samedi 26 février 2011

Les effondrements du pont de Québec (1907 et 1916) selon quelques journaux contemporains

L'an dernier, Radio-Canada nous apprenait que l'eau sous le pont de Québec serait polluée, probablement parce que la peinture du pont (qui contient du plomb) s'effrite avec les intempéries vers le fleuve et le terrain sous le pont. La semaine dernière, c'est un trou béant qui s'est formé sur l'accès sud du pont, retardant largement le passage de la rive-sud vers la rive-nord lundi dernier, le 21 février 2011. Malgré tout, ce symbole de l'ingénierie tient depuis près de 100 ans maintenant au-dessus du fleuve Saint-Laurent. Il est donc intéressant de se rappeler brièvement certains événements entourant ce pont.

Le pont de Québec est un pont de type cantilever et sa travée centrale de 549 mètres est la plus longue du monde. Le projet est intégré au projet de chemin de fer transcontinental du gouvernement du Canada au tournant du XXe siècle. Plusieurs sites et sources, notamment cet intéressant article de l'encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française, décrive le pont et histoire. Voici quelques sources de l'époque à propos des deux effondrements.
 





Source : « Quebec Bridge Disaster - looking south », The Montreal Weekly Witness, p. 2,  consultation en ligne, 26 février 2011.

Le 29 août 1907, le pont s'effondre une première fois (ci-haut). Les rapports de cette tragédie sont  nombreux: parfois détachés, parfois très émouvants (et spécialement détaillé par rapport aux reportages que les médias du XXIe siècle présentent parfois) comme en fait foi cette transcription d'un article de la Une de l'hebdomadaire montréalais Le Bulletin (dimanche, 1er septembre 1907, p. 1):

[...] Les derniers renseignements relatifs à l'écroulement du pont de Québec, bien que peu précis quant à la cause, le sont davantage quand aux résultats de cette lamentable catastrophe.
Le nombre des victimes dépasse soixante, et ce chiffre sera sûrement augmenté encore, car plusieurs des malheureux ouvriers qui ont été retirés vivants des sinistres décombres, ne survivront pas à leurs horribles blessures.
Un deuil immense plane aujourd'hui sur la ville de Québec, la province et sur le Canada tout entier.
À la stupeur du premier moment a succédé un sentiment immense de profonde et douloureuse sympathie à l'adresse des familles des nombreuses victimes. On a lu avec effroi le récit des tristes détails sur l'état dans lequel on a trouvé les malheureux qui ont trouvé la mort dans cet écrasement de fer. Leurs blessures étaient horribles, leurs plaies terrifiantes; leurs membres arrachés gisaient, accrochés aux pièces de fer tordues, et des corps déchiquetés, défigurés, flottaient au fil de l'eau.
De la rive, des hommes, des femmes et des enfants, dont on devine l'émotion, entendaient les appels et les gémissements des blessés. Hélas, quelle plume pourra jamais décrire l'horreur d'un pareil tableau!
Pour notre part, nous y renonçons... [...]
Tout de même intéressant de renoncer à décrire pareil tableau après les quelques lignes très descriptives... De son côté, le Montreal Weekly Witness, un autre hebdomadaire de la métropole, dresse un portrait complet dans son édition du 3 septembre. Non seulement y va-t-on d'une description détaillée des faits, d'une liste des décès, mais on y ajoute quelques histoires qui prévoyaient le drame, allant de l'avertissement de l'ingénieur Theodore Cooper à une histoire de rêve prémonitoire (Montreal Weekly Witness, p. 2, 3 septembre 1907):

Remarkable vision
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Ironworker of New Haven dreamed that Quebec Bridge had fallen
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New Haven, Conn., Aug. 30.- Edward Sutton, an ironworker, of this city, who worked on the bridge at Quebec for a time last spring, said to-day that about a month ago he dreamed that this very bridge had fallen. He says that the dream so impressed him that he wrote to a bridge worker named Richard Little, of this city, and told him of the impressions he had received, and in consequence, Mr. Sutton says, Little and his side partner threw up their work nad (sic) went elsewhere.

Fichier:Collapse of the centre span of the Quebec Bridge.jpg 
Source: A. A. Chersterfield, Quelques moments avant l'effondrement de la travée centrale du pont de Québec en 1916, Bibliothèque et Archives Canada (copie sur wikipedia.org), consultation en ligne, 22 mars 2010.

Le deuxième accident se déroule le 11 septembre 1916. C'est au moment de monter la travée centrale et de la raccrocher aux deux extrémités (ci-haut) que l'accident se produit. Comme celui-ci se déroule lors d'un moment crucial, laissons le soin à l'hebdomadaire Montreal Weekly Witness de nous décrire la scène (12 septembre 1916, p. 2):

[...] After the span had been hooked on the trusses, which were connected with the arms, and, which were to lift the span to its place, there was a wait until 9.20 o'clock, when the scows were released and floated away with the tide, to be caught by tugs. This, the engineers said, was the crucial moment, as the weight was first placed on the arms: then a great cheer broke out when it was seen that the scows were clear and the span hanging on the arms.
It had been moved up about three feet by the jacks when the excursion and Government boats began to leave, but barley had they disappeared on their way to Quebec when the span broke away first at one end of the jacks and a great cry of horror rose from the spectators. Then the other end snapped off quickly and the whole 5,100 tons disappeared in the river.
On tente d'expliquer assez rapidement le drame (autre photo, ci-bas) comme en fait foi cette brève de l'hebdomadaire de Québec, La Vérité (p. 3, 16 septembre 1916):

La Cause de l'accident
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À la suite d'une conférence entre les officiers et les ingénieurs sur la chute du tablier central du pont de Québec, M.G.H. Duggan, ingénieur en chef de la S.Lawrence Bridge Limited, après avoir entendu les récits de plusieurs témoins oculaires, a autorisé la déclaration suivante:
Un sérieux examen du bureau des ingénieurs indique que le tablier central du pont de Québec a été perdu par une défectuosité dans les solives qui le montaient et sur lesquelles la structure reposait depuis six semaines. Les bras cantilever ne sont aucunement affectés et l'on se prépare à remplacer la pièce tombée aussitôt que praticable. 
On a maintenant établi définitivement que le tablier céda d'abord du côté sud et il est pratiquement certain, suivant les histoires les plus dignes de foi, que le tablier n'a pas plié, mais qu'il est tombé presque intact.
Les pestes (sic) de vies sont de douze.


Source: A.A. Chesterfield, Effondrement du tablier central du pont de Québec, Musée McCord (copie sur le site de l'Université de Sherbrooke), consultation en ligne, 22 mars 2010.

Inauguré le 20 septembre 1917 et encore debout aujourd'hui, le pont de Québec est l'une des signatures distinctives du paysage construit de la région de Québec. Le pont de Québec est considéré comme un site historique national du Canada depuis janvier 1996. Mais un projet de restauration complète se fait toujours attendre. La rumeur a longtemps voulu que les anneaux de fer des ingénieurs aient été fabriqués à partir de métal provenant de la travée centrale effondrée du pont de Québec. Cette rumeur n'est en fait qu'une légende urbaine, parfois encore colportée de nos jours.

lundi 21 février 2011

ESSAI: Howard Zinn (1922-2010) - réflexion maladroite sur l'historien et la sphère publique




NOTE: Voici la mise à jour de cette semaine, une réflexion sur la vulgarisation en histoire. Comprenez bien que ce texte a été rédigé il y a plus d'un an maintenant. Il fait partie d'une réflexion personnelle sur le rôle de l'historien dans la cité. Incomplète, cette réflexion est en cours d'organisation et de développement. D'autres textes suivront probablement...

http://top-people.starmedia.com/tmp/swotti/cacheAG93YXJKIHPPBM4=UGVVCGXLLVBLB3BSZQ==/imgHoward%20Zinn3.jpg


Le 27 janvier 2010 décédait un des historiens états-uniens les plus influents de la deuxième moitié du XXe siècle, Howard Zinn. Né le 24 août 1922, Zinn a servi comme pilote de bombardiers durant la Deuxième Guerre mondiale avant de revenir aux États-Unis et d'obtenir son Ph.D. de l'Université Columbia et de finalement devenir professeur de sciences politiques à Boston University (poste qu'il occupera entre 1964 et 1988). Son principal ouvrage est A People's History of the United States, paru pour la première fois en 1980.

Aujourd'hui, plusieurs éditions plus tard, ce livre s'est vendu à près de deux millions d'exemplaires aux États-Unis seulement(1). Le livre qui s'attarde principalement à l'histoire du peuple à travers ses luttes et ses épreuves, celles du quotidien comme celles d'exceptions, a jeté une onde de choc dans la communauté historienne (qui n'a pas très bien reçu le livre) et dans la population en général. L'intérêt de ce livre, surtout à l'époque à laquelle il a été écrit (la fin des années 1970, l'aube des années Reagan), est sa "nouvelle" approche de l'histoire des États-Unis: à partir des démunis et des sans-voix, il a tâché de faire une histoire du pays.

Bien entendu, son livre a des faiblesses d'un point de vue historien: les sources sont parfois tendancieuses, les conclusions sont prévisibles, le livre est très partisan, la méthode soutenue par une référence constante aux sources est parfois déficiente. L'auteur ne s'en est jamais caché pourtant. Il était conscient de faire une oeuvre militante et croyait cette démarche nécessaire simplement pour contrer l'historiographie glorifiante qui se trouvait mur à mur dans les écoles et les universités. Pour ce faire, il a donc écrit un livre à la prose efficace et directe, rempli d'exemples qui illustrent bien son point et amène le lecteur à se poser de vraies questions. Pour moi, c'est un livre, nonobstant ses positions, qui suscite assurément des discussions et des débats et peut faire connaître de réels aspects méconnus de l'histoire des États-Unis. Son style direct en est un support fantastique et ses exemples finissent par passionné le lecteur qui n'aurait eu, au départ que peu d'intérêt pour le sujet. C'est une réussite assez impressionnante.

L'histoire de Zinn nous mène donc sur un autre chemin: est-il possible ou même désirable d'accorder le rôle d'historien à celui de "pédagogue populaire", est-il possible pour un historien de faire un travail de vulgarisation sans s'attirer les foudres de plusieurs de ces collègues académiques?

Comment bien comprendre la dichotomie historien/vulgarisateur? Oeuvrant depuis près de 10 ans en médiation/interprétation/vulgarisation, je communique sur une base régulière de l'histoire, d'une façon à captiver autant que possible un auditoire pour lui faire comprendre certaines réalités du passé. Et depuis quelques années, je me pose ces questions.

Je crois que ce sont des rôles qui sont partiellement incompatibles, et qui sont malheureusement incompris. En bref, les historiens académiques (lire « savants ») et ceux qui s'affairent à communiquer l'histoire à un plus grand public (les « vulgarisateurs »), poursuivent des rôles diamétralement opposés. Les premiers cherchent à expliquer, tout en nuances, les problèmes profonds que soulèvent tel ou tel autre événements ou situation qui s'étend sur une courte ou une longue période dans le temps. Il s'adresse aussi, généralement, à un public qui a des références communes avec lui et qui peut comprendre un texte à travers un ensemble de "codes" typiques à la profession.

À son opposé, le "vulgarisateur" doit s'adresser à un public général. Pour être compris, il doit assumer que son auditoire ne possède pas les codes pour bien déchiffrer son message, ne possède pas les références pour le situer dans le temps ou même pour faire certaines nuances qui seraient autrement implicites à son sujet.

En quelque sorte, on pourrait aller jusqu'à argumenter que le « vulgarisateur » ne fait pas de l'histoire. Rompant avec la recherche d'une grande Vérité, il se contente de présenter une vérité; l'action de communiquer pour un public non-initié demande de faire des choix parfois déchirants et on peut certainement affirmer que l'historien ne fait plus de l'histoire, mais du patrimoine. Une sorte de « patrimonialisation » du passé. Pour simplifier, le patrimoine est une compréhension de notre mémoire collective, souvent associé à un événements ou des objets d'un passé plus ou moins lointain et qui est présenté de façon à être utile aux générations futures. Dans l'acte de « vulgariser », l'historien cherche à se rendre utile aux individus à qui il s'adresse, il cherche à créer un sens.

En histoire, à la base du travail de « vulgarisateur » se trouve celui d'historien. L'historien retourne dans les sources. Il les consulte, les analyse, les décortique et réussit finalement à déduire ou construire un sens, un discours, une explication à une problématique spécifique traitant d'une situation de notre passé. Il utilise des codes scientifiques, une méthode de recherche et de dissertation. Et il transmet sa Vérité à ses pairs qui sont en mesure de décoder le message de façon acceptable. Mais ce savoir, s'il reste à ce niveau, peut finir par se perdre. L'historien doit porter le chapeau du vulgarisateur. La cité demande son dû en quelque sorte. Il s'agit donc de rendre à la société le fruit de ses recherches. Mais il faut décoder automatiquement les clés comprises dans notre message original pour être compris du plus grand nombre. Cela demande donc une approche différente, un vocabulaire différent et un habillage particulier. L'historien qui décide de porter le chapeau de vulgarisateur fait un travail différent (mais tout à fait nécessaire et complémentaire) à son travail de recherche scientifique. Cela fait appel à différentes techniques. Et qui de mieux que l'historien pour présenter ses résultats. Il est le plus à même de faire les choix nécessaires et éclairés pour présenter de façon précise ses recherches. C'est cependant un monde tout à fait différents de codes à s'approprier... 


Vous trouverez un peu plus bas un lien vers le site de l'éditeur Harper Collins qui vous permet de faire des recherches à même A People's History of the United States et de le consulter en ligne. Des éditions sont autrement disponibles en ligne pour consultation et le livre se trouve encore très bien en librairie, autant en anglais (Harper Collins, 2003) qu'en édition française (Agone, 2003).





Sources
1 - Howard Powell, "Howard Zinn, Historian, Dies at 87", New York Times, 27 janvier 2010, consulté en ligne.

dimanche 13 février 2011

Mise à jour de la Saint-Valentin: quatre annonces

Cette semaine, on s'amuse. C'est un peu le lot de l'historien que de devoir se remonter le moral quand les sources ne révèlent pas les secrets espérés ou attendus. Ou disons, c'est plutôt thérapeutique que de me rappeler, en rapportant quelques annonces savoureuses, que si un sujet n'est pas aussi évident à traiter qu'il ne le paraît, il reste toujours certaines étrangetées (sic) d'époque. Parmi celles-ci, j'ai trouvé une annonce de bière où l'annonceur a traduit ALE par AILE, facilitant, j'imagine la prononciation et n'aidant certainement pas les recherches des historiens d'aujourd'hui (quoiqu'une fois qu'on le sait...).

Ainsi, plutôt que mon sujet initial (que je ne révélerai pas, si un jour je trouve les bonnes sources, il sera en banque), je vous présente quatre annonces des journaux de la ville de Québec. D'une façon ou d'une autre, elles ont toutes un petit quelque chose de sympathique. Toutes les images sont tirées des énormes efforts de numérisation entamés par Bibliothèque et Archives nationales du Québec. En passant, je vous suggère fortement d'aller signer la l'appel pour la numérisation du patrimoine culturel québécois en cliquant sur le précédent lien. Toutes les transcriptions sont intégrales. Si jamais leur usage n'est pas conforme avec les politiques de droits d'auteurs, je m'attends à être contacté et je les enlèverai rapidement. Je rappelle dans le même souffle qu'aucune source de revenu direct n'est tirée de ce carnet ou de la reproduction de ces images.

Pour la première, ce genre d'annonces a longtemps été assez commun, mais il est toujours sympathique de voir les courbettes littéraires autour de la rédaction (parue dans Le Canadien, 20 février 1843, p. 4)
AVIS.
Le soussigné ayant été informé que des personnes ont, depuis quelques temps, vendu des articles comme provenant de sa boutique, d'une qualité inférieure à ceux qu'il confectionne, prie ses amis et le public de vouloir remarquer ceux qui leur offrirent, en son nom, aucun article dans sa branche. Il prend cette occasion de leur offrir ses remerciements pour l'encouragement libéral qu'il a reçu, et les engage à vouloir continuer à le favoriser. 
PIERRE ALLARD, Pâtissier.
St. Roch, 13 janvier 1843.
N.B. Il offre en vente une quantité de brique des Trois-Rivières, à bas prix.

Pour la seconde, à une époque où la peinture se vendait de façon légèrement différente. (Le Canadien, 20 septembre 1852, p. 1).
M. FRANQUINET, artiste peintre, membre de l'académie de Anvers, étant arrivé dans cette ville, a ouvert son atelier RUE ST. JEAN, chez M. PROVAN, confiseur. Les personnes qui lui feront l'honneur de le visiter trouveront différents ouvrages peints par lui, entre autres "l'Enfant St.-Jean-Baptiste" et le "Pasteur Fido", d'après deux célèbres tableaux de Marillo, qui sont dans la galerie nationale de Londres. Il se propose de donner des leçons au pastel ou crayons de couleurs, genre qui convient éminemment aux dames.
Il fait également des portraits au crayon de couleurs.
Québec, 16 août 1852.

Une petite annonce sympathique de marchand de chaussure (Le Franc-Parleur, 28 juillet 1870, p. 7).
 AVIS.
A Messieurs les Marchands.
Si vous vous apercevez que vos confrères vendent de belles et bonnes CHAUSSURES en détail, au même prix qu'elles vous coûtent en gros, n'en soyez pas surpris, mais faites ce qu'ils font. Adressez-vous pour vos achats au soussigné, Fabricant de chaussures en gros, Nos 317 et 319, Rue St-Paul, Montréal.
G. BOIVIN.

Pour terminer, une annonce parue dans le journal The Quebec Daily Mercury (14 février 1903. p.4). J'imagine que ce sont les mêmes « compagnies » qui aujourd'hui surveillent les accès aux comptes courriel de millions d'Internautes...

Insures love and a happy home
Health, strength and vigor for men
How any man may quickly cure himself after years of suffering from sexual weakness, loss of vitality, night loss, varicocele, etc., and enlarge small, weak organs to full size and vigor. Simply send your name and address to Dr. Knapp Medical Co., 1904 Hull Bldg., Detroit, Mich., and they will gladly send the free receipt with full directions so that any man may easily cure himself at home. This is certainly a most generous offer, and the following extracts taken from their daily mail, show what men think of their generosity.
"Dear Sirs:- Please accept my sincere thanks for yours of recent date. I have given your treatment a thorough test and the benefit has been extraordinary. It has completely braced me up. I am just as vigorous as when a boy and you cannot realize how happy I am."
"Dear Sirs:- Your method worked beautifully. Results were exactly what I needed. Strength and vigor have completely returned and enlargement is entirely satisfactory."
"Dear Sirs:- Yours was received and I had no trouble in making use of the receipt as directed, and can truthfully say it is a boon to weak man. I am greatly improved in size, strength and vigor. "
All correspondence is strictly confidential, mailed in plain, sealed envelope. The receipt is free for the asking and they want every man to have it.

samedi 12 février 2011

Petite mise à jour retardée

La mise à jour de cette semaine viendra demain, dimanche le 13 février (donc retardée d'une journée, voire de quelques heures). Cause? Les aléas de la vie.

Bonne fin de semaine de la St-Valentin!

samedi 5 février 2011

Le premier carnaval moderne, 1955

Le 26 janvier dernier, j'étais invité à la radio de Radio-Canada pour l'émission 275-Allo (vous trouverez une baladodiffusion de l'émission en cliquant ici) sur l'histoire de la ville de Québec. Apprenant en ondes qu'une place spéciale serait laissée au Carnaval, j'ai été un peu surpris et je n'étais certainement pas autant préparé que je l'aurais voulu. Mais le carnet est certainement une façon d'aller dépoussiéré mes connaissances à ce propos en allant revisiter quelques documents de cette époque. Voici donc un petit billet sur le premier carnaval « moderne » de Québec qui se tient en 1955.

Ces jours-ci, Québec vit au rythme de son Carnaval. Bien que les premières manifestations de ce festival d'hiver remontent à la toute fin du XIXe siècle (vous pouvez lire, à ce sujet, un article rédigé l'an dernier sur Histoire et Société ou encore l'édition du 13 février 1955 de l'Action catholique qui y est largement consacrée), le premier Carnaval « moderne » apparaît au milieu du XXe siècle, en 1955. Comment se déroule cette première édition?

Au départ, le Carnaval est une fête populaire, mais une fête qui a de forts ancrages dans différentes traditions d'antan. Mais ce n'est pas si simple à mettre sur les rails. On commence les discussions pour la tenue d'un grand festival dès le début des années 1950. Ne sachant pas quelle forme exacte, ni avec quel argent cette fête serait financée, on reporte le projet pour manque de fond en 1951-52; la mort du roi George VI, le 6 février 1952, suspend définitivement les pourparlers. Une initiative municipale met sur pied un petit festival d'hiver en 1953, ce qui ne fait que raviver le désir de certains décideurs pour la tenue d'un grand événement le plus tôt possible.

Source: Roger Bédard, L'Action catholique, 10 février 1955, p. 1. Cette photo représente Estelle 1re, première reine du Carnaval, pendant le tournage du documentaire de l'ONF que vous pouvez visionner plus bas. Le journal se trouve en consultation en ligne sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

 C'est à l'été 1954 que l'homme d'affaire Louis-Philippe Plamondon réunit un groupe d'intéressés incluant Louis Paré (de l'Office municipal de tourisme de Québec), Wilbrod Bherer (de la Gare centrale d'autobus), de même que des représentants du Canadien National, des principaux magasins de Québec (Paquet, Syndicat, Pollack entre autres), du quotidien Le Soleil, de la Chambre de commerce et de l'Association des détaillants. De ces réunions, on s'entendra sur la tenue d'un festival avec un représentant, Bonhomme Carnaval, des duchesses parmi lesquelles se trouvera une reine et diverses démonstrations festives de l'esprit de l'hiver à travers ses sports et loisirs.


Photographie | George F. Pitt posant pour la photographie composite du Montreal Snowshoe Club, Montréal, QC, 1872 | I-71116.1
Source: Cliquez sur l'image pour plus d'information, Musée McCord, consultation en ligne, 5 février 2011. Il est important de rappeler que la ceinture fléchée est une invention typiquement française en Amérique. C'est une technique française (et non amérindienne) qui permet de fabriquer ces ceintures qui servent autant à soutenir le dos qu'à bien fermer le capot d'hiver ou encore à transporter certains items. Pour les raquetteurs, elle est hautement symbolique (plus que pratique) et permet surtout d'afficher les couleurs de notre club!

Au coeur de la fête se trouve bonhomme. On lui choisit un habit qui n'est pas sans rappeler les habits des raquetteurs du XIXe siècle (ci-haut): bonnet (tuque) et ceinture fléchée sur un habit blanc. Ces groupes représentent tout à fait l'esprit du Carnaval: profiter de l'hiver, faire une activité et la faire en bonne compagnie. Au départ, Bonhomme est censé faire son apparition lors de la fête des Rois pour demander aux habitants de Québec de défaire leurs sapins de Noël et construire des bonshommes de neige à la place, en plus d'être le seul unique porte-parole de l'événement. Bonhomme pourra emprisonner, pendant le Carnaval, tous les habitants qui ne montrent pas assez d'enthousiasme ou qui ne portent pas l'effigie du bonhomme ou un costume approprié.


Source: Roger Bédard, L'Action catholique, 2 février 1955, p. 5. Le journal se trouve en consultation en ligne sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

La première édition se met en branle dès la mi-janvier avec la première apparition de bonhomme (le 9) qui est pour la première fois présenté en ville sur un char allégorique. Il se présente avec « sept reines », représentant divers organismes ou associations de Québec (les raquetteurs, les skieurs, les curleurs, les employés civils, les étudiants de l'Université Laval, le Junior Board of Trade, le Jeune commerce, soit une chambre d'affaires pour « jeunes »). Mais on ne fait qu'annoncer ce qui viendra alors que le maire en profite pour lui remettre les clés de la ville et lui faire signer le livre d'or. Mais le Carnaval débute officiellement le 1er février avec la soirée de couronnement de Estelle 1re, reine des curleurs, comme reine du Carnaval (ci-haut).

La première édition se déroule donc jusqu'au 22 février, soir du mardi-gras  Cette première édition verra une grande course de traîneau à chien, un course de canot à glace très relevée (le 20 février, où les équipes des îles près de Québec remportent tout) et se termine surtout par un long défilé et une grande fête jusqu'à minuit. Les journaux de la ville sont unanimes quand au succès. On aura de la difficulté d'attendre la deuxième édition.

Documents audio-visuels
Voici un lien vers le dossier des archives de Radio-Canada sur le Carnaval de Québec et bonhomme. Cliquez ici!

Voici le documentaire de Jean Palardy de 1956 intitulé « Le Carnaval de Québec », produit par l'Office national du film. On y voit beaucoup de sports d'hiver du milieu du siècle dernier, incluant des raquetteurs de différents clubs de Québec, en uniforme, course de chien, course de canot à glace et descente au flambeau. Le film dure un peu plus de 11 minutes et vaut vraiment la peine!