenter la conscience publique et à renforcer sa compréhension du site culturel patrimonial. Ceci peut inclure des publications, des conférences, des installations sur site, des programmes éducatifs, des activités communautaires ainsi que la recherche, la formation et l’évaluation permanente du processus même d’interprétation. » (tiré de Charte ICOMOS pour l'interprétation et la présentation des sites culturels et patrimoniaux, 2008, consultation en ligne)
Donc, il s'agit « d'augmenter la conscience publique » en faisant un exercice de communication qui peut devenir très complexe. On sort donc nécessairement de la sphère universitaire et des recherches qui ont besoin, pour être valables, qu'un ensemble de sources et d'arguments soient présentés et organisés en suivant une méthode scientifique. Pas que l'interprétation ne réponde pas à ses propres principes et méthodes rigoureuses; ce ne sont simplement pas les mêmes que les méthodes de l'historien académique.

 
Source:  François Poisson des Barbares Obliques de Trois-Rivières qui présente le Tour de peur de Trois-Rivières, (photographe, François Pilon), consultation en ligne, 16 octobre 2010.

Ainsi, le patrimoine côtoie cet univers, mais est motivé par d'autres objectifs. objectifs qui se rapprochent de ceux de l'interprétation. De fait, nous acceptons la définition du Groupe-conseil sur la politique de patrimoine du Québec qui définit comme patrimoine « [...] tout objet ou ensemble, matériel ou immatériel, reconnu et approprié collectivement pour sa valeur de témoignage et de mémoire historique et méritant d'être protégé, conservé et mis en valeur» (consultation en ligne, p. 33)

Crédit : Musée Stewart









Source: La photo présente un guide du Musée Stewart de Montréal qui présentait « Le sentier des noctambules »,  une visite animée en raquettes, consultation en ligne, 16 octobre 2010.

On fait donc référence à un objet qui est « reconnu », donc qui a déjà été étudié sur les bancs universitaires; on fait référence à la valeur de « témoignage et de mémoire historique » qui implique une appropriation émotive par le public; et on fait référence à ce qui mérite d'être « protégé, conservé et mis en valeur » donc un choix qui est soit public, soit politique, soit organisationnel parce qu'une personne a décidé que ce passé devait être transmis aux générations futures. Bref, l'action de transmettre (comme l'action de produire de la recherche en histoire académique d'ailleurs) n'est jamais fortuit.

François Vidal à la Place Royale à la fin d'une visite à pied du Vieux-Québec
Source: Le guide François Vidal des tours Voir Québec à la Place Royale à la fin d'une visite guidée du Vieux-Québec, consultation en ligne, 16 octobre 2010.

Ainsi, l'historien formé à l'université ne sera peut-être pas appelé à y faire carrière. Il doit donc se trouver sa niche. N'est pas donné à tout le monde de commencer à publier ou à chercher de façon satisfaisante. Et il ne faut pas se le cacher, la connaissance du passé prend souvent la forme d'une passion chez ceux et celles qui désirent poursuivre en histoire. Et l'interprétation du patrimoine est certainement une des bonnes options. L'historien universitaire est bien outillé pour faire face aux défis de la profession de guide. Une solide méthode scientifique pour lire et comprendre des sources et du matériel historique, un esprit de synthèse aiguisé. Ne lui reste plus qu'à acquérir de l'expérience pour s'adresser au grand public, rien qu'une bonne formation en animation ne peut apprendre (entendu qu'il faut aussi avoir l'intérêt de parler de ces connaissances au public). Mais ce domaine est ingrat.

Rares sont les employeurs et les organismes qui reconnaissent à sa juste valeur ce travail. Premièrement, on fait face à un important problème étymologique: guide, guide-animateur, interprète, guide-interprète, guide-accompagnateur, guide d'établissement et animateur ne sont que quelques concepts qui vont renvoyer, tantôt à la même réalité, tantôt à des réalités très différentes. Et ce, sans parler d'acteurs qui font du théâtre de rue historique, de chauffeurs de taxis ou de calèches qui offrent des visites, de guides d'établissement, des autres historiens et spécialistes du passé qui deviennent guides le temps d'une promenade ou d'une conférence, des généalogistes et j'en passe!

Nous croyons que le guide, peu importe sa forme (qu'il soit costumé en personnage historique ou non, qu'il interprète un personnage spécifique ou inventé ou encore qu'il se présente simplement en tant que guide) est une courroie importante de transmission de notre passé ou plus réalistement de notre patrimoine (bref des éléments de notre passé que nous souhaitons transmettre aux générations futures). Qui de mieux qu'une personne bien formée et compétente pour répondre aux questions des visiteurs? Qui de mieux qu'une personne présente pour écouter les réactions des visiteurs aux contenus d'expositions ou de visites pour ajuster les contenus pour mieux répondre aux demandes des visiteurs? Qui de mieux placer pour parler de patrimoine immatériel, de choses qu'on ne peut voir ou encore mieux, pour aider à comprendre les témoignages qui présentent ces réalités immatérielles? Qui de mieux pour aider à créer une expérience « plurisensorielle » qui sera inoubliable? On vise encore présentement le multimédia, l'exposition interactive, l'expérience de sentiments en manipulant des objets ou oeuvres originales. Mais le guide qui arriverait avec des connaissances et de bonnes techniques pourrait encore mieux répondre aux attentes spécifiques des visiteurs.

Que plusieurs sites patrimoniaux et musées laissent tomber leurs propres guides par des salaires de misère, des conditions de travail désuètes ou en considérant que ce travail devrait revenir aux seuls bénévoles ou aux étudiants au salaire minimum pour l'été est une absurdité. Et c'est trop souvent la réalité. ATTENTION: nous croyons que sans les bénévoles, les institutions patrimoniales (et par extension les institutions culturelles au sens large) sombreraient dans des abysses insondables et ne pourraient survivre (l'image est un peu forte, mais néanmoins vraie). Mais il est surtout vrai que les guides sont une des ressources les moins bien exploitées par un bon nombre d'institutions.

Nous croyons que l'historien formé à l'université devrait largement, selon ses envies et compétences, intégré le marché du travail dans les postes de guide. La méthode historique est une méthode scientifique rigoureuse pour approcher des réalités du passé et savoir en tirer ce qui est le plus significatif. Ainsi préparés, ces guides pourraient devenir de bonnes courroies de transmission au public, mais aussi aux autres guides de leurs organisations respectives. Cela permettrait aussi d'assurer que des historiens continuent de travailler en histoire, non plus comme « créateurs » de nouveaux savoirs, mais comme vulgarisateur ou de façon plus appropriée, comme « valorisateurs » de notre patrimoine. C'est une façon différente de considérer le travail de l'historien professionnel, mais une réelle alternative au monde universitaire où, au demeurant, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. Pour ce faire, nous croyons qu'il est important de militer pour des meilleures conditions de travail pour les guides au sens large.

Voici nos principales suggestions pour les employeurs (et pour les employés!):
* Une rémunération respectueuse basée sur la formation académique - un guide détenteur d'un bacc. ou d'un maîtrise et qui est sélectionné pour ces compétences particulières ne devrait jamais accepté un salaire équivalent à celui d'un employé occupant un poste sans formation (nous sommes conscients que la réalité de l'économie, de l'offre et de la demande, est toute autre. Mais il est crucial de milité activement pour ceci dans vos milieux de travail - les organisations muséales vont peut-être arrêté de se demander pourquoi le poste de coordonnateur à 13$ de l'heure est vacant tous les six mois...) ;

* Des responsabilités de recherche et de développement qui sont intimement liées à ces formations  académiques pour augmenter le sentiment d'appartenance et la rétention du personnel (par exemple, le guide formé en histoire est en mesure de faire des recherches et le guide formé comme un technicien de l'animation peut être le plus à même de trouver les bonnes façons de transmettre cette information)

* Le respect des compétences à l'interne: si un guide est formé en histoire, il peut faire bénéficier de ses propres recherches et lectures au reste de l'organisation, incluant les individus qui font des recherches historiques comme travail de base.

* Miser sur la formation: des cours de contenu et des cours de contenant. Demeurer au fait de la mise à jour des compétences. Rendre accessible des articles scientifiques pertinents. Créer des groupes informels de transmission des connaissances. Bref, professionnaliser ce domaine de travail.

Il est certain que toutes les organisations n'ont pas les mêmes moyens. Je parle ici d'idéaux qui devraient être des objectifs prioritaires. Avec les offres culturelles et patrimoniales de plus en plus variées, il faudra plus que des objets ou des stations multimédias ou interactives pour attirer et garder vos visiteurs. Il faudra des guides formés, compétents, dynamiques et qui peuvent justement permettre un niveau d'interaction beaucoup plus dense avec vos sources et vos objets d'exposition ou de visites que les seuls objets ou témoignages. Depuis toujours, les guides ont été écartés au profit des contenus. Il est temps de se poser des questions... Nous sommes conscients que pour plusieurs organisations, la réflexion est encore loin de la situation idéale. Mais nous proposons ici d'amorcer ce qui deviendra, nous l'espérons, un changement profond de la reconnaissance de notre passé en accordant la chance aux vrais professionnels de celui-ci de pouvoir continuer à transmettre les connaissances les plus près possibles du milieu scientifique de la meilleure façon possible.

Note: Il est à noter que pour les besoins de ce billet, nous avons volontairement laissé de côté la notion de médiation ou de médiateur qui est récemment appliquée à la culture. En effet, le médiateur est l'individu qui essaie de rapprocher le visiteur défini d'une réalité culturelle (dans notre cas patrimoniale) en utilisant un ensemble encore plus direct de techniques que le seul interprète. Bien que ce débat entre interprétation et médiation soit important, pour simplifier une lecture déjà assez technique, nous avons voulu éviter les définitions supplémentaires et ainsi aborder l'interprétation au sens très large.

mardi 31 août 2010

ESSAI: Trucs utiles pour jeunes historiens (1) : les médias

Un premier vrai message dans la section ESSAI de Histoire et Société. 

Cette semaine au Québec, c'est le début des cours dans plusieurs universités. Bien des étudiants y arrivent pour la première fois, plusieurs continuent leurs programmes, d'autres débutent des études aux cycles supérieurs et tous devraient y apprendre des tonnes d'informations utiles, que ce soit dans leur propre champ d'étude, pour leur carrière ou même pour leur culture générale. Dans les programmes d'histoire, c'est la même chose. Cependant, peu de cours préparent la jeune historienne ou le jeune historien à la «vraie» profession d'historien, hors des salles de classe. Cette semaine, j'ai cru bon  préparer une petite liste, pour que l'historien qui cherche à vulgariser son information dans les médias puissent éviter certains pièges et sache bien dans quoi il s'embarque. Cette liste s'inspire de mes propres expériences.

1- Connaître nos limites
Vous recevez un appel. Des entrevues sur l'histoire du Pont Jacques-Cartier; sur l'histoire du Vieux-Hull; sur l'histoire de la Belgo de Shawinigan. Pouvez-vous vraiment répondre à la demande? N'hésitez pas à refuser des entrevues qui semblent un peu tirées par les cheveux par rapport à vos compétences et à vos recherches. Si vous ne le sentez pas, c'est probablement que cela n'en vaut pas la chandelle.

2- Connaître le média et la demande
À la télévision, les images parlent. Êtes-vous certain que le sujet peut être illustré? À la radio, ce sont les mots. Il faut entendre et comprendre: débit, force, vocabulaire. Les entrevues sont souvent plus longues. Attention: vous ne gagnez rien à lire vos réponses, même si vous devez vous donner le droit d'avoir des notes, des pistes de réponses avec vous. Rappelez-vous: ce n'est pas une conférence scientifique, mais une présentation aux médias et surtout à leurs auditeurs ou lecteurs. Si le public écoute, il est intéressé et vous devez donc alimenter cet intérêt. Le rythme est très rapide, l'intérêt doit être constant et gardé comme tel. Attention: cela ne dénature pas votre propos, c'est seulement la réalité des médias. À l'écrit, il faut être clair et précis; le bon mot au bon endroit. Et une question cruciale: est-ce que l'entrevue sera en direct ou pré-enregistrée. Le direct est sans filet, mais tout y passe. L'enregistrement est plus sécuritaire (on peut reprendre des phrases mal formulées par exemple), mais vous ne contrôlez pas le contenu final et parfois, cela peut créer certaines surprises sur le produit final (citations isolées, propos cruciaux coupés, etc.). Si possible, restez à la disposition du média pour confirmer le ton des propos accordés.

3- S'entendre sur les questions
On espère donner de la profondeur historique à un sujet d'actualité? Vous avez été approché? Vous acceptez l'entrevue? Autant que possible, ne vous jetez pas dans la gueule du lion sans préparation. Certes, vous connaissez le sujet, mais connaissez-vous l'interviewer? La chose la plus importante est certainement de s'entendre à l'avance sur le sujet précis et les questions de l'entrevue. Dans un monde parfait, parlez en détail au recherchiste (s'il y en a un) et idéalement à l'interviewer pour fixer vos balises; cela évite de sortir du sujet et vous permet de rester dans une zone ou vous êtes en plein contrôle de vos moyens et de votre sujet. Cela améliorera la qualité de l'entrevue. Faites comprendre que ça ne sert à rien de faire 23 détours hors du sujet: vous pouvez tomber dans le piège des réponses faciles ou même des erreurs historiques et historiographiques qui ne colleraient pas avec le sujet ou avec le ton des réponses que vous souhaitez donner. Un bon interviewer crée une chimie en quelques secondes; un bon interviewé répond aux questions de façon claire et soutenue.

4- Développer sa couleur!
On veut parler de l'histoire du Vieux-Québec? On peut aller voir Jean Provencher, Denis Vaugeois, Jacques Lacoursière, Réjean Lemoine, Jean-Marie Lebel... et les autres... Alors pourquoi vous? Parce que vous êtes blond, punk, arabe? Il vous faut une couleur spécifique. Des historiens académiques, il en sort des centaines des bancs universitaires du Québec chaque année. Parler aux médias «grand public» ne demande pas le même ton que de parler à vos pairs étudiants, chercheurs ou aux professeurs des facultés. Faire de la vulgarisation n'est pas la même chose. Votre recherche et votre préparation doivent être rigoureuses (après tout, c'est probablement pour cela qu'on vous approche!). Votre rendu doit être vivant, épicé, rythmé. Vous connaissez votre sujet par coeur? À vous de le faire vivre de façon unique. Il faut être différent et rigoureux (développez un ton de voix dynamique, trouvez la bonne petite anecdote, etc.)

5- Un cachet? Pourquoi pas!!
On demande votre avis professionnel? Faites-vous de la promotion pour votre employeur, pour la sortie d'un livre, pour un centre de recherche? Tant mieux pour vous et votre projet et bonne promotion! Une radio communautaire ou étudiante veut une expertise? Laissez parler votre coeur et participez si vous le désirez. D'un autre côté, un média privé vous commande une chronique spéciale ou régulière sur un sujet d'intérêt? Très bien, vous êtes un spécialiste. Mais vous travaillez et cela se rémunère. Des échanges de visibilité au minimum et un cachet en argent au mieux. Votre travail doit être reconnu. C'est un des principaux défis des historiens professionnels aujourd'hui. Vous avez eu une bonne formation universitaire, de l'expérience et votre expertise se paye. Cela peut être gênant et intimidant, mais il faut au moins le demander.

Ce message est évidemment ouvert à la discussion. Donnez vos exemples, posez vos questions et surtout commentez. Je ne crois pas faire ici le tour de la question, mais j'espère au moins avoir donner des idées et des pistes de réflexion pour éviter les pièges. Ce message sera peut-être mise en ligne dans quelques jours sur Histoire Engagée.ca où vous pourrez également le commenter. Bonne lecture!

mardi 2 février 2010

ESSAI: L'historien, l'histoire, la mémoire et le public: comment réfléchir aux professionnels de l'histoire et à leurs actions (présentation)

Histoire et Société est un blogue historique, mais aussi historien. Nous souhaitons donc stimuler la réflexion sur le rôle d'historien et aussi de vulgarisateur de l'histoire, ce rôle qui peut sembler réducteur aux yeux mêmes de certains membres de la communauté historienne (étudiants, chercheurs, professeurs, etc.). Réducteur de l'Histoire, réducteur du rôle de chercheur qui tente de mettre en lumières tous les aspects d'un problème en tentant de répondre au meilleur de ses connaissances à des hypothèses formulées à la lumière de problèmes soulevés par une démarche scientifique. Réducteur parce qu'il doit utiliser des méthodes discursives plus limitées (l'anecdote par exemple) pour réussir à conserver l'intérêt de son public au détriment de la "vérité" historique qui tend à présenter un sujet en profondeur. Et pourtant, ce rôle de vulgarisateur, que plusieurs auront à remplir au cours de leur carrière d'historien "professionnel", est aujourd'hui encore lié de près à l'intérêt pour l'Histoire. 

Loin de nous l'idée de présenter un argumentaire sans failles. Nous souhaitons plutôt vous livrer le fruit de nos expériences et réflexions. Soutenu par quelques suggestions de lecture intrigantes et stimulantes. Nous l'espérons.

Ces carnets seront produits de façon irrégulières et ne viendront pas changer le cours normal des mises à jour "historiques", tous les mardis. Elles serviront un objectif pédagogique que Histoire et Société s'est fixé dès le départ. Surtout pour ses auteurs, mais également, nous l'espérons, pour ses lecteurs. Les messages de cette série seront toujours précédés de l'annonce "ESSAI".

Les premières mises à jour viendront dans les prochains jours. Les essais seront les premiers textes signés de Histoire et Société, n'impliquant pas l'ensemble du blogue, mais bien les seuls auteurs des textes.

Bonne lecture